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La stratégie industrielle de l’Algérie reste à définir

samedi 16 juin 2007, par Rédaction

La nouvelle stratégie industrielle de l’Algérie que le ministre Hamid Temmar prévoit de mettre en oeuvre dans les prochains mois, est critiquée par les experts et les patrons.

Hamid Temmar, le monsieur industrie de l’Algérie

La nouvelle stratégie industrielle risque d’être un gros ratage si des correctifs ne sont pas apportés. Il est vrai que le contexte actuel appelle à une nouvelle politique, mais les priorités doivent être prises en compte. Au tableau de bord, une productivité à l’état de stagnation, un taux d’utilisation des capacités des plus inférieurs, une croissance très faible en comparaison avec les ressources injectées. Autrement dit, le taux de croissance de l’Algérie flirte à peine avec la moyenne africaine qui est de 5 à 6%, tandis que d’autres pays développent une meilleure croissance sans pour autant faire appel à des plans de relance. C’est le premier constat de Abdelhak Lamiri, expert économiste et docteur en sciences de gestion en Californie (USA). Ce n’est pas tout. D’autres voyants sont au rouge. Explications : les exportations hors-hydrocarbures stagnent aussi ainsi que le secteur de recherche et du développement, le taux de création d’entreprises qui est des plus bas, soit 70 pour 100.000 habitants, alors que des pays touchent la barre des 300 entreprises pour la même proportion d’habitants. Cela dit, « tous les indicateurs fondamentaux sont très fragiles », fera remarquer Abdelhak Lamiri, interrogé, jeudi, par L’Expression.

Dans cet amalgame, l’avant-projet de stratégie industrielle est né car les responsables ne pouvaient pas rester les bras croisés. « C’était donc opportun de confectionner cette nouvelle politique industrielle », a-t-il estimé encore. Une autre critique : la stratégie telle qu’elle est conçue, est « trop orientée sur les investissements directs étrangers (IDE) ». Notre interlocuteur estime que cela constitue bel et bien l’un des correctifs à mener pour réviser cette stratégie industrielle. Selon Abdelhak Lamiri, il est impossible de redresser économiquement un pays se basant uniquement sur les IDE. Car, l’économie se développe aussi, qu’on le veuille ou non, grâce aux entreprises nationales, notamment privées. « Ce n’est pas uniquement la stratégie qui est trop orientée sur les IDE, mais surtout toutes les politiques économiques nationales qui sont orientées vers l’étranger ». Résultat : si on ne développe pas un capital et un privé national qui est appelé à se déployer ici et ailleurs, cela veut dire que d’ici quelques années, 80% des secteurs industriels et bancaires de l’Algérie seront entre les mains des étrangers. Et par conséquent, c’est un risque maximum et dangereux pour l’économie nationale, surtout lorsqu’on commence à rapatrier les dividendes. Après tout, « une stratégie industrielle ne peut fonctionner s’il n’existe pas une stratégie globale ». C’est l’autre maillon faible qui risque de faire tomber à l’eau cette nouvelle politique industrielle fabriquée par Hamid Temmar, ministre de l’Industrie et de la Promotion de l’investissement.

Synthèse de Rayane, www.algerie-dz.com
D’après l’Expression