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Les enseignants contractuels réduits au silence en Algérie

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  • Les enseignants contractuels réduits au silence en Algérie

    Les enseignants contractuels ont tenté vainement hier, pour la énième fois, de se rassembler devant le siège de la présidence de la République d’El Mouradia à Alger. Pour la énième fois aussi, leur sit-in a été tout simplement réprimé par les forces de l’ordre qui n’ont pas hésité à les violenter. Bilan de cette action musclée : 7 manifestants arrêtés puis relâchés quelques heures après.

    Ils étaient une trentaine d’enseignants contractuels à tenter, hier matin, de faire entendre, vainement, leur cri de détresse à des pouvoirs publics qui demeurent sourds à leurs revendications. Une intégration qui signera la fin de la précarité, le paiement de plusieurs mensualités d’arriérés de salaire et du respect pour leur métier. Des revendications des plus légitimes pour de jeunes diplômés auxquels des centaines de nos enfants sont confiés pendant toute l’année.

    Mais qui les écoutera en cette période où tout le monde est mobilisé pour un troisième mandat de l’actuel président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui n’a pas cessé de répéter que l’école est la base de la construction d’une nation, que nos enfants sont l’avenir de l’Algérie. Or, comment peut-on faire fi de toutes ces voix à qui on répond par la force du bâton, par des policiers armés jusqu’aux dents ?

    C’est l’image à laquelle ont assisté hier des dizaines de passants au niveau du boulevard Pékin, juste en bas du siège de la présidence. Des enseignants, pour la plupart des jeunes femmes, qui ont été violemment malmenés par des policiers qui avaient pour seul ordre, disperser la foule à tout prix.

    Et ce fut chose faite au bout de quelques minutes avec des gestes brusques envers des manifestants désarmés. Ces derniers ont été conduits jusqu’au boulevard Alem-Abderzak et obligés à se disperser. Auparavant, les policiers ont embarqué sept manifestants.

    Douze autres enseignants, venus de Tizi Ouzou, ont été arrêtés à la gare routière de Tafourah. Des policiers les attendaient pour les embarquer à leur descente du bus. Ceux qui ont échappé à la vigilance des services de sécurité ont donc été «refoulés» avant leur arrivée à El-Mouradia.

    La scène s’est déroulée à l’heure de sortie des écoliers, des collégiens et des lycéens de l’école Bouamama et devant leurs parents. Ces derniers ont d’ailleurs étaient «refoulés» à l’intérieur devant cet établissement pour ne pas assister à la démonstration musclée des policiers. Mais de l’intérieur, ils pouvaient bien entendre des enseignantes en pleurs et des enseignants qui demandaient au ministère de l’Education de leur octroyer leurs droits comme ils ont su accomplir leurs devoirs pendant plusieurs années. C’est le cas de ce jeune enseignant de Mostaganem qui attend depuis six ans d’être intégré. Il affirme n’avoir pas été payé depuis au moins quatre mois. «Je prends quatre bus différents pour arriver au collège où j’enseigne depuis six ans. Mais aucun responsable ne veut m’écouter ou écouter mes autres collègues qui vivent avec l’espoir d’être un jour intégrés», dit-il, dépité. Un autre enseignant de Béjaïa déclare n’avoir pas perçu son salaire depuis trois ans. Lui aussi ne désarme pas et essaye de lutter contre le désespoir qui pousse d’autres jeunes comme lui à la harga.

    Les enseignants protestataires ne croient pas en la transparence des concours d’accès organisés par le ministère de tutelle. «Il faut être épaulé pour réussir de tels examens », estiment-ils à l’unanimité. Les représentants des enseignants contractuels affirment continuer à lutter et menacent de reprendre leur grève de la faim qu’ils avaient interrompue à la veille du mois de Ramadan dernier.

    Cette fois ci, ils envisagent de mener cette action au niveau de la maison de la presse Tahar-Djaout d’Alger, le mois de mars prochain au premier jour des vacances de printemps.

    A noter que ce bras de fer opposant ces enseignants contractuels au ministère de l’Education nationale, que dirige Boubekeur Benbouzid, remonte à l’été dernier. Des tentatives de médiation ont été menées par différentes parties relevant du monde de l’éducation mais au final, le problème ne semble pas être réglé.

    Par Le soir
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