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Privatisations : Dogme et réalités

dimanche 19 décembre 2004, par Hassiba

En Algérie, le processus de privatisation que vient de relancer le gouvernement fait grincer des dents. Des syndicats montent au créneau et des milliers de travailleurs craignent de ne plus pouvoir garantir leur gagne-pain.

Cette opération d’envergure annoncée avec fracas et qui concernerait quelque 1 200 entreprises nationales englobant divers secteurs d’activité, de l’avis du chef du gouvernement, épargnerait uniquement la compagnie pétrolière Sonatrach. Désormais, toutes les entreprises sont « vendables ».

Dans le domaine de l’hôtellerie, ce sont quelque 25 hôtels qui viennent d’être soumis à la vente, mais sans preneurs pour l’heure.En dépit des quelques forces d’inertie depuis l’entame par l’Algérie des réformes économiques au début des années 90, les impératifs liés à la signature d’un accord d’association avec l’Union européenne et la prochaine adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) accélèrent largement la cadence de ces privatisations devenues inéluctables. En effet, et afin de combler leur retard en infrastructures et moderniser leurs économies, bien des pays sont déjà passés par-là. Des programmes de privatisations recommandés par des institutions financières internationales comme gage d’efficacité économique et manière capable d’attirer les investisseurs étrangers.

Les premiers programmes de privatisations en Afrique en général ont été initiés à partir des années 80, présentés alors comme de simples mesures d’assainissement financier ou d’amélioration de la gestion publique du patrimoine de l’Etat. Les années 90 ont vu les politiques d’ajustement structurel sur fond de récession économique et d’instabilité politique déstructurer le tissu économique. Les conséquences apparentes de ces réformes économiques se révèlent considérables : dévaluations monétaires, régression de l’emploi et accentuation de la pauvreté.

Si l’Algérie s’est attelée à changer son cadre législatif et réglementaire, sur le terrain de la praticabilité les choses se passent autrement. Les opportunités sont nombreuses, mais seule pour l’instant la téléphonie mobile semble échapper à la règle en passant par la privatisation réelle du secteur entamée dès juillet 2000. Au même titre d’ailleurs que les pays voisins, le Maroc et la Tunisie, mais qui peinent tous dans celles du secteur financier, des transports, de l’eau, de l’électricité, à titre d’exemple.

Passage obligé vers une économie de marché, bien des secteurs aiguisent des appétits arrivant parfois à porter dans la rue le jeu de lobbying des protagonistes. Par l’entremise de partenaire social et de réseaux bien huilés, des opérations de privatisations sont vite étouffées dans l’œuf, comme cela a été le cas dans le domaine de l’agroalimentaire, les cimenteries, les briqueteries ou encore le textile. Même la vente des Galeries algériennes a connu des tournures à la limite du burlesque.

De l’ère du tout étatique, le gouvernement compte désormais accélérer la cadence vers le parachèvement du désengagement de l’Etat dans la sphère économique, érigé en règle absolue à suivre. Ce qui a fait dire aux récalcitrants qu’avec cette option idéologique et dogmatique les gouvernants veulent à tout prix se conformer au standard libéral, en vogue actuellement, mais aussi « plaire » aux institutions financières internationales, sans toutefois se soucier des retombées sociales d’une telle option. Le satisfecit du FMI est éloquent à cet effet.

Par Mahmoud Mamart, La Tribune