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L’Algérie importe sans compter

mercredi 17 août 2005, par Souad

Pendant que l’Algérie enregistre des records d’entrée en devises grâce à la flambée des prix du baril de pétrole, les importateurs algériens accélèrent la cadence des importations qui enregistrent elles aussi un record : 10,6 milliards de dollars pour le premier semestre. Du Jamais vu.

L’explosion des importations de l’Algérie risque de mettre en péril les équilibres macro-économiques de l’économie algérienne.

Etant donné que les exportations de l’Algérie pour l’année en cours se chiffrent à 40 milliards de dollars, cette facture est soutenable. Mais n’oublions pas que les recettes d’exportations servent aussi à payer les importations de services, environ 3 milliards de dollars par an. Ce qui nous renvoie à deux fragilités de l’économie nationale. D’une part, les exportations hors hydrocarbures ont atteint le 1er semestre 454 millions de dollars. À ce rythme, elles se situeront à 900 millions de dollars.

Ce qui correspond à moins de 3% des exportations globales. Traduire : l’Algérie reste fortement dépendante des fluctuations des cours du brut. D’autre part, le déficit de la balance des services persiste. En supposant un retournement du marché pétrolier, les exportations hors hydrocarbures, celles des services seront très loin de compenser la chute des recettes hydrocarbures qui constituent bon an, mal an entre 95 à 98% de nos recettes globales tirées des exportations.

Pis, cette hausse des importations intervient dans une période de pause. C’est à partir de l’an prochain que les effets du plan de relance bis vont se ressentir. Ce programme va accroître de façon très substantielle les importations de marchandises. Elles seront dopées par les achats massifs de biens d’équipement et de matériaux de construction. De même, l’entrée en vigueur de l’accord d’association à partir de septembre prochain va pousser également à la hausse des importations.

À la lecture des importations du 1er semestre, notons cependant un indice positif : les importations de biens d’équipement ont cru de 47% : 4,72 milliards de dollars. Elles ont représenté 44% des importations des six premiers mois. Revers de la médaille : les factures des médicaments et des véhicules sont en train d’atteindre des proportions inquiétantes. 525 millions de dollars pour le premier produit, 1 milliard de dollars pour le second. à ce rythme, la première enveloppe s’élèvera à 1 milliard de dollars, la seconde à 2 milliards de dollars en 2005. Si la première facture est peut-être impossible à comprimer à moins d’installer une industrie d’assemblage de voitures, l’envolée de la seconde montre la défaillance de l’état à régler ce marché.

À la longue, le dérapage des importations risque, si ces deux fragilités ne sont pas surmontées, de contribuer en cas de retournement du marché pétrolier à une détérioration des équilibres macroéconomiques de l’Algérie rétablis grâce, n’oublions pas, à un appauvrissement de la population. En clair, ce scénario signifie le retour à la case départ, c’est-à-dire aux tensions sociales et à la misère.

Pour éviter la catastrophe d’une chute brutale, le gouvernement algérien se doit de réagir et d’encourager les industries exportatrices à fin de réduire la dépendance de l’Algérie vis-à-vis des fluctuations des prix du baril de pétrole.

Synthèse de Souad
D’après Liberté