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Ouyahia annoncé au Maroc

dimanche 8 mai 2005, par nassim

Le Maroc ne désespère pas d’attirer les hauts responsables algériens d’ici l’été 2005 pour accélérer la réouverture des frontières terrestres. La presse marocaine annonce d’ailleurs la visite du chef du Gouvernement, Ahmed Ouyahia pour fin mai.

Ouyahia se rendra au Maroc.

L’attente marocaine semble patiente. Le roi du Maroc, Mohamed VI a lancé plusieurs signaux, ces derniers temps, pour renforcer les capacités d’accueil de la ville d’Oujda, en prévision d’une éventuelle ouverture des frontières. C’est ce dossier ainsi qu’un canevas économique qui semble tarauder les autorités marocaines. L’hebdomadaire « Tel-Quel », citant des sources diplomatiques, vient d’annoncer la visite d’Ahmed Ouyahia pour fin mai, à Rabat, et indique, se référant aux mêmes sources, que le Président Bouteflika viendra au Royaume pour l’été afin d’entériner la décision qui serait déjà prise pour rouvrir les frontières. Le profil bas adopté par la presse marocaine et que semble orchestrer depuis le palais royal, les « amabilités » des leaders de la classe politique marocaine à l’égard d’Alger et les contacts économiques prometteurs au niveau des hommes d’affaires des deux côtés de la frontière, entérinent les grands espoirs que fond Rabat sur une réouverture rapide des frontières.

Même après la déclaration à Paris du Président Bouteflika, une semaine après son tête à tête avec le souverain marocain, indiquant que « le processus prendrait plusieurs mois » a été pris positivement par les Marocains qui estiment qu’il faut laisser du temps au Président algérien de faire admettre l’idée d’un dégel spectaculaire avec le Maroc. L’attitude marocaine semble boostée par les craintes de voir la saison estivale 2005, échapper aux commerçants et opérateurs économiques frontaliers, grands bénéficiaires d’un éventuel rush des touristes algériens. La manne financière qui se déversait seulement en période estivale sur Oujda et les villes frontalières, estimée à 800 millions de dollars par des experts, a basculé à l’est vers le voisin tunisien qui guette, avec appréhension une réouverture des frontières, synonyme de pertes sèches dans le secteur touristique tunisien.

Le commerce des régions de la province d’Oujda, comme Nador, Djerada, Figuig, Taour Saidia ou Berkane, est sinistré selon la Chambre de commerce et d’industrie d’Oujda (CCIS) qui évoque 93% des opérateurs marocains en situation de crise. La contrebande qui est florissante estimée à 600 millions d’euros par an reste bien supérieure au volume d’échange commercial entre les deux Etats qui navigue au-dessous des 200 millions de dollars. Même si les produits circulent dans les deux sens, faisant des 500 km de frontières communes, une barrière poreuse, Oujda risque de ne pas survivre éternellement à une autre année de vaches maigres malgré l’activité incessante des passeurs. C’est pour ces raisons que les sources politiques, diplomatiques et économiques marocaines multiplient les ballons-sondes comme celui annonçant la venue, en visite privée, du Président Bouteflika à Fès pour la célébration de la circoncision du fils de Mohamed VI, le prince Moulay Al-Hassan.

Tous les indices allant dans le sens d’une réouverture sont scrutés avec précaution. Il en a été ainsi de la tournée du patron des Renseignements généraux marocain, Abdeldjalli Abdoun pour inspecter les installations frontalières notamment le poste-frontière côté marocain de Zouj-Bghal. La nomination de Mohamed M’Barki à la tête d’une nouvelle agence de développement de l’est marocain et la relance de l’autoroute Oujda-Fès, donne du crédit, côté marocain, sur le fait que le principe d’une réouverture des frontières est imminent.

Ainsi la presse marocaine annonce, également, une rencontre au sommet Bouteflika-Mohamed VI pour le mois de juillet à Figuig. Une manière probablement d’inciter les Algériens à accélérer la décision d’alléger l’étranglement de la partie orientale du Maroc.

Après la levée des visas, le processus de normalisation ne semble pas pour autant une question de semaines.

Par Mounir B., quotidien-oran.com