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Le Japon serait prêt à renoncer à Iter

mercredi 4 mai 2005, par Hassiba

Après plusieurs mois de bras-de-fer avec l’UE, le Japon est disposé à renoncer à accueillir le réacteur expérimental de fusion nucléaire Iter, au profit du site français de Cadarache, affirme mercredi un quotidien nippon, précisant que les négociations sont "dans la phase finale".

"A ce stade, les négociations

Rokkasho-mura, Japon.

se dirigent vers la conclusion d’un accord entre le Japon et l’UE ce mois-ci", a déclaré une source gouvernementale japonaise au Yomiuri Shimbun.Selon le Yomiuri, citant des sources gouvernementales, Tokyo négocie désormais avec une option "de renoncer à sa candidature pour construire le réacteur nucléaire à Rokkasho-mura", dans le nord du Japon. "En conséquence, il est maintenant hautement probable que le réacteur sera construit à Cadarache, en France, plutôt que sur le site proposé par le Japon à Rokkasho-mura", ajoute le journal.

En échange, le Japon obtiendrait des compensations : ainsi, les entreprises du pays non hôte, donc japonaises, se verraient allouer 20% des contrats de construction d’Iter, suivant une proposition de Tokyo de septembre 2004.

Les deux camps s’opposent depuis des mois sur le choix stratégique du site d’Iter, un projet lancé par l’UE, le Japon, les Etats-Unis, la Russie, la Chine et la Corée du Sud.

Dans cette âpre compétition, l’UE se bat, avec le soutien des Russes et des Chinois, pour le site de Cadarache, dans le sud de la France.

Les Japonais, qui bénéficient de l’appui des Etats-Unis et de la Corée du sud, défendent chez eux celui de Rokkasho-mura.

Le ministre japonais des Affaires étrangères Nobutaka Machimura doit aborder le dossier Iter mercredi à Paris avec son homologue français Michel Barnier.

Le porte-parole du ministère japonais des Affaires étrangères, qui accompagne M. Machimura à Paris, a indiqué mardi que le Japon n’avait "pas arrêté de politique ou de décision sur cette question".

"Notre position est d’avoir une discussion sur ce sujet avec les Français, nous n’avons pas d’autre politique arrêtée que de discuter et de négocier (...) afin d’arriver à une solution mutuellement acceptable pour le Japon et l’UE", a-t-il dit.

Toutefois, le président français Jacques Chirac a déclaré mardi à la télévision que la France était "sur le point d’obtenir l’implantation" du réacteur expérimental à Cadarache.

Lundi, Jeannot Krecké, ministre de l’Economie du Luxembourg, qui assure actuellement la présidence du Conseil de l’UE, avait indiqué que le Japon avait accepté de discuter la possibilité que le réacteur soit implanté en Europe.

Lors d’une récente visite à Tokyo du commissaire européen à la Recherche Janez Potocnik, les deux parties étaient convenues "d’accélérer les discussions" afin d’aboutir à un accord sur le site avant la réunion du prochain G8 début juillet en Ecosse.

Depuis la fin de l’an dernier, l’UE n’a pas fait pas mystère de sa volonté de lancer la construction d’Iter à Cadarache sans le Japon si aucun accord n’est rapidement trouvé.

Iter, un réacteur qui vise à apporter à terme une solution de rechange à la fission nucléaire en reproduisant la fusion de noyaux d’atomes, est un projet estimé à 10 milliards d’euros sur 30 ans, dont 4,57 milliards d’euros pour la seule construction du réacteur qui doit durer dix ans.

La construction d’Iter doit démarrer d’ici à la fin de l’année.

Source : AFP