Le bouillonnant terrain de la rue qu’investissaient les militants des partis politiques après la fin de la Seconde Guerre mondiale lui enseignait les rudiments de la culture de la différence. L’effroyable et monstrueuse machine de tuerie engagée contre un peuple va immortaliser la guerre d’Algérie dans les tablettes de l’histoire contemporaine et la sacrer ‘’Révolution centenaire d’un peuple héroïque. »
Par devoir de mémoire, de correction de la trame historique, de recadrage de faits dans leur contexte de conquête « du plus faible par le plus fort, pour que la croix remplace le minaret », cette date du 8 Mai 1945 doit être revisitée, pour que la conscience universelle, mobilisée autour des criminels de guerre, connaisse toute la vérité sur la conquête de l’Algérie ». Cette vérité m’a conduit justement à écrire ces phrases dans un « livre réquisitoire », il y a quelque temps, peu après la loi scélérate du 23 février 2005, votée par le Parlement de la France humanitaire, par laquelle les nostalgiques de « l’Algérie française » ont voulu poursuivre encore leur action de falsification de l’histoire et leurs provocations à l’encontre de notre peuple qui est loin d’oublier les affres d’une colonisation impitoyable, cruelle et barbare. Et j’ajoutais, toujours dans mon livre : « Jusqu’à aujourd’hui, des millions de jeunes Européens subissent les mensonges de leurs maîtres. Cette situation peut se poursuivre pendant longtemps encore, car, en l’occurrence, trop d’intérêts sont ligués contre la connaissance et surtout contre l’enseignement des vérités les plus élémentaires. Mais quand les Occidentaux décideront de réécrire l’histoire, elle leur donnera tort. »
En effet, elle leur donnera tort, car quel est l’Algérien qui ne garde pas les stigmates de cette longue et pénible période de colonisation ? Quel est l’Algérien qui n’a pas été touché, de près ou de loin, personnellement, ou à cause d’un ou de plusieurs membres de sa famille, par les comportements abominables de l’armée et de l’administration coloniales qui multipliaient, contre notre peuple sans défense, leurs outrances et leurs injustices, voire leur bestialité, pendant toute la durée où ils régentaient notre pays ? Quel est l’Algérien qui ne vit pas donc les conséquences tragiques de cette hégémonie, jusqu’à l’heure actuelle, même s’il fait tout pour oublier et tourner définitivement la page pour s’acheminer vers un avenir prospère qui rapprocherait davantage les deux pays, les deux peuples ? Oui l’histoire leur donnera tort, puisque les faits sont là, pardon…, les chiffres sont là, éloquents, convaincants ! De Bugeaud à Saint-Arnaud, à Pélissier et autres Trézel, Massu, Bigeard ou Papon, ces fameux « pacificateurs humanistes » qui lançaient à leurs troupes : « On ravage, on brûle, on pille, on détruit les maisons et les arbres… », ou encore : « Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sheba. Fumez-les à outrance comme des renards. » Les Algériens ont goûté à toutes sortes de bestialités et de barbaries de ceux qui ne pouvaient s’enorgueillir que de trophées lugubres et de conditions macabres. « Fumez-les à outrance ! », « Sales ratons ! » ou encore « Vous avez renoué avec les croisés ! » et « Jetez-les dans la Seine ! », cela nous rappelle ces « commandements » d’empereurs romains qui ordonnaient, par un simple mouvement du « pouce », le massacre des gladiateurs dans l’arène, devant les hourras de centaines de spectateurs qui jouissaient à la vue du sang.
