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Présidentielle 2004 : Non aux élections

Les délégués du mouvement citoyen du Sud se sont réunis hier à Labiod Sid Cheikh

samedi 13 mars 2004, par Hassiba

Des comités citoyens de huit wilayas du Sud se sont réunis ce week-end au quartier Qsar El Gherbi au coeur de Labiod Sid Cheïkh, à 120 km de la wilaya d’El Bayedh.

Les représentants du mouvement citoyen de Ouargla, Ghardaïa, Djelfa, Laghouat, Adrar, Illizi, Naâma et El Bayedh ont adopté leur-plate-forme politique sous l’appellation « Ardhiyet harakat lil mouwatana lil djanoub » et dans laquelle ils annoncent le rejet de la présidentielle et exigent du Pouvoir la satisfaction de nombreuses revendications à caractère socioéconomique : l’arrêt du bradage de Sonatrach, le règlement du chômage endémique dans ces régions, à l’origine de violentes émeutes qui ont secoué ces derniers jours Ouargla et Touggourt.

Le délégué de Djelfa a été désigné porte-parole du mouvement et est chargé notamment de remettre le document sanctionnant le rejet du scrutin du 8 avril aux candidats à une semaine du lancement de la campagne électorale. Les candidats seront ainsi informés de cette décision politique avant l’ouverture officielle de la campagne électorale. Etaient présents à cette rencontre, le secrétaire fédéral FFS d’El Bayedh dont le parti est fortement représenté à l’intérieur des comités de ce mouvement.

Jeudi, malgré l’interdiction faite par le wali d’El Bayedh d’accorder la salle aux délégations de ces huit wilayas du Sud, les travaux se sont déroulés chez un particulier dans le quartier Qsar El Gherbi.

Ayant été informées, plusieurs associations des comités de soutien de M. Bouteflika ont distribué un tract incendiaire fustigeant les délégués, appelant à la fitna contre ceux « qui sèment la division dans le pays », leur promettant « les feux de l’enfer » tout en s’attaquant à la presse indépendante qui s’en fait l’écho, qualifiée de propagandiste.

Présents sur les lieux, ils ont tenté de perturber les travaux mais la vigilance des animateurs du mouvement a eu raison d’eux. Le choix de la ville où s’est tenue la réunion n’est pas fortuit car il a été le théâtre de violentes émeutes, le jeudi 4 octobre 2001 à Labiod Si Cheïkh même. Des centaines de jeunes, ayant exigé à maintes reprises le départ du chef de daïra et de l’exécutif de l’APC pour mauvaise gestion et corruption, sont sortis ce jour-là dans la rue. Ils s’en sont pris aux édifices publics, le siège de la daïra et de la mairie ont été incendiés, ainsi qu’au siège du RND.

Une confrontation avec les forces antiémeute ont fait un mort et plusieurs blessés. Depuis, les promesses du pouvoir sont restées vaines. Deux années après, la visite de M. Bouteflika dans cette région a été chahutée.

Ainsi, alors que la campagne antivote s’accélère en Kabylie verra-t-on les régions du Sud fermées à la présidentielle ? Les insurgés de Ouargla qui ont brûlé pratiquement toute la ville à la veille de la visite du Président ainsi que ceux de Touggourt qui ont fait fuir le cortège présidentiel sont les preuves de ce rejet qui vient d’être sanctionné dans la plate-forme signée par les représentants des huit wilayas du Sud.

Rachid Mokhtari, Le Matin