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Le chèque obligatoire en Algérie

mardi 5 septembre 2006, par Souad

Pour lutter contre le blanchiment d’argent, le gouvernement a pris une série de mesures dont l’obligation d’utiliser le chèque dans les transactions commerciales supérieures ou égales à 50.000 dinars.

Le chèque obligatoire en Algérie

Destinée à la lutte contre le blanchiment d’argent, la réhabilitation du chèque n’est pas encore appliquée par tous les commerçants et les entreprises d’Algérie. « On n’a pas encore commencé à exiger le chèque dans le paiement des factures de plus de 50.000 dinars, mais on ne vas pas tarder à le faire », avoue un cadre supérieur dans une entreprise publique. A Oran, les grossistes des produits alimentaires disent la même chose, mais avec beaucoup de réserves. « Pour le moment, nos fournisseurs n’exigent pas le chèque, ils veulent du liquide. Il faut d’abord exiger des importateurs d’utiliser le chèque, de payer les impôts. Les autres commerçants vont suivre », estime un grossiste dans les produits d’hygiène.

A côté de lui, le gérant d’un magasin de produits alimentaires anticipe déjà les conséquences négatives de l’application de cette mesure. « D’abord, pour l’instant, on n’a rien reçu pour utiliser le chèque. Si l’Etat nous oblige à utiliser le chèque, ce sera la catastrophe. On va fermer et changer d’activité ». Un autre grossiste enchaîne : « Si les importateurs acceptent le chèque pour les paiements, il n’y aura pas de problèmes, on va utiliser le chèque. Seulement, les prix des produits vont doubler. Rien que la TVA, c’est 17% ». D’autres entreprises ont toutefois aussitôt commencé à appliquer cette mesure, dont les contrevenants risquent des amendes de 50.000 dinars à 500.000 dinars. « Pour le paiement d’une commande d’achat d’acier auprès de Mittal Steel (ex-SNS), cette entreprise a même refusé un virement bancaire et m’a exigé un chèque », témoigne le gérant d’un magasin de matériaux de construction.

Mais les barons de l’économie informelle en Algérie ne semblent pas encore affectés par l’entrée en vigueur de cette mesure. Comme en témoigne l’activité importante au niveau des marchés d’El-Eulma, Tadjenanet, El-Hamiz et Mohammadia. Ces marchés sont considérés comme de véritables paradis fiscaux en Algérie. La mesure inquiète aussi les entreprises publiques et privées qui respectent la réglementation et tiennent une comptabilité. « Le retour du chèque va nous faire perdre des clients importants, regrette un cadre dans une entreprise publique. L’essentiel de notre chiffre d’affaires se fait avec des clients qui louent des registres de commerce. C’est une bonne mesure, mais son application ne sera pas facile. Sauf pour les entreprises sérieuses qui tiennent une comptabilité ». Des appréhensions partagées par de nombreux opérateurs économiques qui s’inquiètent des fraudes sur les chèques de banque.

Synthèse de Souad, algerie-dz.com
D’après le Quotidien d’Oran