Dénonçons encore les atrocités de la colonisation et n’oublions pas le génocide de 1945, tout juste après la Seconde Guerre mondiale. Les Algériens pensaient qu’après avoir contribué efficacement, et de leur plein gré, aux côtés de la France, à la victoire des alliés sur les forces du nazisme et du fascisme, les Français leur seraient reconnaissants en accédant à leur demande : rediscuter les problèmes de souveraineté ou, tout au moins, leur donner plus de liberté et de droits. Quelques élus algériens choisis parmi les notables et dans le petit groupe de l’intelligentsia, réclamaient l’assimilation –ils pensaient demander le minimum – au moment où d’autres militants, dans un autre mouvement politique, demandaient purement et simplement l’indépendance du pays ainsi que la liberté et l’égalité pour les citoyens d’Algérie. La réponse à cette demande, considérée comme une grave impertinence de la part des Algériens et une sérieuse provocation, leur fut donnée le 8 mai de la même année, le jour où le monde entier fêtait la victoire contre les forces du mal. En Algérie, ce jour-là, comme ailleurs dans le monde, les jeunes sont sortis pour manifester leur joie. Ce n’était ni de l’insolence ni de la provocation ! Bien au contraire, les jeunes éprouvaient une vive satisfaction devant cette victoire conséquente où ils ont pris part et agi concrètement, dans les rangs de l’armée française, pour sauver le monde des souillures de cette politique dangereuse du nazisme. Scouts et nationalistes, en tête des défilés, essuyaient les premières rafales tirées par les « forces de l’ordre ».
C’était une réponse cinglante où 45 000 morts sont venus s’ajouter à la longue liste des martyrs de la liberté. Drôle de réponse de cette armée dite de pacification dans laquelle se trouvaient les meilleurs soldats, les nôtres, qui ont défendu le droit des peuples et lutté contre un ennemi redoutable qui allait semer les graines de la dictature dans le monde entier ! Ainsi, l’est constantinois a été ébranlé, les autres régions du pays aussi, et le sang des innocents, morts pour une juste cause, allait fertiliser la conscience nationale et lui permettre de passer à un autre stade, plus ferme et plus patent, dans la revendication des droits inaliénables du peuple algérien. A Sétif, en ce triste jour, Soual Bouzid, un jeune scout et porte-drapeau, s’écroulait sous les balles des policiers commandés par le commissaire Olivier. Son crime…, eh bien, il se définissait en une grande offense à la démocratie française d’alors : il chantait l’hymne Min Djlibalina que reprenait en chœur la foule de jeunes qui participaient au défilé de joie. C’était le prélude à la mort de milliers d’Algériens qui allaient tomber sous les balles assassines et dans de terribles massacres dont, entre autres, celui de Kef El Bomba, à Héliopolis, tout près de Guelma ou ceux des gorges de Kherrata.
Oui, ce jour-là, il y eut de la casse ! Partout dans le pays on cassa de l’Arabe, c’est-à-dire de l’Algérien. Nous n’avons pour preuve que ce témoignage d’un Français, présent ce jour-là à cet épisode honteux et indigne de la France des lumières : « Ainsi, le monde basculait en même temps pour des centaines de milliers de jeunes Algériens. Dans l’horreur des massacres perpétrés sous leurs yeux, ils pressentaient déjà confusément qu’un jour, pour conquérir la liberté de leur peuple, il leur faudrait à leur tour entrer dans la fournaise », disait un analyste de la guerre d’Algérie. En effet, de jeunes Algériens, conscients de la gravité de la situation, devaient prendre les armes et, à minuit, en ce 1er novembre de l’année 1954, firent entendre aux colonisateurs ce dont ils étaient capables. Ces jeunes travaillèrent dur. Ils imposèrent la lutte armée. Et, pour créer l’unanimité du peuple autour de cette action concrète de recouvrement de la souveraineté nationale et éveiller de grandes sympathies à travers le monde, il fallait aller plus en avant par la prise de possession politique du pays.Mais au regard de toute cette histoire « suppliciée » par tant de mauvais moments et de « sales besognes » tout au long d’une longue période de colonisation, nous espérons, puisque nous avons encore cette dignité de revendiquer nos droits, qu’elle soit « assumée loin des rancœurs, mais dans le sens des responsabilités face au devoir de mémoire ». Nous espérons également que les autorités d’en face, de l’autre côté de la Méditerranée, comprennent une fois pour toutes qu’il n’est plus question de se cacher la face dans cette simulation de la « culture de l’oubli ».
