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Islam et amalgames face au 3ème millénaire
jeudi 7 avril 2005, par
Depuis la chute du mur de Berlin, l’effondrement de l’URSS, puissance nucléaire, imposant « l’équilibre de la terreur », le communisme ne représente plus un danger mais pour les amateurs d’amalgames pernicieux : l’Islam. Durant les années 90 et suite au 11 septembre, l’Islam, le Coran sont l’objet d’une curiosité soutenue.
Les musulmans dont le nombre est supérieur à un milliard, réparti sur tous les continents se seraient réjouis de ce que leurs religion et cultures intéressent d’autres communautés. Malheureusement lectures et commentaires qu’on en fait sont islamophobes. Ils confirment les préjugés racistes exprimés au grand jour par les amalgames par de prétendus intellectuels, intolérants.
C’est les énièmes croisades qui ont commencé puisqu’il y en a eu une dizaine entre les 11ème et 16ème siècles. Les nouveaux croisés sont des figures de proue médiatisées. Samuel Huntington a « prédit » dans son ouvrage paru en 2000 « Le choc des civilisations », d’où un affrontement entre chrétiens et musulmans. Journaliste italienne, islamophobe, Oriana Fallaci, fasciste de la 3ème génération, par son livre d’une rare violence a déversé son poison dont le titre « La rage et l’orgueil » est révélateur. Un petit « écrivaillon » français en a fait de même. Illustre inconnu, en mal de publicité, la justice française lui a donné un blanc-seing en le relaxant. Il y a encore plus grave lorsque le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi affirme « la suprématie de la civilisation occidentale sur l’Islam ». Il a dû s’inspirer des « humanistes » Torquemada l’inquisiteur général et Mussolini.
Nous voilà en plein occidentalo-centrisme. Comment alors s’étonner si l’islamophobie est devenue une mode. L’extrême droite qui a mal digéré ses défaites historiques dans ses pays d’origine et dans les colonies (Vietnam, Algérie, etc.), entretient la haine contre les immigrés. Les 15 millions d’entre eux en Europe constituent une population respectable. Leur présence résulte de choix politiques et économiques des pays d’accueil qui doivent promouvoir une intégration réelle au lieu de louvoyer, favorisant ainsi la révolte des jeunes auxquels on attribue une délinquance « particulière » que l’on tente de circonscrire par un arsenal répressif, d’où vrais problèmes et fausses solutions. L’Islam, religion, philosophie et code de conduite, a émancipé la femme, protégé les faibles, prêché la tolérance en général et vis-à-vis des 2 autres religions monothéistes en particulier avec lesquelles il partage de nombreuses prescriptions. Ses préceptes sont clairs, abordables. D’après ses détracteurs, le milliard de musulmans à travers le globe est composé de fanatiques terroristes qui n’ont ni raison ni libre arbitre. Pour contrer des propos intolérants, démentis par anticipation, l’attitude du prophète Mohamed est éloquente. Il a porté une attention particulière aux rapports entre les musulmans et les autres pour qu’ils soient imprégnés de tolérance, du respect de la personne humaine. Ce n’est pas l’Islam, « ce nouvel ennemi fanatique », irréductible qui a dit :
1ère citation : « Le Seigneur ton Dieu te livrera ces nations et jettera sur elles une grande panique jusqu’à ce qu’elles soient exterminées. Il livrera leurs rois entre tes mains, tu feras disparaître leur nom sous le ciel, aucun ne tiendra devant toi, jusqu’à ce que tu les aies exterminés ». Ces incitations aux meurtres individuels et collectifs on ne peut plus explicites figurent dans l’Ancien Testament (Deutéronome - 7-23 et 24 ).
Cette citation et la suivante sont reprises par Alain Gresh dans un excellent article paru sur « Manière de voir » 64 (bimestriel juillet-août 2002 page 22 intitulé : Islamophobie).
