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Journée de l’eau : l’ONU lance un appel en faveur de l’accès aux plus pauvres

mardi 22 mars 2005, par Hassiba

Les Nations unies lancent, mardi 22 mars, à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, une décennie "l’eau pour la vie, l’eau pour tous", destinée à diviser par deux, d’ici à 2015, le nombre de personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable et à l’assainissement.

Chaque jour, 22 000 personnes meurent du fait de maladies véhiculées par l’eau impropre à la consommation. C’est la première cause de mortalité dans le monde, devant la malnutrition. Typhoïde, choléra, paludisme, diarrhées sont en effet transmises par l’eau polluée.

L’eau est un enjeu vital pour 2,4 milliards d’individus qui ne disposent d’aucun assainissement (toilettes, égouts), tandis que 1,1 milliard de personnes n’ont même pas accès à l’eau potable.

Voilà cinq ans que la communauté internationale a pris l’engagement de réduire par deux d’ici à 2015 la proportion de personnes privées d’eau potable (Sommet du Millénaire, 2000). Au Sommet de la Terre de 2003, cet engagement a même été étendu aux populations sans assainissement, mais sans prévoir les financements correspondants.

BAISSE DE L’AIDE
Pis : l’aide stagne. Selon l’OCDE, l’aide publique destinée au secteur de l’eau a fondu de 2,7 milliards de dollars (2,05 milliards d’euros) en 1997 à 1,4 milliard (1,06 milliard d’euros) en 2002. Elle s’est stabilisée depuis, mais reste loin des enjeux.

Alors que l’aide publique se tarissait, un nouveau credo s’est imposé depuis les années 1990 : les "partenariats public-privé". Le recours au privé est notamment défendu par Michel Camdessus, ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI), dans son livre Eau. M. Camdessus conseille aujourd’hui le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, sur le sujet.

"Les partenariats public-privé ne sont pas la solution pour construire les infrastructures des pays pauvres, on leur demande trop : cela doit être fait par les fonds publics", estime Laurence Tubiana, directrice de l’Institut pour le développement durable et les relations internationales. Elle prône une "sécurité sociale mondiale", avec un "doublement de l’aide publique au développement" et une affectation très décentralisée sur le terrain.

Le mouvement altermondialiste combat dans chaque forum social la privatisation de l’eau et défend la notion de "bien public".

La controverse est particulièrement sensible en France, berceau de trois des grandes compagnies mondiales de l’eau que sont Veolia (Vivendi), Saur (Bouygues) et Suez-Lyonnaise des eaux.

Les organisations non gouvernementales comme Attac prônent une taxe mondiale, susceptible d’assurer le financement du développement. Un tout petit pas dans cette direction a été fait en France avec l’adoption en janvier d’une loi autorisant les collectivités locales, syndicats et agences de l’eau à affecter jusqu’à 1 % des redevances sur l’eau à l’aide au développement.

Depuis quinze ans, les sommes affectées par l’Agence Seine-Normandie au développement ont par exemple permis de fournir l’eau potable à un million de personnes.

Si tous les organismes de distribution d’eau l’adoptent, le "1 % eau" pourrait financer pour 120 millions d’euros de projets dans le tiers-monde, estime le programme Solidarité Eau, qui anime une des trois conférences organisées par l’Unesco du 22 au 25 mars autour des problèmes de l’eau et de l’Afrique.

Avec AFP, www.lemonde.fr


L’eau, un bien vital mal réparti sur la planète
L’eau est inégalement répartie sur la planète, et cette inégalité "naturelle" est encore accrue par la pauvreté qui prive les habitants d’eau potable et d’assainissement, selon les chiffres publiés par l’Unesco qui organise du 22 au 25 mars une série de conférences intitulée "Printemps de l’eau".

Un Européen consomme en moyenne 300 à 400 litres d’eau par jour, un Américain plus de 600 litres et un Africain de 20 à 30 litres seulement. Le quart de la population mondiale n’a pas accès à une eau potable de qualité.

Les maladies transmises par l’eau causent 8 millions de morts par an, dont 50 % d’enfants, soit autant que le tabac, et six fois plus que les carences alimentaires, selon le livre "Eau" publié en 2004 par Michel Camdessus, ancien directeur du FMI. La part des aides consacrées à l’eau dans l’aide publique au développement atteint 6 % seulement de l’aide bilatérale, et 4 à 5 % de l’aide multilatérale. Cette aide "modeste", selon M. Camdessus, est de surcroît inégalement répartie : les deux tiers vont à seulement dix bénéficiaires en 1995-96 par exemple. Seulement 12 % de l’aide de 2000-2001 est allée aux pays les moins bien desservis en eau potable.Vingt-six pays sont en situation de pénurie, c’est-à-dire qu’ils disposent de moins de .000 m3 d’eau par an et par habitant. Ce nombre aura doublé d’ici 2050, selon les estimations de l’ONU et de l’Unesco.

L’Afrique, le Proche et Moyen-Orient, le sud-ouest des Etats-Unis et le Mexique, la façade pacifique de l’Amérique latine, l’Asie centrale jusqu’à l’Iran et l’Inde sont les régions qui souffrent déjà le plus et qui vont le plus souffrir à l’avenir. Plus de 70 % des prélèvements d’eau sont destinés à l’agriculture. 40% des récoltes mondiales sont dépendantes des réseaux d’irrigation.