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OMC : Accord sur les tarifs agricoles

jeudi 5 mai 2005, par nassim

La sensibilité du dossier agricole dans les négocations entre membres de l’OMC est telle que l’accord conclu sur les droits de douane agricoles est une avancée prometteuse.

Les ministres du commerce d’une trentaine de pays membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC),

L’agriculture, un sujet sensible au sein de l’OMC.

réunis à Paris mercredi 4 mai, en marge de la réunion annuelle de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), sont parvenus à un accord sur les tarifs agricoles, donnant un nouvel élan aux négociations commerciales sur la libéralisation du commerce. Pour sa première prestation sur la scène internationale, le nouveau représentant des Etats-Unis pour le commerce, Rob Portman, confirmé à ce poste il y a à peine une semaine par le Sénat, a ainsi pu mesurer in vivo l’importance et la complexité de la question agricole dans les négociations commerciales et l’influence du Brésil dans ce domaine.

L’agriculture est, depuis le lancement du cycle de Doha (Qatar), en 2001, le sujet qui fâche entre les pays du Nord, gros consommateurs de subventions et ceux du Sud qui en pâtissent. Depuis plusieurs mois, la question de la conversion des droits de douane, sujet très technique mais crucial pour la suite des négociations, bloquait toute avancée.

Ces droits sont souvent exprimés en euros ou en dollars par tonne de marchandises à l’entrée d’un territoire. Or le cycle de Doha prévoit qu’ils soient exprimés en pourcentage, pour pouvoir comparer les pratiques des différents pays. Si les droits de douane agricoles ont baissé de 30 % à 16 % en vingt ans, ceux des pays riches restent "deux à quatre fois plus élevés que les droits industriels" , affirme la Banque mondiale.

Le Brésil, notamment, faisait d’un accord, symbole selon lui du protectionnisme agricole des pays riches, un préalable à la poursuite des discussions sur les autres dossiers comme les services ou les tarifs industriels. Avec en ligne de mire l’Union européenne, qui détient le record des tarifs spécifiques concernant quelque 7 000 produits. Et un intérêt particulier : un plus large accès et à moindre prix de ses exportations de poulet, de boeuf ou de riz vers l’Europe.

La réunion notamment du "club des Cinq" (Brésil, Inde, Australie, Etats-Unis, Union européenne) a vu le triomphe de la diplomatie de la calculette. C’est de l’Union européenne qu’est venu un compromis qui, selon le commissaire européen au commerce, Peter Mandelson, "préserve pleinement" les intérêts de l’UE.

Rob Portman a qualifié le mouvement de l’UE de "positif" . Le sujet est "compliqué et technique mais absolument essentiel. Il aurait été difficile d’envisager de progresser sans une méthodologie précise pour calculer les tarifs, a-t-il dit. L’agriculture est le moteur de ces négociations et je mesure que ce moteur a besoin d’un tour de manivelle" .

Le ministre brésilien des affaires étrangères, Celso Amorim, satisfait du résultat a précisé que cet accord était une condition "nécessaire mais pas suffisante" pour préparer le terrain de la conférence ministérielle de l’OMC mi-décembre à Hongkong.

Pour M. Mandelson, "la route est maintenant dégagée" . Reste à connaître la déclivité de sa pente. Elle risque d’être forte. Le Brésil a profité de la réunion parisienne pour apporter son soutien à l’Uruguayen Carlos Perez del Castillo au poste de directeur général de l’OMC. Une raison supplémentaire pour raviver les tensions entre le Nord et le Sud.

Par Babette Stern, lemonde.fr