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Les effets spéciaux des fans de Star Wars

vendredi 29 avril 2005, par nassim

Des milliers de fans de Georges Lucas se sont retrouvés le week-end dernier pour un congrès à Indianapolis, avant la sortie sur les écrans de l’ultime épisode de la saga Star Wars.

Ni un photomontage, ni

La fête en attendant Star Wars III.

un bal costumé, encore moins un homme-sandwich vantant les mérites d’une armure anti-émeute. C’est tout simplement la panoplie de base, celle d’un Stormtrooper, un guerrier de l’Empire, porté par un fan de La Guerre des étoiles. Il s’appelle Stan Babinski, est originaire de la Nouvelle-Orléans et a consenti à enlever son casque futuriste pour pousser gentiment sa fille de 2 ans sur une poussette qui, du coup, semble vieillotte. Le week-end dernier, à Indianapolis, ce bon Américain faisait partie des quelque 30000 fans de La Guerre des étoiles réunis pour la troisième édition d’une convention consacrée à la saga intergalactique la plus populaire de l’univers, celle inventée et mise en scène par George Lucas. Au programme, le réalisateur en personne et des courses d’obstacles avec des robots inspirés du fameux modèle R2-D2.

Quatre jours de célébration intense pour préparer la sortie « historique », le 19 mai, aux Etats-Unis, quatre jours après sa présentation officielle au Festival de Cannes (lire notre encadré), du troisième et ultime épisode de la série, dont le titre est lourd de menaces : Star Wars : épisode III, la revanche des Siths. En effet, ce volet est en quelque sorte le chaînon manquant pour (enfin) comprendre l’histoire assez complexe de cette trilogie et, surtout, saisir pourquoi le héros Nanakin Skywalker passe du côté obscur de la force et devient Dark Vador...

Pour faire plus simple, autant dire qu’avec cette « revanche des Siths », George Lucas joue gros et a lui-même une certaine revanche à prendre. Notamment contre les caciques d’Hollywood qui ont failli avoir sa peau en 1977 : deux semaines avant la fin du tournage de La Guerre des étoiles, la 20th Century Fox coupa le budget. Il y avait aussi tous ceux qui disaient qu’il était plus préoccupé par ses recettes que par l’écriture d’une aventure qui ne lui appartenait déjà plus. Plus de vingt ans après, en 1999, La Menace fantôme, premier volet de la nouvelle trilogie, rapportait la bagatelle de 925 millions de dollars.

Un succès planétaire qui donna raison à George Lucas et à son producteur Rick McCallum de travailler pour leur propre compte et de laisser Hollywood venir à eux. Ce qui ne les empêcha pas d’être étrillés par la presse et par la majorité des fans, qui avaient sans doute trop attendu (presque seize ans !) pour être surpris par cette saga dont ils avaient fini par croire qu’elle leur appartenait.

Ce tourbillon de folie autour de Star Wars s’est accéléré avec la surchauffe d’Internet que les pontes de Lucas Films Ltd ont bien du mal à maîtriser en 2005. Du coup, cette convention d’Indianapolis, bien organisée et structurée, est idéale pour mesurer l’attente des fans avant la sortie d’un épisode fatal et, surtout, pour canaliser les apprentis sorciers qui s’inspirent largement de la série pour créer la leur sur le net. En effet, derrière le côté folklorique de cette convention qui réunit même des fans d’Europe et du Japon, se cache un enjeu beaucoup plus sérieux dans lequel l’interactivité se heurte aux droits d’auteur et au droit à la propriété - ce qui fait moins sourire Lucas Film.

Après l’annonce en décembre dernier d’un « Concours Star Wars » sur le net autorisé par George Lucas lui-même, les internautes se sont rués sur TheForce. net pour découvrir une cinquantaine de films amateurs qui n’ont pas été présentés à la convention d’Indianapolis. Motif invoqué par le directeur de marketing de LucasFilm : la protection des droits.

« Nous aimons nos fans, nous voulons qu’ils s’amusent, a-t-il déclaré. Mais si on utilise nos personnages pour créer une autre histoire, ce n’est plus du tout dans l’esprit d’un fan club tel que nous le concevons. »

Du coup, les fans d’Indianopolis n’ont eu droit qu’à des minidocumentaires ou à des pastiches du style Star Wars Gangsta Rap. Un brutal retour à la réalité pour pas mal d’entre eux, qui, en inventant des clones de Star Wars, ne pensaient pas « détruire la mythologie ni gagner de l’argent ». Il faut dire qu’avec les progrès de la technologie par ordinateur, certains ont réussi à tourner leur propre film (on parle d’une centaine) avec d’étonnants effets spéciaux. Tout comme leur idole, George Lucas, qui, à ses débuts, fut un des premiers à utiliser l’ordinateur pour concevoir des effets spéciaux à prix réduits.

Reste que le réalisateur d’American Graffiti ne voit pas d’un très bon oeil cette technologie qui lui joue aujourd’hui des mauvais tours et protège tout naturellement sa grosse entreprise. C’est la seule chose qu’il puisse faire puisque les parodies et les pastiches sont protégés par le premier amendement de la Constitution américaine.

Par Jean-Luc Wachthausen, lefigaro.fr