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Le spectre du dollar faible plane sur l’Algérie

jeudi 4 novembre 2004, par nassim

La politique de change US sous l’actuel président des États-Unis a des répercussions négatives sur les importations et la dette de l’Algérie.

La répétition du scénario de 2000, quand l’absence de vainqueur durant 36 jours avait fait chuter le Dow Jones, inquiète autant la place financière qu’une éventuelle victoire de John Kerry. Wall Street exprime clairement sa préférence pour George Bush. Des baisses d’impôts et moins de régulations sont les propositions qui conviennent parfaitement aux établissements financiers et aux grandes entreprises.

M. Bush s’est engagé à rendre permanentes les diminutions d’impôts, et notamment ceux sur les dividendes et les plus-values qui favorisent directement les investisseurs. Le président sortant a fait le choix de la croissance plutôt que de l’orthodoxie budgétaire. Ce comportement est, en général, favorable aux actions, moins au dollar et aux obligations. D’ailleurs le budget fédéral, qui dégageait un excédent proche de 1,5% au cours de l’exercice 2001, s’est soldé par un déficit de 3,5 % en 2003, et peut-être de 4,5%, note l’Ocde. Cette rapide dégradation est imputable à la forte baisse des rentrées fiscales à la suite de la récession et de la disparition de la bulle boursière, conjointement aux réductions d’impôts et à la rapide augmentation des dépenses au titre de la défense et de la sécurité intérieure et autres dépenses discrétionnaires. Le déficit extérieur a atteint des niveaux sans précédent et s’établit actuellement aux alentours de 5% du PIB. Du coup, les observateurs soutiennent que les autorités américaines sont tentées de laisser filer (dévaluation) le billet vert pour améliorer la compétitivité des États-Unis et limiter l’accroissement du déficit commercial. La dépréciation de la monnaie américaine par rapport à l’euro a un impact direct sur l’économie algérienne. Si elle se maintenait dans la durée, elle ne serait pas sans effets sur le renchérissement des prix des produits importés facturés en euros (60% des importations de marchandises) et sur l’encours global de la dette extérieure (libellé à hauteur de 28% en monnaie européenne).

À la fin 2003, l’encours de la dette extérieure à moyen et long termes a augmenté de 632 millions de dollars par rapport à celui de 2002 estimé, lui, à 22,571 milliards de dollars. Il a atteint 23,203 milliards de dollars. Cette augmentation est due essentiellement à l’effet de valorisation inhérent à la dépréciation du dollar américain par rapport aux autres devises. L’effet négatif de la dépréciation du dollar américain, à partir de mai 2003, sur l’économie nationale est resté limité grâce à la gestion des réserves de change menée par la Banque d’Algérie, qui a intégré ce retournement des marchés de change internationaux en termes de parité euro/dollar. Les principales devises composant la dette extérieure restent le dollar (39 %), l’euro (35 %) et le yen (12 %), alors que sous l’angle géographique, l’Europe vient en tête avec 65 % et l’Amérique du Nord a une part relative de 14 %. La tentation des États-Unis de résoudre leur déséquilibre par la poursuite de la dévaluation compétitive du billet vert risque de compliquer la donne. D’où l’urgence des réformes structurelles à même de booster les exportations hors hydrocarbures. La dépendance de l’économie algérienne des seules ressources des hydrocarbures, libellées en dollars, et dont les prix sont volatiles, la rend très vulnérable.

Par Meziane Rabhi, Liberté.