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Retour dans l’espace pour la NASA

mardi 19 avril 2005, par nassim

Le nouvel administrateur de la NASA, Michael Griffin, 55 ans, nommé par George Bush et confirmé à l’unanimité la semaine dernière par le Sénat, a déclaré, lundi 18 avril, lors de sa première conférence de presse, que "sa priorité immédiate et absolue est de voler à nouveau".

Le lancement de la navette

Michael Griffin annonce le retour de la NASA dans l’espace.

Discovery avec un équipage de sept personnes, la première mission depuis la perte de Columbia il y a plus de deux ans, est en effet prévu entre le 15 mai et le 3 juin. Mais Michael Griffin, qui a dirigé le laboratoire spatial de la Johns Hopkins University, a occupé plusieurs postes à la NASA, au Pentagone et dans l’industrie, a précisé que la décision finale lui revenait. C’est lui qui jugera si l’agence spatiale américaine a satisfait aux recommandations de la commission d’enquête sur l’accident. "Nous devons prendre en compte, a-t-il dit, tous les conseils et nous assurer que toutes les informations remontent et sont mises à notre disposition. Mais à la fin, la responsabilité que nous a confiée le gouvernement est de prendre des décisions et d’en assumer les responsabilités."

Seront particulièrement passées au crible les modifications apportées au revêtement thermique ­ de la mousse ­ du réservoir principal de la navette afin d’éviter que des débris n’endommagent l’engin et les questions relatives à la possibilité pour les astronautes d’inspecter leur véhicule dans l’espace et de le réparer si nécessaire. Si la menace liée à la mousse de protection a été considérablement réduite, les ingénieurs s’interrogent sur le danger que présente la formation possible de glace près du sommet du réservoir. Quoi qu’il en soit, le nouvel administrateur de la NASA donnera seul le feu vert à la reprise des vols. L’enjeu est trop important.

OBJECTIFS LUNE ET MARS

M. Griffin s’est d’autre part engagé "à étudier la possibilité de prolonger l’existence du télescope spatial Hubble", mais sa principale mission, a-t-il rappelé, est de "changer les priorités". L’accident de Columbia "nous a amenés, a-t-il dit, à repenser ce que doit être l’exploration spatiale au-delà de l’orbite terrestre. Je suis là pour mettre en place une transition ordonnée entre ce que nous faisons aujourd’hui et ce que nous ferons demain avec des véhicules spatiaux qui ne sont pas encore conçus. Nous retournons sur le chemin de l’exploration de l’espace."

M. Griffin estime avoir la chance d’être "capitaine" d’une équipe "dans une des périodes les plus prometteuses de la NASA". Les objectifs définis par George Bush sont de relancer l’exploration humaine et robotique de la Lune et de Mars et de remplacer les navettes vieillissantes. "Une mission vers Mars n’est pas inabordable avec le budget que nous avons si nous le gérons de façon appropriée. Nous n’irons pas sur Mars dans les prochaines semaines. Nous pouvons probablement y aller pour un coût équivalent au programme Apollo." Pour "quelques milliards de dollars par an sur un grand nombre d’années".

Devant le Sénat, Michael Griffin avait déclaré : "Si nous dépensons de l’argent pour l’espace, ne doutons pas qu’une grande majorité d’Américains préfère qu’on l’utilise pour un programme excitant, ambitieux et vers une destination lointaine." Un point de vue que Rick Tumlinson, cofondateur de la Space Frontier Foundation (Fondation pour la frontière de l’espace), partage. La NASA, dit-il, "se trouve face au plus grand tournant depuis sa création. Si Griffin fait les changements radicaux nécessaires pour nous amener de façon permanente sur la Lune et ensuite sur Mars, l’agence aura sa place dans l’avenir. S’il ne modifie pas en profondeur la culture actuelle de la NASA, ils le mangeront et en feront rapidement un autre haut fonctionnaire frustré".

Par Eric Leser, lemonde.fr