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Le poids de l’économie informelle en Algérie inquiète

vendredi 16 mai 2008, par Rédaction

L’Algérie souffre du poids important de l’économie informelle contre laquelle le gouvernement semble incapable d’agir.

l’économie informelle et l’Algérie.

Une grande partie des dossiers relatifs au niveau de vie des populations, au niveau des salaires, au recouvrement de la fiscalité, à la qualité des produits commercialisés, à la santé des citoyens et à la crise qui menace la Caisse nationale des retraites se heurtent à un « monstre » dont on a toutes les peines du monde à définir les contours et démonter les mécanismes. Il s’agit, comme on peut le deviner, de la part ignorée de l’économie nationale, c’est-à-dire l’underground informel par lequel transitent d’immenses capitaux et se constituent de mirobolantes fortunes. Les activités parallèles emploieraient, selon des estimations officielles qui n’aiment pas dramatiser la situation, quelque 1 300 000 personnes entre « emplois directs » et « emplois indirects ». Le phénomène de l’économie informelle en Algérie par lequel le travail au noir a reçu ses « lettres de noblesse » a pris dans notre pays de telles proportions que le président de la République avait, en 2004, tiré la sonnette d’alarme. Il était question qu’une étude spécifique soit menée sur cette gangrène de façon à la circonscrire sur les plans juridique, technique et stratégique. L’âpre réalité ne peut laisser indifférents les décideurs, d’autant qu’une constante propension vers le pire semble se dessiner : un accroissement moyen annuel de 8% est enregistré au niveau des populations nouvelles accédant à ce type d’activités.

Au mépris de la législation algérienne, des lois de l’Organisation internationale du travail et des règles primaires de la dignité humaine et de l’ergonomie, des adolescent(e)s, et parfois des enfants, sont enrôlés dans des ateliers clandestins ou des chantiers de travaux loin des regards chastes de l’administration. Fragilisée par le chômage endémique en Algérie, l’échec scolaire et la bureaucratie, une partie de la population algérienne, maillon faible de la société, en est réduite à accepter n’importe quel boulot et à n’importe quel prix pour sauver la face pendant quelques mois ou quelques années. Les « preneurs » ne manquent pas. Ils sont secrétés par la période de transition de l’économie algérienne caractérisée par le bazar et l’activité souterraine. L’ancien ministre des finances, A. Benachenhou, nous donne la consolation que le secteur informel a « permis à des populations de vivre ». Il sait pourtant avant tout le monde et mieux que quiconque que la médaille - momentanément luisante - possède son revers autrement plus douloureux et plus dramatique qu’on ne l’imagine à première vue. Le montant de l’évasion fiscale en Algérie qui se chiffre ainsi en dizaines de milliards de dinars aurait pu certainement contrebalancer la part des recettes en hydrocarbures dans l’élaboration de la loi de finances et servir de levier à de nouveaux investissement, eux-mêmes créateurs d’emplois...légaux. Et puis, par symétrie au vieil adage des financiers qui dit que « trop d’impôts tue l’impôt », un recouvrement inique d’impôts - qui s’exerce sur les activités productives et commerciales régulières - risque de tuer l’économie structurée. Un emploi non déclaré ou une marchandise non facturée (ce qui représente environ 30% de l’activité commerciale) sont un immense manque à gagner pour le fisc et un poison ingénieusement distillé aux activités légales.

Synthèse de Mourad, www.algerie-dz.com
D’après le jour d’Algérie