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L’Europe se réveille, la Chine se raidit

mardi 26 avril 2005, par Hassiba

Le 1er janvier 2005, l’Europe ouvrait son marché aux importations en provenance de Chine. Aujourd’hui, l’industrie textile du Vieux Continent est durement atteinte, et l’Union européenne décide de réagir pour la protéger.

L’alerte lancée par les entreprises de textile contre l’invasion des importations chinoises

Les importations chinoises de textile menacent l’emploi en Europe.

vient d’être entendue par Bruxelles. Le commissaire européen chargé du Commerce, Peter Mandelson, a annoncé, hier, qu’il allait ouvrir des enquêtes visant neuf produits, ceux dont les importations se sont accélérées à un rythme effréné depuis le 1er janvier 2005 comme les pull-overs (en hausse de 534 %) ou les pantalons masculins (en hausse de 413 %). Face à ce boom des importations chinoises, il envisage aussi, dans les jours qui viennent, d’entamer une procédure d’urgence. Selon cette procédure, les autorités européennes négocieraient pendant 60 jours avec la Chine afin que celle-ci mette tout en oeuvre pour limiter ses exportations. Elles seront aussi plafonnées pendant la durée des négociations, selon une clause spéciale des accords d’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

En France, à gauche comme à droite, la classe politique réclame l’application immédiate de cette procédure d’urgence. Selon la fédération CGT textile, le Vieux Continent pourrait perdre un million d’emplois d’ici à 2006 si rien n’est fait, tandis que le président de l’Union des industries textiles, Guillaume Sarkozy, craint 15 000 à 20 000 pertes d’emplois en France en 2005. Autant de nombreux pays européens sont pressés d’agir, autant Peter Mandelson reste prudent quant aux conséquences économiques d’une dégradation des relations avec la Chine.

Gildas Minvielle, responsable du centre de conjoncture à l’Institut français de la mode, tempère la menace : « L’augmentation des importations chinoises en France est un peu moins forte que dans le reste de l’Europe car elle y importe un peu moins de produits que les autres pays. » Mais pour combien de temps ?

La Chine s’oppose

Les autres pays exportateurs, comme ceux d’Afrique du Nord, risquent de ne pas résister longtemps à la concurrence des produits chinois. En janvier et en février, les exportations marocaines de textiles ont chuté de 22 % par rapport à l’année précédente, et comme le déplore Mohamed Tazi, directeur général de l’association marocaine des industries du textile et de l’habillement « on n’imaginait pas que cela prendrait une telle ampleur ».

Face à toutes ces accusations, La Chine refuse de prendre seule la responsabilité. Son ministre du commerce Bo Xilai déclarait, hier, à Jakarta, en Indonésie : « Avant la mondialisation, il y a eu une période transitoire de dix ans, durant laquelle certains pays n’ont pris aucune mesure. C’est ainsi qu’est apparue une situation d’augmentation brutale des exportations de produits textiles chinois après le 1er janvier 2005. » Et Boxilai de conclure : « La Chine est fermement opposée aux limitations imposées par d’autres pays. » Cette fermeté est bien le signe que la Chine est déjà une grande puissance, son bras de fer avec l’Europe risque d’être long et difficile.

Par Julien BOUISSOU, ouest-france.fr