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Passage Partiel D'une Interview Du Depute Aït Hamouda

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  • Passage Partiel D'une Interview Du Depute Aït Hamouda

    Dans la rue, les Algériens viennent vous féliciter pour votre courage. Que leur répondez-vous ?
    Il n’y a aucun courage à avoir à parler dans son propre pays. Des citoyens à l’instar de Djaout sont morts pour avoir dit et écrit la vérité. J’avais du courage quand j’ai milité en 1980 et que la police nous pourchassait, ou en 1985 quand j’ai été traduit devant la Cour de sûreté de l’Etat, poursuivi de l’article 77 qui prévoyait la peine de mort. En ce temps-là, il est vrai qu’il fallait être courageux pour s’opposer au système du parti unique. Dire la vérité actuellement, c’est juste être honnête avec soi-même et avec ses électeurs. Je ne vois pas quel courage il faut avoir pour venir à l’Assemblée parler, passer en direct à la télé et la fin du mois être payé. Je ne pense pas être courageux, j’essaie juste d’être honnête.
    Une des questions sur laquelle, à raison, vous ne laissez rien passer, c’est celle des faux moudjahidine et la falsification de l’histoire de la guerre de Libération pour la récupération et la fabrication minute de héros. Cette question vous occupe-t-elle en tant que détournement d’un fondement symbolique ou en tant que manipulation politique ?

    Les deux. Cette question est un fondement symbolique qui est sacré pour moi. Mais nous savons tous que c’est sur cette question que le régime a fondé et voulu légitimer son existence. C’est depuis 1982 que j’essaie avec d’autres camarades de combattre la manipulation du pouvoir de ce dossier. Je voudrais faire au passage une petite remarque. Quand j’ai soulevé ce scandale à l’Assemblée, ce fut un déluge d’attaques. Quelques semaines plus tard, l’historien Mohamed Harbi intervient à Constantine pour dire la même chose, ce qui est très bien, personne n’a rien trouvé à redire. Qui peut m’expliquer cette différence de traitement ? Le pouvoir algérien, pour s’attaquer aux véritables fils de chahid, a créé de faux fils de chahid, qui, en plus, président ces associations. Pour s’attaquer aux véritables moudjahidine, il a créé de faux moudjahidine. Le pouvoir, pour s’attaquer aux véritables héros, a créé de faux héros. Boussouf et Boumediene, qui ont été les précurseurs de ce détournement, sont toujours protégés et excusés. Mais le peuple n’est pas dupe. Quand j’entends le chef de l’Etat annoncer qu’il y aura en Algérie une histoire officielle, j’ai froid dans le dos. Je vous parie un kilo de sardines à Bouharoun que dans les prochains livres on nous affirmera que les plus grandes batailles de la libération nationale se sont déroulées au Mali. Vous savez, quand on détourne l’histoire avec tant d’acharnement, cela veut dire que l’on est capable de tout. C’est pour cela que, sur ce sujet, il ne faut jamais faire la moindre concession.
    Quelle est, selon vous, l’image que les Algériens ont des députés ?
    L’image que renvoie le député dans la société est globalement négative. Il est le reflet de cette majorité de députés arrivistes qui doivent tout à l’administration et qui sont surtout caricaturés par les mains levées synonymes de soumission et d’asservissement aux parrains qui les ont désignés. Triste record dans le monde, l’Assemblée algérienne n’a jamais rejeté un quelconque projet présenté par le gouvernement.
    Je vous laisse le mot de la fin…
    Dans ma dernière intervention au sein de l’hémicycle, j’ai dit que nous sommes assis sur un volcan. Je le pense profondément. C’est pour cela qu’il est plus qu’urgent de trouver des solutions radicales et immédiates à la crise de confiance qui règne dans notre pays. Dans le cas contraire, nous allons tout droit vers de graves problèmes qui pourront hypothéquer notre présent, mais pire, même l’avenir de ce pays. Ce sera mon mot de la fin. L’Algérie, telle que nous la connaissons aujourd’hui, risque de ne pas exister dans un avenir proche.
    A. M. LE Soir d'Algérie
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