Accueil > SANTE > Un demi-million de femmes meurent chaque année des suites de leur grossesse

Un demi-million de femmes meurent chaque année des suites de leur grossesse

vendredi 8 avril 2005, par nassim

Chaque année, dans les pays en développement, 529 000 femmes meurent au cours de leur grossesse, en couches ou juste après l’accouchement.

Ces chiffres ont été dévoilés hier par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) à l’occasion de la journée de la santé. En Afrique subsaharienne qui compte les taux de décès les plus élevés, la mortalité maternelle touche une femme sur 16, elle ne concerne qu’une femme sur 2 800 dans les pays riches. L’OMS affirme que si certains pays ont réussi à endiguer leur taux de mortalité maternelle comme la Malaisie, la Thaïlande ou l’Égypte, la situation s’est détériorée dans d’autres régions. En cause : l’effondrement des systèmes de santé, les crises humanitaires, l’extension du sida.

C’est lors de la grossesse que surviennent un quart des décès. Et le sida joue ici une place prépondérante. Alors que 2,2 millions de femmes atteintes de la maladie donnent naissance chaque année, le sida augmente les risques de complications pendant la grossesse. Fragilisée, la femme développe plus facilement la malaria ou des infections du type de la tuberculose.

Au chapitre de la grossesse, le rapport se penche également sur les dangers des avortements non médicalisés. L’Amérique du Sud compte le triste record des interruptions de grossesse réalisées hors milieu médical, avec un total de 34 sur 1 000. Elle est suivie par l’Afrique et l’Asie méridionale. Ces pratiques d’avortements à la va-vite touchent principalement les jeunes femmes : deux tiers des 15-30 ans suivent des méthodes à risque pour leur santé.

Les accouchements réalisés sans l’aide de personnel qualifié restent la norme pour 60% des femmes en Afrique subsaharienne. Or, si des complications surviennent, seules 32% des mères bénéficient des soins adéquats dans l’ensemble des pays en développement. « En deux heures de saignements après l’accouchement, une femme peut mourir », indique le docteur Marie-Paul Kieny, directrice du département de la santé familiale à l’OMS. Alors que 50 à 71% des décès maternels se produisent juste après l’accouchement, les hémorragies sont la première cause de mortalité, suivies par les septicémies. « On sait pourtant ce qu’il faut faire pour éviter ces morts. Il s’agit de soins banals, qui ne nécessitent pas de technologies onéreuses », s’insurge le docteur Kieny.

Pointant du doigt les inégalités face à l’accès aux soins, l’OMS affirme qu’un investissement massif dans les systèmes de santé est désormais indispensable pour inverser la tendance. Chiffrant les manques en personnel qualifié, l’organisation estime que dans les dix prochaines années 334 000 nouvelles sages femmes devraient être mises à disposition, qu’une formation adéquate devrait être apportée à 140 000 professionnels de la santé et celle de 27 000 médecins complétée.

A l’appui des propositions de l’OMS : des pays comme la Thaïlande, le Sri Lanka ou l’Égypte font figure de success story. Suite au renforcement de leurs systèmes de santé, ils ont en effet vu diminuer leur taux de mortalité maternelle. Ainsi, la politique menée par Le Caire pour renforcer l’assistance médicale lors de l’accouchement et faciliter l’accès aux soins obstétriques a réduit de 50% les décès maternels, passant de 174 pour 100 000 femmes en 1993 à 84 pour 100 000 en 2000. A l’inverse, au Malawi ou en Mongolie, la mortalité maternelle, après avoir marqué le pas il y a une dizaine d’années, est repartie à la hausse. La diminution de personnel qualifié au Malawi, en partie due à la pandémie du sida couplé à la détérioration des systèmes de santé a augmenté de 31 à 43% les décès dus à des soins inadéquats entre 1989 et 2001.

Par Aude Marcovitch, lefigaro.fr