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Le village de Lalallen (Draâ El-Mizan) en Kabylie

Un village en marge du développement

dimanche 14 mars 2004, par Hassiba

En Kabylie, tous les chemins montent. Ialallen, à Aït Yahia Moussa, village qui a enfanté un jour de décembre des années 1920, Krim Belkacem, “le lion du djebel”, est en marge du développement. Cette localité, dominée par un relief montagneux, fortement boisée, jouxtant le massif forestier de Boumahni, ressemble à toutes les autres belles régions de la Kabylie.

Malheureusement, ni sa faune ni sa flore ne sont exploitées. Ainsi, cette vaste contrée où s’égrènent d’innombrables noms prestigieux de combattants de la lutte nationale et même de participants aux accords d’Évian, n’arrive pas à sortir du sous-développement tout comme la municipalité à laquelle elle est rattachée. Car, faudra-t-il le dire, dans toute la région, aucune réalisation économique n’a vu le jour.

À commencer par le chemin communal la reliant, d’un côté, à Draâ Ben Khedda, et de l’autre, à Oued Ksari. Cet axe se rétrécit d’année en année à cause de l’érosion des terres et de l’écoulement des eaux pluviales.
Quant à l’agriculture, elle est limitée à la culture oléicole qui, d’ailleurs, est insuffisante et ne nourrit plus toutes ces familles gagnées par la pauvreté. La plupart des oliviers ont été décimés par les feux de forêt, et l’on sait que rien n’a été fait pour désenclaver cette localité. L’école primaire du village n’est pas en reste malgré les quelques réfections engagées ici et là.
Certes, ce village a bénéficié d’un bureau de poste, mais celui-ci est fermé depuis près de dix-huit mois à cause de l’insécurité. Les Iallalis doivent faire tous ces kilomètres juste pour retirer une lettre recommandée. La salle de soins fonctionne tant bien que mal.

D’ailleurs, tout comme toutes les autres salles de la commune, elle continue à rendre d’énormes services aux patients. Car, dans les autres cas, le citoyen doit se déplacer jusqu’à Oued Ksari ou encore jusqu’à Draâ Ben Khedda, juste pour un pansement ou une injection.
Même si ces infrastructures de base présentent des insuffisances, il n’en demeure pas moins que ce village accuse un manque considérable en matière d’alimentation en eau potable. il suffit de se rappeler les fois où les villageois avaient fermé la mairie de leur commune, notamment l’été dernier.

Le projet de forage de Kantidja a accusé dix ans de retard.
De promesse en promesse, les “fils de Krim Belkacem” commencent à désespérer. Bien que ces habitants souffrent du manque de réseau d’assainissement, de revêtement des pistes, ils placent ce problème épineux en tête de leurs préoccupations. Le mouvement associatif est en hibernation faute d’aides financières.

Même l’association Tarwa n’krim Belkacem qui veut coûte que coûte perpétuer l’œuvre historique du “lion du djebel” ne trouve pas assez de moyens. Par ailleurs, il est à ajouter que le chômage touche de grandes couches de la population à telle enseigne que des dizaines de jeunes recourent à la vannerie ou encore à la transformation du bois en allant le chercher dans cette forêt parsemée de mines, au péril de leur vie.

Les listes des demandeurs de la prime de scolarité donnent une idée précise sur cette réalité amère. Cela étant, rien ne présage de la sortie de cette région enclavée du sous-développement tant que rien n’est destiné à cette population en détresse.

Par Ghilès O., Liberté