L’OPEP augmente son quota de production

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole a décidé, mercredi 16 mars, de relever son plafond officiel de production de 500 000 barils par jour à 27,5 millions de barils par jours, afin de contenir les prix du brut revenus autour de 55 dollars le baril.

Réunis à Ispahan en Iran, les ministres du pétrole de l’OPEP ont en outre entériné le principe d’un relèvement supplémentaire de 500 000 barils par jour dans le courant du deuxième trimestre si les prix du marché le justifient, a annoncé le président du cartel, le Koweïtien Cheikh Ahmad Al-Fahd Al-Sabah. Ce nouveau relèvement sera laissé à l’appréciation du président de l’OPEP, qui a par ailleurs fixé au 7 juin la date de sa prochaine réunion ministérielle, à Vienne. L’annonce de cette augmentation de 2 % de la production de l’OPEP pèse sur les cours du pétrole. Dans une interview au journal Al-Hayat publiée quelques heures avant la réunion d’Ispahan, l’influent ministre du pétrole saoudien, Ali Al-Naimi, affirmait que Riyad voulait ramener le cours du brut dans une fourchette de 40 à 50 dollars. "Les niveaux actuels autour de 55 dollars sont élevés, nous voulons un prix compris entre 40 et 50 dollars", a-t-il dit au journal implanté à Londres. C’est la première fois que Riyad évoque publiquement un objectif de prix aussi élevé pour le brut léger américain.

ANTICIPER LA DEMANDE DE L’HIVER PROCHAIN

"L’OPEP fait tout son possible, mais il est difficile d’arrêter le train", affirme Bob Finch, du courtier spécialisé Vitol SA. Des délégués de l’OPEP ont indiqué que l’Arabie saoudite et le Koweït feraient en sorte que l’offre de brut soit réellement augmentée pour permettre une hausse des stocks mondiaux au printemps, période de baisse saisonnière de la demande.

Les deux pays, seuls membres de l’OPEP à disposer vraiment de capacités de production inemployées, sont prêts à pomper 500 000 à 700 000 barils par jour supplémentaires au deuxième trimestre, selon ces délégués. Les pays du Golfe prônent une constitution de stocks plus importante que la normale au deuxième trimestre afin de limiter les pressions sur les cours par la suite, quand la demande remontera.

"En fait, il s’agit d’anticiper la demande de l’hiver prochain, résume Glenn Murray, du courtier GM, à Monaco. Mais il reste à voir si les pays producteurs pourront mettre suffisamment de pétrole de côté pour répondre à cette demande future."

SE RAPPROCHER DES 30 MILLIONS DE BARILS PAR JOUR

M. Al-Naimi a déclaré, mardi 15 mars, que l’Arabie saoudite avait déjà augmenté sa production de 250 000 barils par jour en anticipation de la réunion d’Ispahan, et qu’une nouvelle hausse interviendrait en avril. Le Koweït, de son côté, a fait savoir qu’il était en mesure de pomper 120 000 barils par jour supplémentaires en avril.

En comptant les deux millions de barils par jour produits par l’Irak, pays dispensé de quota, la production totale de l’OPEP se rapprocherait ainsi des 30 millions, proche de son plus haut en vingt-cinq ans atteint en septembre. L’Arabie saoudite s’est en outre engagée à augmenter encore sa production au deuxième semestre pour répondre à une demande mondiale toujours élevée, alimentée notamment par la forte croissance chinoise. La crainte que les pays producteurs ne parviennent pas à suivre la demande contribue au renchérissement de l’or noir.

La demande mondiale de pétrole brut devrait atteindre 86,1 millions de barils par jour au quatrième trimestre, la saison de pic de la consommation, contre 83,7 millions en moyenne sur les neuf premiers mois de l’année, selon les dernières projections de l’Agence internationale de l’énergie

Avec AFP et Reuters, lemonde.fr