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Pour la dignité des architectes

mardi 6 avril 2004, par Hassiba

Consœurs et confrères,
Vous avez certainement été approchés pour apporter votre soutien ou du moins pour voter pour un « certain candidat ». Ces personnes, qui nous approchent aujourd’hui, sont les seules à douter de notre lucidité.

Il est de notre devoir de leur rappeler que nous sommes, avec un certain nombre de professions, des plus proches, de par notre ancrage et notre profession, de nos concitoyens de toutes les conditions sociales. Aussi, pour leur rappeler que notre profession, malgré ses martyrs assassinés par la horde sauvage, n’a jamais failli à son devoir et n’a pas attendu 1999 pour sortir de nuit, de jour et toujours, sans protection, rarement en ville, surtout en périphérie, dans les villages, à la montagne..., rejoignant les chantiers, rejoignant les autres professionnels du bâtiment, ceux-là mêmes dont on dit, sans honte bue, dénués de volonté de travailler, ignorant le système de 3/8 heures. Ceux-là mêmes que les « hagarra » ont mis sur la paille en faisant appel aux entreprises (avec mains-d’œuvre) étrangères.

Consœurs et confrères,

Il y a lieu de leur rappeler que la marginalisation et la « hogra » des compétences nationales nous ont pratiquement ruinés, mais pas démolis. A ceux qui osent claironner que le bilan 1999-2004 est positif, nous devons rappeler :
1- que le principal contrevenant à la loi sur l’urbanisme et la construction est celui-là même qui a la charge de la faire respecter :
a) le premier qui fait fi de l’article 55 de la loi 90-29 du 1er décembre 1990 consacrant l’exclusivité de l’établissement du dossier de demande de permis de construire à l’architecte agréé d’Algérie en faisant appel à des bureaux d’études dits publics et à des entreprises étrangères sans compétence ni habilitation en matière de production architecturale !
b) le premier qui réalise sans permis de construire : pas moins de 180 000 logements sociaux réalisés et en réalisation, l’ensemble des établissements publics (écoles, CEM, administration, extension d’universités et autres équipements publics), les programmes confiés aux étrangers, notamment les hôtels Sheraton, le futur siège du ministère des Affaires étrangères... !
c) le premier qui met en danger des milliers de familles et de centaines de milliers d’enfants en les casant dans les logements, les établissements scolaires et autres équipements publics sans « permis d’habiter » représenté par le certificat de conformité !
2- que le principal contrevenant au décret législatif 94-07 du 18 mai 1994 relatif à la production architecturale et l’exercice de la profession d’architecte est celui-là même qui l’a initié et qui en a la responsabilité de l’application :
a) qui depuis 2001 :
 refuse sciemment de siéger dans les conseils de l’Ordre des architectes,
 refuse sciemment d’appliquer les ordonnances du Conseil d’Etat rendues en sa faveur,
 refuse sciemment d’appliquer le code des marchés de l’opérateur public,
b) au lieu de prendre ses responsabilités de puissance publique, continue de manipuler quelques confrères pour faire perdurer la crise au sein de l’Ordre des architectes,
c) qui a promulgué l’arrêté définissant les missions de l’engineering par lequel ils persistent dans la mise en danger des vies humaines en y intégrant des activités d’urbanisme nécessitant la réunion de toute une équipe pluridisciplinaire,
d) qui a fait de l’établissement des PDAU et des POS une source de rente,
e) qui fait pression sur les DUC, DLEP, DG d’OPGI... pour faire l’amalgame entre l’architecte et le Bureau des études techniques (Bieti) et casser de l’architecte, de l’ingénieur, de l’entrepreneur... !
f) etc.
3- que le principal contrevenant à l’arrêté interministériel du 17 mai 1988 et à l’arrêté du 4 juillet 2001 relatifs aux honoraires des études est celui-là même qui les a initiés et qui, avec d’autres ministres, promulgués !
Concitoyennes et concitoyens architectes,
Il n’y a pas lieu de continuer à remuer le couteau dans la plaie notre plaie commune, mais il y a des vérités dont nous devons informer nos concitoyens :
a) qu’aucun parmi ces pseudo-maîtres des chiffres, ni le président-candidat, ni son chef du gouvernement, ni son ministre dit de l’Habitat et de l’Urbanisme n’est en mesure de donner le nombre d’architectes en exercice (le nôtre) en Algérie !
b) qu’aucun parmi ces pseudo-maîtres des chiffres n’est en mesure de donner le montant des sommes dépensées pour l’établissement des PDAU et des POS, encore moins s’ils sont aptes, compétents et responsables pour les faire respecter !
c) que ces messieurs, au lieu de s’intéresser au cadre de vie dans nos cités, se sont toujours occupés à faire balayer et badigeonner les tracés de leurs visites officielles.
d) qu’aucun des ces messieurs et leurs supporters n’a pris la responsabilité de dire la vérité sur les catastrophes qui ont endeuillé notre peuple :
 les responsables ne sont ni les bureaux d’études, ni les entreprises, ni encore les cadres et agents techniques de l’administration publique :
 que la responsabilité est bien celle des pouvoirs publics.

Concitoyennes et concitoyens architectes,

Depuis 1999, MM. Bouteflika, Ouyahia et Hmimid (ainsi que son prédécesseur Tabboune) n’ont même pas daigné répondre à nos doléances ni cru en notre compétence, encore moins en notre sens du devoir national. Ils sont la cause de la déliquescence de notre profession :
 des conseils de l’Ordre des architectes, il subsiste que trois conseils locaux renouvelés conformément à la réglementation. De fait n’importe quel aventurier s’érige en institution et délivre au nom de l’Etat algérien l’habilitation d’exercer la profession. La prétendante et les prétendants à la magistrature suprême doivent savoir : que l’architecte algérien est loin d’être suicidaire !
L’architecte d’Algérie n’a jamais demandé que l’application de la législation et la réglementation du pays !
• Soyons du côté des candidats qui croient que la personne humaine est sacrée et s’engagent à la défendre !
• Soyons du côté des candidats qui croient en les compétences nationales.
• Ceux qui nous confieront la charge de bâtir notre pays et au lieu d’importer des bâtiments nous ouvriront les marchés extérieurs...
• Ceux qui nous permettront de garder notre presse de plus en plus libre.
• Ceux qui, à la place de la censure, encourageront la production et l’importation des œuvres intellectuelles.
• Ceux qui, vivant avec nous parmi nos concitoyens, savent et veulent que l’Algérien soit en mesure de faire de nos quartiers, villages et villes des cités radieuses !
En un mot, ceux qui croient que comme eux nous avons des projets pour notre bled ! Ce 8 avril, renvoyons le mauvais bulletin de vote à qui de droit pour qu’il libère les bureaux de la République !

Confraternellement

Pour le collectif des architectes pour la démocratie

Azedine Belahcene, El Watan