Dans le cadre de la visite qu’il effectue pour la première fois en République Tchèque où il a été chaleureusement accueilli par la communauté kabyle, Ferhat Mehenni a rencontré le 23 avril à 11h au palais Valdstejn, siège du Sénat de la République tchèque, le Sénateur M. Jaromir Jermar, président du Comité pour l´enseignement, la science, la culture et les droits de l´homme.
De 15 à 17h, le président du MAK a animé une conférence-débat sur la Kabylie à la faculté des Lettres, Université Charles, Rettigove 4, Prague 1.
Le 24 avril à 19h, avant d’entamer son récital avec ses invités, artistes tchèques, dans la sálle d’Unitaria de N.F. Capek, Anenská 5, Prague 1, Ferhat a fait la déclaration ci-dessous.
Déclaration de Ferhat Mehenni à Prague
Je viens pour la première fois en République tchèque. Le pays de la « Charte des 77 » restera pour nous et pour toute l’humanité un symbole de la résistance pacifique d’un peuple contre sa domination par un pouvoir qui n’est pas le sien. Le « printemps de Prague » fut un tel séisme dans le monde de 1968 que l’une de ses répliques s’est appelée le « printemps berbère » de 1980 dont je suis venu commémorer l’anniversaire dans cette capitale historique de la « Révolution de velours » ; cette aire de la Raison où s’est réalisé entre deux nations sœurs le premier divorce politique à l’amiable de l’Histoire contemporaine. Au-delà de la belle architecture de cette ville, alliant tradition et modernité, j’y trouve comme en Catalogne, en Flandre ou au Québec, au Pays Basque ou en Corse, en Ecosse ou en Kabylie, l’ancrage de tout un peuple dans une mémoire dédiée au combat identitaire. J’y trouve aussi, cette audace de l’idée européenne se construisant sur la base de l’adhésion volontaire des peuples et non sur la contrainte, le déni, l’humiliation et la soumission. En me penchant sur la trajectoire historique de la Tchéquie, j’ai l’impression de me mirer dans celle de la Kabylie, à quelques exceptions près. En se tendant la main, nos deux peuples pourront sûrement développer un compagnonnage fraternel et instructif. En attendant, nous poursuivons seuls notre voie vers la liberté.
Sans la Kabylie, et pour la troisième fois, l’Algérie vient de réélire à sa tête un homme qui porte la responsabilité morale du massacre de 126 Kabyles, lors du « printemps noir » de 2001. En venant chez nous, fin mars 2009, dans le cadre de sa campagne électorale, accabler leur mémoire en défendant les gendarmes qui avaient tiré sur nos jeunes, Bouteflika a fait preuve de cynisme et d’arrogance, de haine et défiance qui ont toujours caractérisé l’attitude du régime algérien envers la Kabylie depuis, 1962.
Hormis l’épisode de l’insurrection armée de 1963 et qui était typique de toutes les révoltes de l’époque dans les pays dits du « Tiers monde », pacifiquement et avec dignité, la Kabylie tient la dragée haute à un pouvoir qu’elle n’est toujours pas prête à reconnaître.
De son côté le régime algérien qui se définit comme arabo-musulman n’a de cesse de fourbir ses armes et de mobiliser toutes ses ressources pour arabiser la Kabylie, la dépersonnaliser. Même les repentis terroristes islamistes qu’il a amnistiés, en dépit du Droit et du bon sens, sont transférés en Kabylie où il leur octroie logements et locaux de commerce pour s’y installer définitivement et œuvrer à convertir les Kabyles à l’islamisme, vecteur de l’arabisme.
La dernière empoignade entre les deux parties est celle des présidentielles du 9 avril 2009 où Bouteflika a envoyé des troupes pour voter et faire voter de force la Kabylie. La bravoure des citoyens kabyles, face aux grenades lacrymogènes et autres assauts violents est telle qu’elle rappelle celle du peuple tchèque face aux chars soviétiques.
De ce haut-lieu de la résistance du civisme contre les politiques de l’infamie et de l’horreur, permettez-moi de louer devant le monde entier la vaillance du peuple kabyle qui, après tant d’épreuves, reste toujours debout, continue de se battre pour ses droits légitimes. Et c’est au moment où d’aucuns annonçaient sa fatigue et son renoncement politiques qu’il se dresse comme un seul homme pour boycotter les élections présidentielles. C’est à ce moment où d’aucuns croyaient chez lui, l’espoir enterré qu’à l’appel du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie il est descendu dans la rue pour dire clairement qu’il est décidé, plus que jamais, à prendre en main son destin et gagner respect et liberté face à son oppresseur, le pouvoir algérien.
Permettez-moi, à partir de cette patrie de Vaclav Havel, de saluer la mémoire de ceux parmi les miens qui sont tombés depuis 1963 pour notre liberté, de témoigner ma reconnaissance à toutes celles et tous ceux qui ont été torturés, blessés, incarcérés, handicapés à vie pour briser en eux la volonté de se battre pour leur identité. Permettez-moi de vous dire toute la grandeur et la noblesse du peuple kabyle qui va, je l’espère, accéder à son autonomie régionale, dans un proche avenir.
