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Situation économique en Algérie

dimanche 30 janvier 2005, par Hassiba

D’après le rapport du FMI, les réformes avancent à un rythme lent. Le fonds recommande, de nouveau, leur accélération tout en insistant sur la maîtrise de leurs retombées sociales. Toutefois, le document enregistre les résultats positifs au plan macroéconomique et des perspectives favorables pour l’Algérie en 2005.

Les indicateurs macroéconomiques sont au vert, durant l’année 2004, et devraient se consolider encore davantage en 2005. C’est ce qui ressort du rapport du Fonds monétaire international suite aux consultations engagées avec l’Algérie au titre de l’article 4 de ses statuts. Les experts du FMI ont relevé que “la situation macroéconomique de l’Algérie sera favorable et s’améliorera davantage en 2005”, tout en précisant dans la foulée “cette situation est due essentiellement à l’amélioration des prix du pétrole sur les marchés internationaux et aux résultats positifs du secteur agricole”. L’inflation est demeurée, selon ces experts, stable soit 4%, alors que le taux de chômage bien qu’il ait diminué restera encore élevé. La croissance est évaluée, selon ces experts, à 5,5% en 2004 contre 6,9% en 2003. Les réserves de change ont atteint 37,3 milliards de dollars à fin septembre 2004 soit l’équivalent de deux années d’importation.

Pour les analystes du FMI “la dette extérieure a connu une baisse significative en passant de 35 à 25% du Pib respectivement en 2003 et 2004 après le remboursement d’une tranche de 900 millions de dollars à la Banque africaine de développement (Bad) et à l’Arabie Saoudite”.
Ces experts ont souligné que “plusieurs progrès sont à réaliser dans la réforme du secteur bancaire, notamment la modernisation des moyens de payement et la libéralisation du commerce, mais les réformes structurelles avancent à un rythme lent”. Ils ont soutenu, par ailleurs, que “la politique macroéconomique forte, adoptée ces dernières années, a été marquée par une croissance économique élevée et une inflation maîtrisée”. De même, ils ont recommandé aux autorités algériennes “de saisir l’opportunité fournie par la conjoncture économique favorable et l’amélioration de la situation sécuritaire afin de consolider davantage la stabilité macroéconomique”.

À cet effet, l’Algérie devrait accélérer sa transition vers une économie de marché, diversifier les ressources économiques et établir un cadre pour une meilleure gestion des recettes d’hydrocarbures. Néanmoins, ils ont déploré “le retard considérable pris dans la mise en œuvre des réformes structurelles et la réforme du secteur financier et bancaire”, tout en plaidant pour “l’adoption d’une politique budgétaire prudente à moyen terme”.
Les experts du FMI ont soutenu “l’idée de transformer le Fonds de régulation des recettes en compte, qui sera entièrement intégré dans le budget de l’État et la nécessité de protéger la dépense sociale notamment dans les programmes de développement humain”.
Ces experts ont révélé que “le FMI fournira une assistance technique à l’Algérie en vue de développer le marché de changes et lui permettre de réduire l’écart existant, actuellement, entre le taux de change officiel et le taux de change parallèle”.

Ceci étant dit, les experts du FMI ont demandé aux autorités algériennes “d’abroger la circulaire Ouyahia, interdisant aux entreprises et administrations publiques de déposer leur argent dans les banques privées nationales ou étrangères”. Ils ont plaidé, toutefois, en faveur “d’une accélération du processus de privatisation des banques publiques et le renforcement de la supervision bancaire”. Ils ont accueilli favorablement la création d’un organisme spécialisé dans le renseignement financier et la lutte contre le blanchiment d’argent et le terrorisme.
L’institution issue des accords de Bretton Woods encourage la politique de gestion active de la dette algérienne, tout en appelant à un règlement de la dette bilatérale avec la Russie et l’adoption d’une approche pragmatique du remboursement de la dette par anticipation. Cette option permettra, selon ces experts, à l’Algérie d’améliorer la gestion de ces réserves de change. Le FMI recommande, note-t-on, aux autorités algériennes d’étudier l’option du remboursement par anticipation au cas par cas. Ce rapport du Fmi, approuvé par le conseil d’administration du fonds, ce mois-ci, qui fonctionne comme un signal à la communauté financière internationale et aux investisseurs potentiels encourage, aussi, une privatisation rapide et plus étendue des entreprises publiques.

L’Algérie en chiffres :
Le document du Fmi fournit ses estimations sur des indicateurs clés : les réserves en devises atteindraient 42,3 milliards de dollars à fin 2004, les exportations 33,3 (variation d’1 milliard de dollars par rapport aux résultats officiels provisoires), l’excédent du compte courant à 15,4 milliards de dollars (différence entre les exhortations et les importations de biens et services), la croissance en termes réels 5,5%, l’inflation 4%, le ratio service de la dette par rapport aux exportations ramené à 16,1%. La balance des capitaux accuserait un déficit de 3 milliards de dollars. Tout compte fait, la balance des paiements enregistre un excédent important en 2004, reflété par la hausse significative des réserves de change.

Remboursement de la dette par anticipation
Le rapport du Fmi encourage l’Algérie à rembourser sa dette extérieure par anticipation. Il enregistre, avec satisfaction, les paiements anticipés à la Banque africaine de développement et l’Arabie Saoudite. Le document semble confirmer que la Russie aurait conditionné son feu vert à la demande algérienne adressée au Club de Paris, au règlement de la dette bilatérale avec Moscou (allusion à la dette militaire contractée par l’Algérie auprès de la Russie). Ce qui bloquerait le feu vert des autres membres du Club de Paris, la décision étant dans cette enceinte prise par consensus. Par ailleurs, la Russie, vient de demander le remboursement de sa dette par anticipation au Club de Paris. L’Algérie est, dès lors, invitée à suivre cette opération qui pourrait faire preuve de “jurisprudence”. L’intérêt de la demande algérienne réside en ceci : une substantielle économie en devise, en payant sa dette la plus chère par anticipation , c’est-à-dire celle contractée auprès de l’Allemagne et de l’Italie. Or, pour négocier avec ces deux pays, il faut d’abord obtenir le consensus des pays membres du Club de Paris. Grâce à la réduction de la dette bilatérale contractée auprès de pays membres du Club de Paris, l’Algérie pourrait réduire sa dette extérieure de 5 à 10 milliards de dollars. En attendant, le Fmi préconise une solution au cas par cas, en commençant par les institutions multilatérales, voire les pays non membres de cette enceinte, soit un montant d’environ 4 milliards de dollars.

Par Faïçal Medjahed, N.Ryad, Liberté