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La Bourse d’Alger en sursis ?

lundi 4 avril 2005, par Hassiba

Dans nombre de pays en transition vers l’économie de marché, la privatisation par la Bourse a fonctionné.

La situation de la Bourse d’Alger n’est pas des plus reluisantes : il est des séances de cotation de ratées... des entreprises, privées et publiques, candidates à l’entrée en Bourse se font attendre.

L’animation de cette institution, créée en 1999, reste, pour ainsi dire, faible. Elle n’est pas en tout cas à la mesure des promesses données par le ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, au cours de 2004. Celui-ci affirmait que l’année 2004 sera celle de la Bourse. Benachenhou misait-il sur des entreprises connues ?

Il y a moins de deux années, des sociétés nationales, toutes publiques, s’étaient portées candidates à l’accès en Bourse : l’EPAL (Entreprise portuaire d’Alger), l’ENTMV (Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs), Air Algérie et l’Entreprise portuaire d’Arzew, la CAAR, la CAAT, l’EGT El Djazaïr, une entreprise hôtelière ainsi que la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA). La sélection s’était effectuée. Mais elle ne s’était pas terminée dans l’euphorie pour tout le monde. Dans ce lot, seule Air Algérie a été retenue. Elle a eu le quitus de la Commission d’organisation et de surveillance des opérations de Bourse (COSOB). C’est elle qui en juge.

Entre-temps, d’autres sociétés ont rejoint l’institution boursière. Air Algérie, sélectionnée, l’a été pour donner de la consistance à la Bourse d’Alger. Elle s’est lancée dans l’emprunt obligataire, produit négociable, libellé en dinars.

Elle a déjà levé un montant de 4,608 milliards DA. Objectif, le renouvellement de sa flotte. Cette première opération est le début d’un processus en trois étapes comprises dans l’intervalle 2004-2005. L’idée est de mobiliser cinquante milliards de dinars nécessaires à l’acquisition de quatorze avions financés à hauteur de 70% par l’emprunt obligataire, a indiqué le PDG de la compagnie nationale dans une déclaration récente. Sont impliqués dans ce montage financier la Banque d’Algérie, au titre de courtier accompagnateur, et le cabinet d’experts Strategica.L’opération a ceci d’avantageux qu’elle permet d’éviter les risques de changes ainsi que la prime de risque associée au financement extérieur. De plus, cette formule est de nature à mobiliser des fonds sur le marché domestique à des taux de rémunération inférieurs aux crédits bancaires classiques.

La compagnie nationale travaille à la maturation de projets de mise à niveau liés à sa flotte vieillissante et à ses structures subalternes. Cette restructuration, elle se doit de la mener à bien, n’ayant pas le monopole sur l’aérien, comme cela a été la cas par le passé. Plus qu’une nécessité, elle est un défi à relever dans un ciel ouvert à la concurrence, note la direction d’Air Algérie. Des compagnies étrangères surdotées en moyens font concurrence à la compagnie nationale sur le réseau international.

La concurrence existe, mais la qualité de service d’Air Algérie ne s’est pas encore améliorée, la demande n’a pas encore été satisfaite surtout sur le réseau interne, et la billetterie a fortement augmenté et sur le réseau domestique et sur celui international. La compagnie nationale transporte à perte, se plaint souvent sa direction. Celle-ci estime que les réajustements qu’elle a opérés sur sa billetterie n’y ont pas changé grand-chose. Air Algérie a eu à subir les conséquences des attentats du 11 septembre 2001, comme toutes les compagnies aériennes. Elle a eu ainsi à revoir ses engagements avec ses assureurs. La Sonelgaz s’est aussi mise à l’emprunt obligataire. Elle veut ainsi financer une série de projets. La société a besoin d’environ douze milliards de dollars sur les dix prochaines années.

La Bourse d’Alger, aujourd’hui que le processus de privatisation a été relancé, est appelée à se mettre en phase. Elle est censée en constituer l’un des leviers. Dans nombre de pays en transition vers l’économie de marché, la privatisation par la Bourse a fonctionné. Ce défi, est-elle en mesure de le relever dans un contexte changeant ? Possible. Elle peut s’accorder un sursis et comprimer ce qui peut l’être.

Par Youcef Salami, latribune-online.com