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Tonic le géant du papier en Algérie est né

samedi 15 janvier 2005, par Hassiba

Disposant d’un patrimoine industriel des plus étendus et des plus sophistiqués, cette entreprise privée, Tonic Emballage va bientôt recycler pour les besoins de ses unités une grande partie des déchets dans le pays.

L’année 2005 “s’emballe” précieusement en faveur de l’entreprise Tonic Emballage. Un vaste complexe papetier implanté sur 25 hectares est en train de prendre forme sur le site de Bou Ismaïl pour le déploiement de deux lignes de dernière technologie destinées à la production de papier tissu (ouate) et de papier pour ondulés.

L’annonce a été faite, jeudi dernier, par le patron de Tonic, M. Abdelghani Djerrar, qui accueillait au sein de son complexe la ministre finlandaise du commerce extérieur et du développement, accompagnée de l’ambassadrice et d’une forte délégation d’hommes d’affaires de Finlande.
L’usine, dont les travaux sont d’ores et déjà lancés au rythme de 3X8 permettra la création de 2 000 emplois et prévoit une capacité de traitement de 220 mille tonnes de déchets récupérés par an.

L’investissement de l’ordre de 40 millions d’euros comporte deux lignes de production dotées d’une station de traitement des eaux usées et d’une unité de dessalement d’eau de mer couplées à une centrale de production d’énergie de 23 M W. L’entrée en production de ce complexe est attendue pour septembre de l’année en cours.
Papier mouchoir, nappe, papier hygiénique... seront produits par la première unité équipée par le géant mondial, le finlandais Metso Paper, avec une capacité de 80 tonnes par jour, soit 28 000 tonnes par an de papier tissu et de pâte noble pour le papier facial. Quant à la deuxième unité, elle sera dédiée aux papiers kraft et autres test liner... avec un potentiel de 400 tonnes par jour. Comme le soulignera M. Djerrar, qui s’adressait à la presse, “le nouveau complexe sera fourni par une matière première locale. Il s’agit de récupérer et de recycler des déchets se trouvant en Algérie”. Et d’ajouter pour l’exemple que “l’usine à ouate produira du papier 100% à base de papier recyclé”.

Quant à l’alimentation de ces unités en matières premières, Tonic fera appel à un large réseau de récupération des déchets déployés sur l’ensemble du territoire national. Celui-ci est fort d’un gisement de plus de 150 millions de dollars de déchets dormants, explique-t-on. S’inscrivant en droite ligne avec les recommandations adoptées en matière de respect et de protection de l’environnement, Tonic qui se remet au vert, comme l’attestent les couleurs écologiques de sa nouvelle flotte, se propose de porter le niveau de récupération à un taux de 38%, alors qu’actuellement, il est de 10%. L’étude de ce marché, révèle M. Abdelghani Djerrar, a permis de “nous inciter à développer nos capacités pour commencer à être opérationnels sur la récupération”.

600 tonnes de déchets seront récupérées chaque jour, et pas moins de 500 camions à bennes tasseuses sillonneront le marché de la récupération. “À ce titre, nous comptons lancer l’expérience sur la capitale en incitant les jeunes désœuvrés à s’organiser autour de cette activité”, poursuit notre interlocuteur qui justifiera le choix de son entreprise en faveur d’un équipementier finlandais “par la compétence et, surtout, l’expérience de ce pays dans ce secteur”. Et d’ajouter que le finlandais Metso a remporté le marché après avoir été mis en concurrence face à un allemand et un autrichien : “La disponibilité de Metso et la haute technologie ainsi que les services de suivi ont plaidé en sa faveur et nous ont convaincus.”

En termes de potentiel persuasif, il faut dire que la preuve finlandaise a été suffisamment apportée par la visite de la ministre qui a tenu à voir, de près, les installations de Tonic, tout en marquant un intérêt souligné pour la qualité des produits d’emballage fabriqués selon les normes et standards européens. La touche qualitative et innovatrice de l’entreprise algérienne a incité la délégation à s’enfoncer au sein de plusieurs unités de Tonic dispersées suivant un schéma organisationnel où toutes les ressources ont été mobilisées tant pour séduire que pour réussir. L’accueil de la délégation est en soi un acte d’exportation et d’ouverture sur le marché extérieur.

À signaler au passage que la presse présente à cet événement s’est longuement interrogée sur l’absence des officiels algériens. Dans le papier ou le carton, l’investissement qui vient d’être lancé, bien emballé par ses objectifs et ses prévisions, semble reposer sur un marché aussi fiable que... le béton.

L’entreprise en chiffres
Implantée sur 45 hectares, Tonic est doté d’un capital de 760 millions de dinars et évolue avec une capacité de production non-stop qui tourne à hauteur de 300 mille tonnes par an de produits finis. Actuellement, l’entreprise emploie 3 500 personnes qui passeront à 5 500 avec la réception du complexe papetier avant la fin de l’année et à 10 000 travailleurs à l’horizon 2006-2007. Le chiffre d’affaires de Tonic est de 17 milliards de dinars pour l’année écoulée, signalent encore les responsables de l’entreprise dont la naissance remonte à 1985 avec comme activité la commercialisation du papier et la récupération des déchets.

Ce n’est qu’en 2000 que l’entreprise investit dans des équipements de dernière génération non sans avoir préalablement maîtrisé les contours du marché. Actuellement, Tonic affiche une capacité de recyclage de l’ordre de 12 000 tonnes par an, soit un tiers du niveau de récupération nationale. La capacité de recyclage de l’industrie papetière algérienne, selon l’étude établie, montre qu’elle ne dépasse pas les 10% de l’ensemble des déchets générés chaque année.

La consommation nationale en papier et carton est de 600 mille tonnes par an pour une production locale, tous produits confondus, ne dépassant pas 50 mille tonnes par an. Chaque année, l’Algérie importe pour 400 millions de dollars de papier et dérivés. Par habitant, la consommation de papier en Algérie est de 15 kg annuellement contre 350 kg aux États-Unis d’Amérique.

L’Espagne s’intéresse aux produits Tonic
Après avoir conquis le marché français, notamment par le biais des emballages destinés a l’alimentaire tels que les boîtes à pizza, l’entreprise Tonic est actuellement sur le point de signer un contrat d’exportation de 44 millions d’euros vers l’Espagne. Plus précisément, Tonic devra fournir les abattoirs espagnols suivant les termes de ce contrat, dont la signature est donnée comme imminente.

Par Abdelkrim Wahib, Liberté