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L’impact sur l’Algérie de la crise financière

mardi 30 septembre 2008, par Rédaction

L’Algérie pourrait être pénalisée à son tour si la crise financière mondiale venait à persister selon Abderrahmane Mebtoul.

L’Algérie et la crise financière internationale.

Qu’arrivera t-il si la crise financière mondiale, qui ne cesse de s’accentuer et d’affecter toutes les places boursières du monde, venait à perdurer ? L’Algérie, avec son système bancaire « en retard » comme l’a signifié récemment le chef du gouvernement, est-elle vraiment à l’abri d’un séisme économique mondial ? Les économistes s’accordent à répondre non. Les explications du docteur Abderrahmane Mebtoul. Si elle devait à persister, la cri-se financière aurait les impacts suivants intiment liés d’ailleurs.

1- Les Etats-Unis étant les plus grands débiteurs de la planète, au final on verrait le dollar déclassé avec l’accroissement du déficit budgétaire américain, ce qui entraînera une poussée inflationniste. L’Algérie exportant à 98% en dollars et important presque tout dont plus de 50% en euros, il y aurait un amoindrissement des recettes en devises.

2- Deuxième impact. Plus de 43 milliards de dollars des réserves de change en Algérie, environ 1/3 des réserves placés en bons de Trésor américain à un taux d’intérêt de 2%, le dérapage du dollar et l’inflation supérieure à 3% entraînerait une dépréciation importante de ces montants. Sans préjuger, selon les analyses qui prévoient, en cas de persistance de la crise, que la bulle financière atteindrait également les bons de Trésor américain, ce qui serait catastrophique pour l’Algérie.

3- Troisième impact sur les autres montants placés dans des banques internationales dites bien cotées AAA. En effet, le ministre des Finances algérien devant le parlement a affirmé en 2007 qu’un montant des réserves de change a été placé auprès de ces banques, sans préciser le niveau. Or, devant la gravité de la situation, il appartient au gouvernement algérien, à l’instar des autres gouvernements dans le monde qui ont une communication transparente, de préciser le montant exact et si avec l’actuelle crise, ces banques sont ou ne sont pas touchées par la banqueroute.

4- Quatrièmement, la récession de l’économie mondiale prolongée entraînerait inéluctablement une baisse de la demande mondiale des hydrocarbures (les économies asiatiques étant fortement connectés à l’économie mondiale) et par là une chute du cours du Brent, le prix de cession du gaz déjà sous évalué de 50% par rapport au cours du Brent, et donc un manque à gagner pour l’Algérie.

5-Cinquième impact, les poussées protectionnistes et certainement un relèvement des taux d’intérêts, un ralentissement net du rythme de l’investissement étranger porteur.

6-Sixième conséquence, l’Algérie important presque tout (montant allant vers 40 milliards de dollars /an fin 2008), au niveau mondial, cette poussée inflationniste mondiale aurait des répercutions sur la valeur des importations. Pour preuve, l’indice FAO des prix alimentaires montre une hausse de 12% en 2006 par rapport à l’année précédente, de 24% en 2007 et de 50% prévision de l’année 2008.

7-Enfin, malgré l’embellie financière due aux recettes des hydrocarbures et non à une bonne gouvernance, (plus de 133 milliards de dollars de réserve de change), avec la mauvaise gestion (40 milliards de surcoût du programme de soutien à la relance économique estimé à plus de 200 milliards de dollars), l’envolée des dépenses improductives (plus de 38 milliards de dollars d’importation en 2008), l’Etat serait forcé de diminuer les transferts sociaux estimés à 10 milliards de dollars (moyenne 2007/2008) dont plus de 1,5 milliard d’euros pour les subventions des produits de première nécessité en 2008. Cela amenuiserait le pouvoir d’achat de la majorité, accentué par la concentration excessive du revenu au profit d’une minorité rentière comme l’atteste les plus de 3.000 euros de salaire mensuel aux députés, alors que le SMIG ne dépasse pas 120 euros. Comme je l’ai démontré récemment lors d’une interview à la radio algérienne chaîne III le 25 septembre 2008 relative à la crise financière mondiale, la crise étant mondiale, l’erreur de la mentalité bureaucratique en panne d’idées, serait de vouloir revenir au volontarisme et au dirigisme bureaucratique des années 1970, confondant régulation de l’Etat, (le chef d’orchestre) primordiale en économie de marché et retour à l’étatisme, ce qui ne ferait qu’accélérer la crise multidimensionnelle que vit dramatiquement la société algérienne.

Par le Dr Abderrahmane Mebtoul