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Trafic de produits ferreux d’Algérie vers la Tunisie

mardi 18 mai 2004, par Hassiba

En Algérie la capitale de l’acier, vit ces derniers temps une véritable pénurie de produits ferreux. En tête, le rond à béton. Selon certaines indiscrétions, cette situation serait liée à une forte spéculation alimentée par des milieux affairistes qui écument la région d’Annaba. La tension est devenue telle que certains n’hésitent pas à passer à l’acte en volant les produits ferreux.

Les gros bonnets de l’industrie et autres hommes d’affaires sans scrupule sont mis à l’index. Ils sont des intouchables.
Selon des informations dont nous disposons, il est relevé que le rond à béton (RAB) volé dans certaines structures de la ville d’Annaba est vite acheminé, via El-Tarf, vers les frontières algéro-tunisiennes pour être vendu à des prix avantageux.Le rapport qualité, le prix des produits ferreux algériens par rapport à ceux du voisin tunisien est de loin le plus avantageux. Ils sont aussi considérés par des spécialistes et ingénieurs en génie-civil comme étant plus résistants et donc recherchés pour la construction de l’habitat, dit-on.

Le RAB a une durée de vie qui dépasse les vingt ans .

A titre illustratif, le type 19 du métal ferreux coûtait durant ces trois derniers mois 3 500 dinars. Aujourd’hui, son prix a atteint des sommets. Le type 12 se vendait, il n’y a pas très longtemps, à 3 000 DA, soit l’équivalent 400 dinars tunisiens. Il est cédé aujourd’hui à 600 dinars. Pour continuer dans la même lancée des prix, la tonne d’acier qui était coté il y a quelques mois à 28 000 dinars, soit l’équivalent de 380 dollars, s’échange aujourd’hui à 40 000 dinars, soit 540 dollars.
La qualité et les prix compétitifs du rond à béton made in Algeria font qu’il est très recherché par les constructeurs tunisiens.

Concernant les capacités nationales de production, il ressort selon les informations dont nous disposons que le complexe sidérurgique d’El-Hadjar géré par la société indienne Ispat dispose à lui seul de 700 tonnes par an. Une autre entreprise privée,Cooprat, assure une production de 320 tonnes par an. Un chiffre qui reste à confirmer par les services du fisc.

Mais les barons de l’import-export, en raison d’une conjoncture internationale favorable, n’ont pas hésité un seul instant à investir le très juteux créneau des déchets ferreux. Cette activité prospère aujourd’hui dans plusieurs villes de l’est du pays comme El-Tarf, Annaba, Skikda, etc. Ces déchets sont, eux aussi, exportés à l’étranger. Pis encore, il semblerait que des dizaines de barres de fer ont été arrachées au niveau de la gare routière SNTV de Sidi Brahim et de la SNTF d’Annaba. Des vols qui risqueraient fort de s’étendre dans le cas où les prix de produits ferreux restent élever sur le marché international.
Aux dernières informations communiquées par les services de sécurité, il est fait état d’une saisie de 20 tonnes de fer transportées par une dizaine de camions empruntant la route nationale n°16 reliant Annaba à El-Hadjar, près de la zone industrielle de la ville d’acier.
En effet, les services de police relevant de la sûreté urbaine d’El-Bouni ont enclenché récemment une opération de lutte contre les réseaux maffieux des métaux ferreux au niveau de la wilaya d’Annaba.

Dix jours plus tard, une seconde saisie de 200 tonnes de produits a été effectuée par les éléments de la brigade de la Gendarmerie nationale de la commune d’El-Bouni. La marchandise, transportée à bord de véhicules lourds, fut interceptée sur le même tronçon routier reliant El-Hadjar à Annaba. D’après notre source proche des services de sécurités, la dernière opération de saisie qui a eu lieu à la mi-avril dernier a permis l’interception d’une dizaine de camions venant de plusieurs wilayas : Guelma, Souk-Ahras et Aïn M’lila. Ces marchandises ont été transportées sans autorisation, sans factures et registre de commerce. Cette toute récente saisie s’élève notamment à 60 tonnes du rond à béton qui, indique-t-on, étaient destinées à être écoulées en Tunisie. A noter que les services de sécurité ont vraisemblance renforcé leurs contrôles systématiquement en procédant à des vérifications et fouilles sur tout camion suspect empruntant cet axe routier stratégique afin de mettre fin au trafic de métaux ferreux. Par ailleurs, il faut noter que les 30 camions concernés ont été mis en fourrière, alors que les 15 individus mis en cause ont été présentés auprès du magistrat instructeur auprès du parquet d’El-Hadjar.

Les marchandises saisies ont permis de connaître les produits les plus prisés par ce trafic. Sont cités dans le lot, les barres de fer, les poteaux électriques, l’acier lourd de première qualité, le métal de premier choix ainsi que le RAB en grande quantité.
Nos sources nous révèlent que plusieurs vols ont été commis et signalés au sein des entreprises étatiques intervenant ou utilisant les métaux ferreux
Cette situation a eu pour conséquence une flambée des prix des produits ferreux. Tout en risquant de provoquer une grave pénurie du rond à béton sur le marché local et même national. Une situation qui va négativement se répercuter sur le secteur du bâtiment et des travaux publics à un moment où la relance des projets c’est nettement engagée ces dernières années. Chez nos voisins tunisiens, les prix du RAB ont atteint des sommets. Et une grave pénurie commence d’ores et déjà a frappé ce secteur en Tunisie. Ce qui pousse les trafiquants algériens à vendre un maximum de produits ferreux sur le marché de ce pays.

Ce trafic qui se fait au détriment de l’économie algérienne permet l’enrichissement illicite de centaines personnes. En effet, plus d’une cinquantaine d’archi-milliardaires possèdent des biens, soit des villas haut standing qui valent plus de deux milliards et des gros comptes dans plusieurs banques d’ Annaba, et ce, Sans toutefois, nous déclare le responsable des impôts du chef-lieu de wilaya, avoir payé l’impôt sur le patrimoine.

Par Oki Faouzi, lanouvellerepublique.com