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Les grandes ambitions du Wi-Fi

vendredi 22 avril 2005, par nassim

En quelques années, l’Internet sans fil est devenu synonyme de Wi-Fi. C’est particulièrement le cas de la France où la progression des internautes surfant en Wi-Fi à la maison a été particulièrement rapide.

De moins de 1% en 2003, on est passé à 5% en 2004 et 11% déclarent vouloir s’équiper rapidement. Par ailleurs, l’Hexagone se classe au quatrième rang mondial en nombre de points d’accès ouverts au public, soit environ 3700. Mais ce chiffre équivaut d’autant moins à un réseau qu’il faut se trouver dans un rayon de quelques dizaines de mètres si l’on veut se connecter.

Beaucoup d’opérateurs classiques voient donc dans le Wi-Fi une technologie de complément, pour boucher les trous, ici de l’ADSL dans l’accès Internet fixe, là de la 3G dans l’accès mobile. Et ce d’autant plus qu’on nous promet déjà un Internet sans fil encore plus costaud, le WiMax. Intel, principal artisan de la démocratisation du Wi-Fi, vient d’ailleurs de lancer sa première puce conçue pour ce successeur potentiel, capable, en théorie, d’offrir un débit de 70 megabits par seconde sur une portée de 50 kilomètres (moins en réalité).

Malgré cela, le Wi-Fi conserve ses inconditionnels. Lesquels affirment que cet accès radio à courte distance peut être facilement déployé à l’échelle d’une ville pour offrir, au même prix, un accès Internet fixe et un accès mobile. C’est notamment le cas de la société américaine Tropos, autoproclamée n°1 mondial du « meshnetworking ». Ces « réseaux maillés adaptatifs » sont composés d’un nombre limité de sources internet à haut débit, et de multiples relais qui communiquent entre eux par radio. A la différence des réseaux Wi-Fi classiques, les "hot spots" ne sont donc pas reliés à Internet via une liaison fixe, ce qui permet de réaliser des économies. En plus, ils sont autonomes, et capables d’établir un autre chemin de transmission en cas de problème. D’où leur nom de « routeur ».

Le résultat, selon Tropos, c’est qu’il suffit de placer quelques routeurs sur des lampadaires, à raison de 10 à 15 par km2, pour permettre à une ville de 7500 habitants comme Chaska (Minnesota), d’offrir un accès Internet d’1 Mbps sur tout son territoire, y compris dans une voiture roulant à 100 km/h. Le tout pour 550.000 dollars. Autant de raisons qui ont conduit des municipalités américaines à retenir la solution du meshnetworking quand il s’est agi de doter leurs services de police ou de pompiers de nouvelles capacités de communications. Certaines découvrant après coup qu’elles pouvaient en plus proposer de l’Internet résidentiel à un prix très compétitif. Dans le cas de Chaska, les habitants paient ainsi à la municipalité un abonnement de moins de 16 euros par mois. Pas étonnant que ce mouvement, qui touche aussi des grandes villes, comme Philadelphie, ait éveillé les craintes des opérateurs télécoms. D’après Tropos, ils auraient même obtenu des lois restreignant l’activité d’opérateur des municipalités dans 18 Etats américains sur 50.

En France aussi, le Wi-Fi cherche à sortir de son ghetto. « Ce n’est pas un Internet du pauvre réservé au monde rural, proclame ainsi Rafi Haladjian, le patron de l’opérateur alternatif Ozone. C’est au contraire la prochaine génération de l’Internet ». Cette révolution annoncée, qu’il a baptisée « réseau pervasif », va fusionner l’Internet fixe à haut débit et la téléphonie mobile, avec possibilité de se connecter partout et avec une variété d’appareils. Pour ces usages multiples, le réseau filaire serait disqualifié faute de mobilité, et la 3G carrément « ringarde » tant pour ses débits trop faibles que pour son mode de facturation exorbitant. Resterait donc le Wi-Fi, sans doute encore imparfait, mais solution la moins coûteuse et la plus adaptée pour construire les réseaux ad-hoc, selon lui. Déjà fournisseur d’accès Internet fixe, Ozone s’apprête ainsi à proposer un service de téléphonie sur Internet, avec un appareil Wi-Fi pour appeler et être appelé dans toutes les zones déjà couvertes et à venir. Un travail d’évangélisation à base de marketing viral qui rappelle celui de Skype, un autre trublion de l’Internet.

Par Yves Adaken, lexpansion.com