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L’Entreprise algérienne face au changement

lundi 18 octobre 2004, par Hassiba

« Celui qui sent et vit se développe par le travail. Le travail ne consiste pas seulement d’ailleurs à traduire en mots le vécu, il s’agit de faire parler ce qui est senti. »

L’entreprise algérienne ne peut progresser que dans la mesure où elle est capable d’inventer les pistes les plus prometteuses pour reconstruire une nouvelle gestion et saisir activement les opportunités que lui offre le développement technologique et économique. En effet, la crise qui a accompagné le changement de modèle économique en Algérie, ces dernières années, a fortement affecté son organisation sociale.

Les entreprises algériennes subissent les bouleversements, les modifications de leurs méthodes de travail, l’angoisse du changement, de l’erreur, de la suppression de postes de travail. Les cadres deviennent méfiants (la méfiance paralyse toute action novatrice), pressentent que les changements vont les déposséder de leur technique et par conséquence de leur poste, ajoutée à cela une transparence pas toujours souhaitée. La vie quotidienne des différentes entreprises algériennes est fortement marquée par de tels changements. Le passage d’une économie de stagnation à une économie de croissance conduit toujours au changement des comportements des entreprises et de l’administration, l’économie prend le pas sur le politique, les réactions nationalistes traditionnelles s’effacent pour laisser place à un système de relations dans lesquelles les divers protagonistes sont conduits à prendre conscience des nécessités systématiques et à parier sur une évolution dont ils pourraient tirer parti.

Mais quelle que soit la nature de la perception de la performance sociale au niveau de l’organisation, il n’y a pas de doute que l’homme est le facteur clé de la réussite et du développement de l’entreprise. En effet, la reconnaissance de l’importance du facteur humain dans l’amélioration des performances de l’entreprise est un phénomène relativement récent en Algérie et même ailleurs. Depuis quelques années, les entreprises algériennes ont compris qu’elles ne pouvaient plus améliorer leur fonctionnement sans tenir compte d’une de leurs ressources-clés : les ressources humaines. Cette nouvelle orientation suppose une très grande attention aux problèmes humains qui résultent des limites de notre style traditionnel de gestion dans la mesure où le mode d’organisation de l’entreprise algérienne semble désormais de moins en moins efficace dans le monde moderne d’aujourd’hui.

Les entreprises algériennes ont, certes, bénéficié des nouveaux progrès des sciences régissant l’organisation du travail (la sociologie du travail et des organisations, la psychologie sociale, l’économie du travail dans sa vision micro et macroéconomique, etc.) et de l’augmentation en nombre et en influence des syndicats du travail, mais quoi que nous en pensions, nos entreprises ressentent l’épuisement du style traditionnel de gestion. Tel est le problème qui conditionne son avenir en tant qu’entreprise dans l’univers techno-économique moderne. Le malaise est aigu, nous le constatons au sein de nos entreprises dont les traditions de gestion et les principes déterminent, malgré les très nombreuses modernisations de surface, un ensemble de pratiques complètement inadaptées aux besoins de l’entreprise moderne.

La décentralisation politique est une des conditions de changement, mais aussi une mise en question des systèmes réels dans lesquels sont engagés les différents acteurs qui sont très largement ignorés par tous les responsables. Des crises menacent l’ensemble des entreprises algériennes que l’accélération du changement a rendu complètement anachroniques. Les pouvoirs publics répondent, pour un temps, par le palliatif temporaire des subventions ou des règles restrictives, mais le vrai problème est celui de la capacité innovatrice du système lui-même ; les capacités nouvelles ont été ignorées du fait de la méconnaissance totale du mode de régulation de la ressource humaine que constituent les entreprises algériennes tous secteurs confondus du fait de l’ignorance des processus de changement possibles d’une telle ressource. En effet, il n’est pas surprenant que tous les experts en management insistent sur la gestion des ressources humaines. Diriger une entreprise, un groupe, c’est aider ses acteurs à mettre tout en œuvre pour sa réussite et son développement. Cela passe certes par des outils et des techniques de management mais cela passe aussi et avant tout par des considérations sociologiques auxquelles peu d’entreprises sont préparées.

Les nouveaux savoirs d’entreprises s’appuient sur la compétence et la motivation des hommes : Robert Papin, sociologue et expert en management aurait dit : « Aujourd’hui, il s’agit plus pour les dirigeants de savoir motiver et mobiliser les personnes avec lesquelles ils travaillent que de mettre en place des stratégies, des moyens de contrôle. Il s’agit plus pour eux de convaincre leurs collaborateurs d’aller de l’avant, d’être dynamiques, optimistes et innovateurs que d’échafauder des plans plus théoriques qu’utiles. » (A suivre)

Par Z. Méguen, El Watan