Par devoir de mémoire, de correction de la trame historique, de recadrage de faits dans leur contexte de conquête « du plus faible par le plus fort, pour que la croix remplace le minaret », cette date du 8 Mai 1945 doit être revisitée, pour que la conscience universelle, mobilisée autour des criminels de guerre, connaisse toute la vérité sur la conquête de l’Algérie ». Cette vérité m’a conduit justement à écrire ces phrases dans un « livre réquisitoire », il y a quelque temps, peu après la loi scélérate du 23 février 2005, votée par le Parlement de la France humanitaire, par laquelle les nostalgiques de « l’Algérie française » ont voulu poursuivre encore leur action de falsification de l’histoire et leurs provocations à l’encontre de notre peuple qui est loin d’oublier les affres d’une colonisation impitoyable, cruelle et barbare. Et j’ajoutais, toujours dans mon livre : « Jusqu’à aujourd’hui, des millions de jeunes Européens subissent les mensonges de leurs maîtres. Cette situation peut se poursuivre pendant longtemps encore, car, en l’occurrence, trop d’intérêts sont ligués contre la connaissance et surtout contre l’enseignement des vérités les plus élémentaires. Mais quand les Occidentaux décideront de réécrire l’histoire, elle leur donnera tort. »
En effet, elle leur donnera tort, car quel est l’Algérien qui ne garde pas les stigmates de cette longue et pénible période de colonisation ? Quel est l’Algérien qui n’a pas été touché, de près ou de loin, personnellement, ou à cause d’un ou de plusieurs membres de sa famille, par les comportements abominables de l’armée et de l’administration coloniales qui multipliaient, contre notre peuple sans défense, leurs outrances et leurs injustices, voire leur bestialité, pendant toute la durée où ils régentaient notre pays ? Quel est l’Algérien qui ne vit pas donc les conséquences tragiques de cette hégémonie, jusqu’à l’heure actuelle, même s’il fait tout pour oublier et tourner définitivement la page pour s’acheminer vers un avenir prospère qui rapprocherait davantage les deux pays, les deux peuples ? Oui l’histoire leur donnera tort, puisque les faits sont là, pardon…, les chiffres sont là, éloquents, convaincants ! De Bugeaud à Saint-Arnaud, à Pélissier et autres Trézel, Massu, Bigeard ou Papon, ces fameux « pacificateurs humanistes » qui lançaient à leurs troupes : « On ravage, on brûle, on pille, on détruit les maisons et les arbres… », ou encore : « Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sheba. Fumez-les à outrance comme des renards. » Les Algériens ont goûté à toutes sortes de bestialités et de barbaries de ceux qui ne pouvaient s’enorgueillir que de trophées lugubres et de conditions macabres. « Fumez-les à outrance ! », « Sales ratons ! » ou encore « Vous avez renoué avec les croisés ! » et « Jetez-les dans la Seine ! », cela nous rappelle ces « commandements » d’empereurs romains qui ordonnaient, par un simple mouvement du « pouce », le massacre des gladiateurs dans l’arène, devant les hourras de centaines de spectateurs qui jouissaient à la vue du sang.
