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La mort annoncée du logiciel

vendredi 15 avril 2005, par Hassiba

Le succès de la vente du logiciel par abonnement est en train de bouleverser le modèle économique traditionnel.

Le principe est simple. Au lieu de payer d’un coup le prix d’une application, l’entreprise règle une mensualité à l’éditeur, en fonction du nombre d’utilisateurs, des options du programme et parfois du nombre de transactions ou de l’espace de stockage utilisé. "Cela revient à louer le logiciel au lieu de l’acheter. Ce qui réduit les risques pour l’entreprise et oblige l’éditeur d’être constamment sur ces gardes, en offrant à la fois un bon produit et service client, sous peine de perdre le client du jour au lendemain", insiste Mark Organ, le Pdg d’Eloqua, qui commercialise une solution de marketing "à la demande".

Ce nouveau marché du logiciel par abonnement, encore discret, et qui comprend la vente de logiciels à la demande sur Internet, devrait cependant atteindre, selon le cabinet IDC, la somme astronomique de 43 milliards de dollars en 2008. Un chiffre comparable aux ventes annuelles du champion du secteur, Microsoft, qui devraient surpasser cette année les 38 milliards de dollars. De quoi faire sérieusement réfléchir la firme de Bill Gates qui a récemment reconnu surveiller de très près ce secteur. "Le logiciel tel qu’il existe aujourd’hui est mort. Les utilisateurs en ont assez de payer des sommes considérables pour l’achat du logiciel pour ensuite se retrouver à payer à nouveau pour son installation (sans tenir compte du coût de la machine, ndlr), sa configuration et surtout son intégration avec les autres applications de l’entreprise", affirme Marc Benioff, le patron de Salesforce.com, pionnier de la gestion client par Internet depuis 4 ans.

Pourtant, le concept de la vente du logiciel "à la demande" n’est pas nouveau. Mais son adoption a d’abord été freinée par l’éclatement de la bulle Internet, qui a vu beaucoup des hébergeurs d’applications (ASP) déposer leur bilan. Or ce marché rebondit, comme en témoigne les récents succès, outre Salesforce.com, de Netsuite, ou encore Webex, qui commercialise un service de webconférence hébergé et compte des centaines de milliers d’utilisateurs. Même Microsoft a commencé à s’y mettre en testant une offre de son logiciel de messagerie Outlook accompagné d’un abonnement payant, de 45 dollars par an, à son service en ligne Outlook Live. "Microsoft, Oracle, SAP et Siebel ont tous des projets pour avoir leurs logiciels d’entreprise en mode ASP d’ici en 2008. Alors que nous sommes prêts dès aujourd’hui", ajoute Marc Benioff.

Le grand public reste pour l’instant à l’écart de ces grandes manoeuvres. Microsoft n’a en effet toujours pas développé de mécanisme pour distribuer facilement des applications vers des PC sous Windows. Or cette option existe déjà chez de nombreuses fournisseurs Linux, comme Linspire ou Xandros, avec un important catalogue d’applications disponible en ligne. S’il est donc exagéré de parler de la mort du logiciel - car il en faudra toujours pour faire fonctionner les machines - il est incontestable qu’une révolution est en marche pour améliorer son développement (logiciel libre) et sa commercialisation (à la demande).

Par Jean-Baptiste Su, lexpansion.com