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La crise du livre en Algérie

vendredi 1er septembre 2006, par Samir

L’industrie du livre en Algérie traverse depuis plusieurs années une crise sans fin en raison des contraintes liées au secteur, notamment les lourdes taxes, la faiblesse des tirages et l’inefficacité de la distribution.

La crise du livre en Algérie.

De l’avis des professionnels du secteur, si le livre n’est pas moribond, il aurait besoin d’un sérieux coup de pouce de la part de l’Etat. Tous attendent, d’ailleurs, avec impatience la loi cadre annoncée par le ministère de la Culture. Il existe, en Algérie, des villes d’un million d’habitants, à l’instar de Saïda, qui n’ont ni bibliothèque ni librairie, affirme Assia Mousseï, présidente de la Ligue des écrivains de la différence (Ikhtilef). Quand on sait que l’éducation représente le premier budget de l’Etat, comment peut-on concevoir une université sans bibliothèque ? » Lazhari Labter, directeur des éditions Alpha, s’étonne, pour sa part, des faibles tirages de la production nationale. « Un titre est tiré en moyenne à 1000 exemplaires, soit moins d’un par commune !

Quant aux librairies, on estime qu’il y en a à peu près 160 sur tout le territoire, contre un peu plus d’une centaine d’éditeurs. C’est dire l’effort qui reste à fournir pour faire une industrie du livre digne de ce nom ! » Souvent désigné comme le principal responsable des maux de l’édition, le prix du livre est-il réellement en cause ? « On dit que le livre est trop cher, mais trop cher par rapport à quoi ?, s’interroge Abderrahmane Alibey, gérant de la librairie du Tiers-Monde. Que représentent 400 ou 500 DA quand les jeunes ont les moyens de s’acheter des téléphones à 5000 DA ? » Lazhari Labter partage cet avis. « Un livre importé, que l’on trouve à 15 euros en France, s’achète à 2 000 DA en Algérie. Et pourtant, les Algériens les achètent. Alors qu’on ne me dise pas que le livre va mal parce qu’il est trop cher ! Même si l’Etat décidait de fixer un prix unique à 200 DA pour tous les livres, je ne crois pas que les Algériens achèteraient davantage d’ouvrages... Il est temps de se poser de vraies questions. »

Pourquoi les Algériens manifestent-ils si peu d’intérêt aux livres ? Libraires et éditeurs s’accordent à dénoncer un problème d’éducation. « Pendant 15 ans, nous avons eu d’autres priorités et nous sommes en train de le payer, analyse Assia Mousseï. L’illettrisme touche 40% à 50% de la population. Un enfant qui n’a rien d’autre entre les mains qu’un livre scolaire, comment pourra-t-il plus tard aimer la lecture ? » Une situation d’autant plus paradoxale qu’il existe bien en Algérie « une culture du livre », comme le souligne Abderrahmane Alibey. « Mais ce sont les plus de 35 ans qui l’ont, parce qu’ils ont appris le français. Ils connaissent Zola, Voltaire, Hugo... A l’époque où ils étaient jeunes, quand ils devaient préparer des exposés, ils entraient dans les librairies. » A ces lacunes se greffent ensuite des contraintes d’ordre économique.

Synthèse de Samir, algerie-dz.com
D’après El Watan