Dénonçons encore les atrocités de la colonisation et n’oublions pas le génocide de 1945, tout juste après la Seconde Guerre mondiale. Les Algériens pensaient qu’après avoir contribué efficacement, et de leur plein gré, aux côtés de la France, à la victoire des alliés sur les forces du nazisme et du fascisme, les Français leur seraient reconnaissants en accédant à leur demande : rediscuter les problèmes de souveraineté ou, tout au moins, leur donner plus de liberté et de droits. Quelques élus algériens choisis parmi les notables et dans le petit groupe de l’intelligentsia, réclamaient l’assimilation –ils pensaient demander le minimum – au moment où d’autres militants, dans un autre mouvement politique, demandaient purement et simplement l’indépendance du pays ainsi que la liberté et l’égalité pour les citoyens d’Algérie. La réponse à cette demande, considérée comme une grave impertinence de la part des Algériens et une sérieuse provocation, leur fut donnée le 8 mai de la même année, le jour où le monde entier fêtait la victoire contre les forces du mal. En Algérie, ce jour-là, comme ailleurs dans le monde, les jeunes sont sortis pour manifester leur joie. Ce n’était ni de l’insolence ni de la provocation ! Bien au contraire, les jeunes éprouvaient une vive satisfaction devant cette victoire conséquente où ils ont pris part et agi concrètement, dans les rangs de l’armée française, pour sauver le monde des souillures de cette politique dangereuse du nazisme. Scouts et nationalistes, en tête des défilés, essuyaient les premières rafales tirées par les « forces de l’ordre ».
C’était une réponse cinglante où 45 000 morts sont venus s’ajouter à la longue liste des martyrs de la liberté. Drôle de réponse de cette armée dite de pacification dans laquelle se trouvaient les meilleurs soldats, les nôtres, qui ont défendu le droit des peuples et lutté contre un ennemi redoutable qui allait semer les graines de la dictature dans le monde entier ! Ainsi, l’est constantinois a été ébranlé, les autres régions du pays aussi, et le sang des innocents, morts pour une juste cause, allait fertiliser la conscience nationale et lui permettre de passer à un autre stade, plus ferme et plus patent, dans la revendication des droits inaliénables du peuple algérien. A Sétif, en ce triste jour, Soual Bouzid, un jeune scout et porte-drapeau, s’écroulait sous les balles des policiers commandés par le commissaire Olivier. Son crime…, eh bien, il se définissait en une grande offense à la démocratie française d’alors : il chantait l’hymne Min Djlibalina que reprenait en chœur la foule de jeunes qui participaient au défilé de joie. C’était le prélude à la mort de milliers d’Algériens qui allaient tomber sous les balles assassines et dans de terribles massacres dont, entre autres, celui de Kef El Bomba, à Héliopolis, tout près de Guelma ou ceux des gorges de Kherrata.
Oui, ce jour-là, il y eut de la casse ! Partout dans le pays on cassa de l’Arabe, c’est-à-dire de l’Algérien. Nous n’avons pour preuve que ce témoignage d’un Français, présent ce jour-là à cet épisode honteux et indigne de la France des lumières : « Ainsi, le monde basculait en même temps pour des centaines de milliers de jeunes Algériens. Dans l’horreur des massacres perpétrés sous leurs yeux, ils pressentaient déjà confusément qu’un jour, pour conquérir la liberté de leur peuple, il leur faudrait à leur tour entrer dans la fournaise », disait un analyste de la guerre d’Algérie. En effet, de jeunes Algériens, conscients de la gravité de la situation, devaient prendre les armes et, à minuit, en ce 1er novembre de l’année 1954, firent entendre aux colonisateurs ce dont ils étaient capables. Ces jeunes travaillèrent dur. Ils imposèrent la lutte armée. Et, pour créer l’unanimité du peuple autour de cette action concrète de recouvrement de la souveraineté nationale et éveiller de grandes sympathies à travers le monde, il fallait aller plus en avant par la prise de possession politique du pays.Mais au regard de toute cette histoire « suppliciée » par tant de mauvais moments et de « sales besognes » tout au long d’une longue période de colonisation, nous espérons, puisque nous avons encore cette dignité de revendiquer nos droits, qu’elle soit « assumée loin des rancœurs, mais dans le sens des responsabilités face au devoir de mémoire ». Nous espérons également que les autorités d’en face, de l’autre côté de la Méditerranée, comprennent une fois pour toutes qu’il n’est plus question de se cacher la face dans cette simulation de la « culture de l’oubli ».
Commentaire