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La Chine veut raffiner plus de brut

mercredi 30 mars 2005, par Hassiba

La Chine consomme de plus en plus d’essence et elle envisage donc un développement sans précédent de ses capacités de raffinage.

Selon l’Association chinoise des industries pétrolières et chimiques, qui s’exprimait hier par le truchement de l’agence Chine Nouvelle, cette capacité devrait s’apprécier d’un tiers à l’horizon 2010 : 400 millions de tonnes, contre 300 aujourd’hui. Précisément, selon les chiffres donnés par les professionnels chinois, 273 millions de tonnes de brut ont été raffinées l’année dernière, un chiffre en augmentation de 13,7%, la plus forte progression depuis trente ans.

Le signal envoyé par Pékin est d’autant plus fort que l’outil mondial de raffinage accuse aujourd’hui de très nombreuses lacunes. C’est notamment le cas aux Etats-Unis, le plus gros consommateur de pétrole de la planète, où aucune nouvelle infrastructure de raffinage n’a été construite depuis longtemps. Un déficit d’investissement qui explique une large part des fortes hausses des cours mondiaux observées récemment. Les raffineries du golfe Persique, qui alimentent en priorité l’Asie, tournent, elles aussi, à plein régime. Dans ces conditions, la stratégie de Pékin n’est pas un luxe mais une nécessité, sachant qu’il faut entre trois et cinq ans, de la phase de réflexion préalable à la mise en service, pour voir un projet de raffinerie mené à son terme.

La soif de pétrole ne se tarira pas de sitôt en Chine. « Très peu d’immeubles sont aujourd’hui chauffés, la climatisation est loin d’être répandue et le nombre de voitures par habitant est sans commune mesure avec celui des pays occidentaux, vous imaginez à quel point la consommation d’énergie en Chine va encore progresser », s’exclame Viren Doshi, vice-président du cabinet de conseil Booz Allen Hamilton. La Chine, qui a représenté 30% de la croissance mondiale de pétrole en 2003 et 2004, a vu sa demande grimper de près de 16% l’année dernière. Avec, pour corollaire, une croissance économique supérieure à 9%. Pour 2005, les prévisions revues à la hausse de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) permettent d’envisager le même rythme de croissance.

A tel point que, pour enrayer la flamblée mondiale des prix du pétrole, certains experts demandent à Pékin de prendre des mesures pour ralentir sa consommation. « Ne nous méprenons pas. La Chine possède un arsenal considérable de mesures pour faire des économies d’énergie, mais elle ne va pas pour autant freiner sa croissance. Du degré exact de développement de ses infrastructures dépendra pour une bonne part l’accélération de sa demande pétrolière, même si le charbon, voire le nucléaire seront aussi mis à contribution », poursuit Viren Doshi. Reste à savoir dans quelle mesure cet appoint peut réellement se substituer au pétrole.

En attendant, la poussée des prix n’empêche pas Pékin de reconstituer, dès l’amorce de l’été, ses stocks stratégiques. La Chine possède en effet de très grosses réserves de change, plus de 610 milliards de dollars (40% du PIB) - les deuxièmes au monde après le Japon - qui lui permettent les plus folles dépenses.

Pékin prévoit, dans un premier temps, de porter ses stocks à 30 jours de consommation, soit environ 200 millions de barils, puis à 90 jours à l’horizon de dix ans. A terme, il est prévu que la réserve contienne 630 millions de barils. A 50 dollars le baril, comme c’est le cas aujourd’hui, cela fait une belle somme. La réserve stratégique serait répartie sur quatre sites, Zhenhai, Daishan, Huangdao et Dalian.

Par Frédéric de Monicault, lefigaro.fr