Ferhat Mehenni
Prague le 24/04/2009
De 15 à 17h, le président du MAK a animé une conférence-débat sur la Kabylie à la faculté des Lettres, Université Charles, Rettigove 4, Prague 1.
Le 24 avril à 19h, avant d’entamer son récital avec ses invités, artistes tchèques, dans la sálle d’Unitaria de N.F. Capek, Anenská 5, Prague 1, Ferhat a fait la déclaration ci-dessous.
Déclaration de Ferhat Mehenni à Prague
Je viens pour la première fois en République tchèque. Le pays de la « Charte des 77 » restera pour nous et pour toute l’humanité un symbole de la résistance pacifique d’un peuple contre sa domination par un pouvoir qui n’est pas le sien. Le « printemps de Prague » fut un tel séisme dans le monde de 1968 que l’une de ses répliques s’est appelée le « printemps berbère » de 1980 dont je suis venu commémorer l’anniversaire dans cette capitale historique de la « Révolution de velours » ; cette aire de la Raison où s’est réalisé entre deux nations sœurs le premier divorce politique à l’amiable de l’Histoire contemporaine. Au-delà de la belle architecture de cette ville, alliant tradition et modernité, j’y trouve comme en Catalogne, en Flandre ou au Québec, au Pays Basque ou en Corse, en Ecosse ou en Kabylie, l’ancrage de tout un peuple dans une mémoire dédiée au combat identitaire. J’y trouve aussi, cette audace de l’idée européenne se construisant sur la base de l’adhésion volontaire des peuples et non sur la contrainte, le déni, l’humiliation et la soumission. En me penchant sur la trajectoire historique de la Tchéquie, j’ai l’impression de me mirer dans celle de la Kabylie, à quelques exceptions près. En se tendant la main, nos deux peuples pourront sûrement développer un compagnonnage fraternel et instructif. En attendant, nous poursuivons seuls notre voie vers la liberté.
Sans la Kabylie, et pour la troisième fois, l’Algérie vient de réélire à sa tête un homme qui porte la responsabilité morale du massacre de 126 Kabyles, lors du « printemps noir » de 2001. En venant chez nous, fin mars 2009, dans le cadre de sa campagne électorale, accabler leur mémoire en défendant les gendarmes qui avaient tiré sur nos jeunes, Bouteflika a fait preuve de cynisme et d’arrogance, de haine et défiance qui ont toujours caractérisé l’attitude du régime algérien envers la Kabylie depuis, 1962.
Hormis l’épisode de l’insurrection armée de 1963 et qui était typique de toutes les révoltes de l’époque dans les pays dits du « Tiers monde », pacifiquement et avec dignité, la Kabylie tient la dragée haute à un pouvoir qu’elle n’est toujours pas prête à reconnaître.
De son côté le régime algérien qui se définit comme arabo-musulman n’a de cesse de fourbir ses armes et de mobiliser toutes ses ressources pour arabiser la Kabylie, la dépersonnaliser. Même les repentis terroristes islamistes qu’il a amnistiés, en dépit du Droit et du bon sens, sont transférés en Kabylie où il leur octroie logements et locaux de commerce pour s’y installer définitivement et œuvrer à convertir les Kabyles à l’islamisme, vecteur de l’arabisme.
La dernière empoignade entre les deux parties est celle des présidentielles du 9 avril 2009 où Bouteflika a envoyé des troupes pour voter et faire voter de force la Kabylie. La bravoure des citoyens kabyles, face aux grenades lacrymogènes et autres assauts violents est telle qu’elle rappelle celle du peuple tchèque face aux chars soviétiques.
De ce haut-lieu de la résistance du civisme contre les politiques de l’infamie et de l’horreur, permettez-moi de louer devant le monde entier la vaillance du peuple kabyle qui, après tant d’épreuves, reste toujours debout, continue de se battre pour ses droits légitimes. Et c’est au moment où d’aucuns annonçaient sa fatigue et son renoncement politiques qu’il se dresse comme un seul homme pour boycotter les élections présidentielles. C’est à ce moment où d’aucuns croyaient chez lui, l’espoir enterré qu’à l’appel du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie il est descendu dans la rue pour dire clairement qu’il est décidé, plus que jamais, à prendre en main son destin et gagner respect et liberté face à son oppresseur, le pouvoir algérien.
Permettez-moi, à partir de cette patrie de Vaclav Havel, de saluer la mémoire de ceux parmi les miens qui sont tombés depuis 1963 pour notre liberté, de témoigner ma reconnaissance à toutes celles et tous ceux qui ont été torturés, blessés, incarcérés, handicapés à vie pour briser en eux la volonté de se battre pour leur identité. Permettez-moi de vous dire toute la grandeur et la noblesse du peuple kabyle qui va, je l’espère, accéder à son autonomie régionale, dans un proche avenir.
Ferhat Mehenni
Prague le 24/04/2009
Commentaire