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L’Algérie et le Maroc se mobilisent contre les criquets

samedi 8 mai 2004, par nassim

Le Maroc et l’Algérie poursuivent sans relâche la lutte contre les criquets pèlerins, des acridiens dont la voracité menace désormais de compromettre l’excellente campagne agricole 2003/2004 enregistrée au Maghreb grâce à une pluviométrie exceptionnelle.

La situation semble pour l’heure relativement circonscrite mais des milliers de "fellahs" (paysans) scrutent le ciel avec anxiété dans la crainte de voir apparaître de gigantesques essaims de plusieurs milliards de criquets migrateurs qui voilent le soleil avant de fondre sur la végétation et de la dévorer.

Début mai, près d’un million de d’hectares de culture avaient été traitées au Maroc. Les essaims de criquets, en provenance d’Algérie et de Mauritanie, sont présents dans le sud-est du Maroc (région de Ouarzazate et d’Errachidia), le long de la côte Atlantique (au sud d’Agadir jusqu’à Dakhla au Sahara occidental) et, depuis peu, au nord-est du royaume (au sud d’Oujda, près de la frontière algérienne). La lutte anti-acridienne mobilise des moyens importants : une quarantaine d’avions, dont deux gros porteurs C-130, une dizaine d’hélicoptères et des véhicules 4X4 participent aux opérations d’épandage. Plusieurs administrations (ministères de l’Intérieur, de l’Agriculture et de la Santé, gendarmerie, Protection civile et armée) sont sur le pied de guerre pour traiter chaque jour 20 à 25.000 hectares. Le ministre marocain de l’Agriculture, Mohand Laenser, précisait cette semaine devant les députés que le budget consacré à la lutte anti-acridienne atteignait 170 millions de dirhams (15 millions d’euros) et que 970.000 litres de pesticides avaient été répandus.

En écho à certaines inquiétudes des écologistes et des consommateurs, Mohand Laenser a assuré que les pesticides utilisés étaient agréés par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une commission a toutefois été mise en place pour évaluer l’impact de cet usage massif de pesticides. Malgré la menace du criquet, la récolte céréalière devrait être meilleure que celle de l’année passée, et l’une des trois plus importantes de ces vingt dernières années, selon le ministère de l’Agriculture.

En Algérie, l’invasion acridienne est également prise au sérieux par les autorités. Une enveloppe de six milliards de dinars (71 millions d’euros) a été allouée. "Les moyens financiers existent mais ils sont insuffisants", a observé Rachid Benaïssa, ministre délégué au développement rural, en marge des travaux du 21e Congrès maghrébin vétérinaire.

La lutte anti-acridienne a débuté au début du mois de mars en Algérie. A ce jour, 500.000 hectares ont été traités dans les 13 wilayas (préfectures) concernées par l’invasion. Un dispositif d’"urgence nationale" mobilise jour et nuit 1.300 personnes et une dizaine d’avions, ce qui aurait permis de sauver pour deux milliards de dollars de récolte.

Malgré les moyens engagés, les essaims de criquets pèlerins poursuivent leur progression dans certaines régions. C’est le cas notamment à Ain Rich, dans la préfecture de M’sila (250km au sud-est d’Alger). A la mi-avril, les essaims infestaient une superficie de 4.800 hectares. Trois semaines plus tard, ils occupaient 17.000 hectares.

source : AP