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Le taux de chômage en Algérie jugé irréaliste

vendredi 25 janvier 2008, par Samir

Le taux de chômage officiel en Algérie serait de 11,8% selon le gouvernement mais serait près du double selon plusieurs économistes.

Tayeb Louh s’exprime sur le taux de chômage en Algérie.

Dernière annonce inédite du gouvernement, le chômage affecterait 1,24 million de personnes contre 1,26 en 2006, ce qui donne un taux de chômage de 11,8% en Algérie. Selon le Conseil de gouvernement, la situation de l’emploi s’améliore et le chômage qui touchait 12,3% de la population active en 2006, se réduit. Selon les pouvoirs publics, la population active évolue au taux de 2,5% depuis 1999 et est estimée à 10,51 millions en milieu d’année 2007. Ainsi, la population occupée s’élève à environ 9,27 millions, soit une augmentation de 2,9% par rapport à 2006. Selon l’Office national des statistiques (ONS), la population active était estimée à la fin 2006 à 10,1 millions de personnes, soit un taux d’activité de 42,5%. Quant à la population active en chômage ou population active à la recherche d’un emploi, elle était estimée à 1.240.800 personnes en octobre 2006, soit un taux de chômage de 12,3% (voir encadré). En une année, le taux de chômage a diminué de 0,5%, selon l’ONS. Il était de 30% voilà quelques années. Or, selon cette évaluation, ces taux de chômage feraient pâlir d’envie les pays développés qui peinent eux à réduire le chômage. Ils reclassent l’Algérie non plus comme un pays sous-développé mais comme un pays surdéveloppé et qui a résolu ses problèmes de développement. Pour les économistes et même pour le grand public, la question mérite réflexion.

Pour divers spécialistes, cette méthodologie méconnaît cependant le nombre de personnes qui travaillent dans l’informel, au noir. A ce propos, la Banque mondiale avait estimé récemment que le taux de chômage en Algérie est de 24%, en raison notamment de l’informel et des petits boulots. Or, la méthodologie de l’ONS et sur laquelle se base le gouvernement omet la nature précaire, limitée, des emplois existants. Des emplois financés par des ressources budgétaires en hausse grâce à la montée des cours du pétrole. Elle évalue mal le nombre d’universitaires diplômés ou encore scolarisés en quête de travail. Elle sous-estime également la population féminine en âge de travailler et réellement en chômage dont le nombre dépasse le chiffre avancé par l’ONS. Voire, il est reproché à cette méthode de calcul de conforter non une politique de création d’emplois productifs mais une gestion du chômage. Or, en l’absence d’une structure de statistiques indépendante, « libre, certifiée, auditée », selon l’économiste et universitaire Abdelhak Lamiri, ce taux de 11,8% « semble exagéré ». Il « ne reflète pas la réalité », affirme cet universitaire qui s’interroge sur la pertinence des nombres avancés quant à la population active, occupée et en chômage.

Synthèse de Samir, www.algerie-dz.com
D’après Le Soir d’Algérie