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La Fed hausse ses taux d’un quart de point

mercredi 23 mars 2005, par Hassiba

La Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé mardi 22 mars ses taux d’un quart de point pour la septième fois consécutive, et a laissé poindre pour la première fois depuis longtemps une inquiétude sur l’inflation, faisant immédiatement grimper le dollar et baisser la bourse.

Le comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a, comme prévu, porté mardi son principal taux directeur à 2,75 % mais le ton du communiqué publié à l’issue de la réunion a nettement changé par rapport à celui du mois de février.

Le FOMC s’est surtout inquiété de l’inflation et cet aveu - qui pourrait signaler à terme une hausse des taux plus agressive - a provoqué des turbulences sur les marchés financiers. La bourse américaine a viré au rouge, les prix des obligations très sensibles à l’inflation ont baissé et le dollar a grimpé.

"Bien que les attentes d’inflation à long terme restent bien contenues, les pressions sur l’inflation ont augmenté ces derniers mois", note le comité monétaire, qui signale que les entreprises ont désormais plus de facilité à répercuter les hausses de prix sur leurs clients.

Pour autant, la manière dont le communiqué est rédigé laisse entendre qu’un resserrement monétaire plus musclé n’est pas pour tout de suite.

CHANGEMENT "MESURÉ" DE POLITIQUE
Le FOMC a en effet repris son "mantra" de ces derniers mois sur un abandon "à un rythme mesuré" d’une politique monétaire qu’il continue de juger "accomodante", à savoir stimulante pour l’économie en jargon de banquier central.

Pour les marchés cette petite phrase signifie hausse d’un quart de point, comme la Fed l’a fait depuis juin 2004, le début du cycle de resserrement monétaire aux Etats-Unis.

Le comité monétaire estime également que pour l’instant les prix à la consommation ne sont pas affectés "de manière notable" si l’on en exclut l’énergie et l’alimentation, deux éléments très fluctuants.

"Le risque d’une hausse des taux plus rapide augmente, mais cela n’interviendrait que si l’inflation sous-jacente [hors énergie et alimentation] s’accélère", estime Stephen Gallagher, économiste à la Société Générale. Pour lui, en l’état actuel des choses, la Fed va encore relever ses taux d’un quart de point durant les deux prochaines réunions, en mai et en juin, avant de ralentir le rythme.

Marie-Pierre Ripert, d’IXIS CIB, juge que "la Fed va garder son rythme" de hausse des taux, mais l’experte n’exclut pas que les choses aillent plus vite si l’"inflation continue d’augmenter".

"PRESSIONS INFLATIONNISTES"
"Le language n’a pas beaucoup changé mais la Fed a fait un peu plus allusion cette fois-ci aux pressions inflationnistes", a renchéri Peter Cardillo, analyste boursier chez SW Bach. "Cela pourrait être une petite indication que la Fed pourrait devenir plus agressive à un moment ou un autre", a-t-il estimé.

Les marchés pourront se faire une idée dès mercredi avec la publication de l’évolution des prix à la consommation au mois de février. Mardi, le ministère du travail a annoncé une hausse de 0,4 % des prix à la production (les prix des producteurs pour les détaillants) en février, surtout en raison de la récente flambée des cours du pétrole. Sans ce facteur et hors alimentation, ils sont restés presque stables, ne progressant que de 0,1 %.

En outre, le FOMC juge que l’économie américaine évolue désormais à un "rythme solide en dépit de la hausse des prix de l’énergie", alors qu’il n’était que "modéré" à ses yeux. Le marché de l’emploi continue de son côté à s’améliorer progressivement.

Avec AFP, www.lemonde.fr