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La demande chinoise de pétrole se tasse

jeudi 31 mars 2005, par nassim

« Qui dit pétrole dit désormais Chine ». Cette maxime, on le sait, est celle qui caractérise le mieux le marché pétrolier depuis la fin des années 1990.

La vigueur de la demande chinoise est en effet l’un des facteurs majeurs qui expliquent la flambée des cours du brut sur les marchés de Londres et de New York. Et pour bien anticiper l’évolution de cette demande chinoise en pétrole, les analystes ont jusqu’à présent concentré leur attention sur l’évolution globale de l’économie de l’empire du Milieu.

Il y a un an, lorsque Pékin a annoncé la mise en place de mesures destinées à « refroidir » l’économie -c’est-à-dire à limiter la croissance-, avec notamment des restrictions en matière d’octroi de crédits bancaires, les experts ont ainsi parié sur un recul automatique de la demande en pétrole. A tort, puisqu’en 2004, la croissance chinoise a atteint 9,5%, soit son niveau le plus élevé en huit ans, et les prix du brut ont dépassé la barre symbolique des 50 dollars. Mieux, selon un rapport du Centre de recherches sur le développement de Pékin, le Produit intérieur brut (PIB) chinois continuera de croître d’environ 8% entre 2006 et 2010. D’où une conclusion logique : la machine économique chinoise n’étant pas près de ce calmer, sa demande d’or noir devrait rester inextinguible. Pour mémoire, avec près de 6 millions de barils par jour (mbj), la Chine est d’ailleurs devenue le second consommateur mondial (encore loin) derrière les Etats-Unis (20 mbj), mais devant le Japon (5,5 mbj).

Mais ce raisonnement qui lie l’évolution de l’économie à la demande pétrolière, sans prendre en compte les fondamentaux des marchés, trouve rapidement ses limites. Car, comme viennent de le noter les analystes de la Société Générale, la demande chinoise en pétrole a connu « un net ralentissement en glissement annuel » en 2004, et cela malgré la vigueur de la croissance. Si au premier semestre, cette demande a connu un rythme moyen de 22%, elle n’a été « que » de 10% au second semestre. Et ces mêmes experts relèvent que ce n’est pas un affaiblissement de la croissance qui est à l’origine de ce ralentissement de la demande en pétrole, mais bien le niveau des cours sur le marché. « Si dans un premier temps, c’est surtout (la demande en) fuel lourd qui a reculé, les autres produits ont ensuite suivi la même tendance, y compris les distillats (gasoil et jet fuel), produits phares du marchés chinois », notent les experts. Et d’ajouter : « Le fuel lourd étant le seul produit raffiné à bénéficier d’une libéralisation des importations en Chine, il est logiquement le produit le plus sensible à la hausse des cours ».

Et le plus étonnant pour ces analystes est que le marché pétrolier « ne semble pas avoir pris conscience que la demande chinoise, principal moteur de la croissance de la demande mondiale (en pétrole), connaît des signes évidents d’essoufflement. Et surtout que cet essoufflement provient clairement d’un effet prix ». Et de conclure que le cours actuel de 50 dollars le baril est le niveau qui ajuste la demande à l’offre.

Faut-il alors prévoir que les prix vont se stabiliser, voire se replier ? Pas si sûr, dans la mesure où les fonds d’investissements qui interviennent sur le marché sont plus attentifs - pour le moment - à l’évolution de l’offre, laquelle demeure peu élastique. Mais à moyen terme, l’exemple chinois pourrait démontrer qu’un baril à 50 dollars n’est pas soutenable pour les pays consommateurs.

Par Akram Belkaïd, quotidien-oran.com