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Le secteur du BTP en Algérie face aux réseaux mafieux

lundi 26 octobre 2009, par Rédaction

Plus de 35% des firmes étrangères versent des pots-de-vin pour obtenir des marchés publics dans le secteur du BTP en Algérie.

Le secteur du BTP en Algérie face aux réseaux mafieux.

A la faveur de l’ouverture sur le marché mondial, l’économie algérienne est de plus en plus minée par le fléau de la corruption qui, vraisemblablement, infeste tous les secteurs d’activité. Cette réalité, combien inquiétante, a prédominé les débats du colloque international qui se tient depuis hier à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, sous le thème « L’économie algérienne dans la mondialisation, atouts et contraintes ». Pour mieux décrire l’ampleur de la corruption, dont la mondialisation favorise l’expansion, Clotilde Champeyrache, maître de conférences à l’université Paris 8, avancera que « plus de 35% des représentants de compagnies étrangères travaillant avec l’Algérie déclarent avoir été obligés de payer des pots-de-vin pour obtenir des contrats publics », en se basant sur un rapport récent de la Banque mondiale. Cette universitaire de l’Hexagone, qui a présenté une communication sous le thème du « BTP en Algérie : anticiper les risques de privatisation de la richesse publique » mettra en garde contre les dérives criminelles susceptibles d’accompagner l’attribution des marchés publics. « En matière de marchés publics, le paiement de pots-de-vin devient un passage obligé auquel doit se soumettre l’entrepreneur isolé face à des fonctionnaires organisés pour prélever un pourcentage à chaque étape administrative », relèvera-t-elle.

Les entreprises étrangères sont particulièrement présentes dans le domaine des fournitures pour le secteur comme le ciment dont les importations dépassent les 350 000 t par an, l’acier, les matériaux et autres équipements pour revêtement, plomberie, électricité et quincaillerie », ce qui peut s’avérer un terrain favorable à l’émergence des pratiques mafieuses. « La mafia prend la forme d’un réseau d’entreprises légales par son activité mais de propriété mafieuse qui drainent et exploitent les ressources financières, matérielles ou immatérielles en excluant les non-mafieux. » Ces réseaux provoquent, dans certains cas, des pénuries artificielles afin de dresser des obstacles devant les entreprises honnêtes afin que « les entreprises possédées par la mafia réussissent à drainer la quasi-totalité des appels d’offres », a ajouté ce professeur d’université qui suggérera que « les effets positifs de l’investissement massif de fonds publics par l’Etat algérien pour réaliser de grands travaux de construction ne doivent pas masquer les risques criminels inhérents aux marchés publics. Pour leur part, Sabrina Amnache-Chikh et Nadia Dorbane, enseignantes à la faculté des sciences économiques de Tizi Ouzou, présenteront la communication « La corruption et l’économie rentière, la possibilité d’une articulation », à travers laquelle elles feront ressortir qu’en matière d’efficacité du gouvernement, l’Algérie, où 38% des entreprises reconnaissent qu’elles versent des pots-de-vin, reste à la traîne devancée par la Tunisie et le Maroc, et ce, malgré l’engagement de l’Algérie à lutter contre la corruption, à travers la loi 06-01 de 2006.

Synthèse de Mourad, www.algerie-dz.com
D’après El Watan