2ème citation : « Le chef de la femme, c’est l’homme (...) Si la femme ne porte pas le voile, qu’elle se fasse tondre (...) l’homme, lui, ne doit pas se voiler la tête : il est l’image de la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l’homme (...) Et l’homme n’a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme. Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête la marque de sa dépendance ». Injonction attribuée à l’apôtre Paul dans sa première épître aux Corinthiens. Il était surnommé l’Apôtre des gentils, considéré par certains comme le deuxième fondateur du christianisme. Emprisonné à Jérusalem et décapité sous Néron à Rome, il est l’auteur de 14 épîtres dont celle citée ci-dessus. Son oeuvre, dit-on, constitue à dégager la religion du Christ du judéo-christianisme.
Ces 2 citations sont-elles du prophète Mohamed ? figurent-elles dans le Coran ? Non. Pour autant doit-on faire l’amalgame et s’y référer constamment avec bien d’autres du même genre pour faire le procès permanent des religions juive, catholique, protestante, etc. Les musulmans n’ont jamais fait commencer le monde à la révélation à Mohamed par l’ange Gabriel. Les racines de notre monde, celles des autres religions du livre sont évoquées par l’Islam qui comporte une moisson de connaissances pour autant que sa lecture soit dépouillée de préjugés.
Un des grands moments de la civilisation humaine fut la cohabitation pacifique des 3 religions du Livre dans l’Espagne musulmane où une tolérance exemplaire régnait. Les 3 communautés avaient atteint ensemble un stade élevé dans la réflexion, les spéculations intellectuelles, la recherche scientifique. Le mérite en revenait amplement aux Arabes qui avaient traduit, compris et transmis tout ce qu’ils avaient glané de la civilisation hellénique en l’améliorant.
Le rejet des Arabes de l’Espagne est une erreur historique qui a freiné brutalement l’évolution de l’humanité car ils ont eu le mérite incontestable de transmettre un legs scientifique intellectuel, moderniste à une Europe arriérée. Après les Arabes, l’avènement des rois catholiques a été suivi de l’Inquisition qui par ses bûchers a consumé des êtres humains, des livres donc des idées (bel exemple Mesdames et Messieurs les défenseurs des valeurs dites judéo-chrétiennes... au fait l’inquisition c’est quelle valeur ?).
Après les lumières de l’Islam, ce fut la fissure, puis l’Europe meurtrie par les schismes, les Etats catholiques contre les protestants. Galilée dénoncé, jugé par le tribunal de l’Inquisition, condamné à la prison à vie en 1633, la Bible interprétée tendancieusement puisqu’il fut décrété que toute recherche scientifique rivalisait avec elle. Le prophète Mohamed avait prescrit plusieurs siècles avant de « quérir la science du berceau au tombeau », donc sans limites dans le temps. Et pour ce faire « d’aller jusqu’en Chine », donc sans limites dans l’espace.
Puis les guerres de religions avec leurs millions de morts qui ont dévasté l’Europe, les « exploits » des conquistadors en Amérique dite latine exterminant des millions d’Indiens innocents sous l’oeil indifférent de l’Eglise. Il est vrai que peu de choses ont changé si l’on compare la théorie actuelle de la guerre préventive à celle de l’Inquisition voulant que celle-ci condamnait les autres à mort avec la conviction de faire son devoir.
Les archives de l’Inquisition révèlent son degré de barbarie. Elle se voulait une instance doctrinaire et monolithique intervenant dans les différents aspects de la vie sociale. Nos cousins sémites, les juifs, en furent victimes et parmi eux beaucoup furent accueillis généreusement, humainement par les « barbares musulmans » du Maghreb en particulier et du monde arabe en général. Le sujet est inépuisable et relève d’une autre analyse. L’Islam s’est voulu urbain dans tous les sens du terme et s’est manifesté comme tel. Il a apporté ses propres énergies et intégré celles des juifs et des catholiques en Espagne. Il n’a pas déversé dans un mouvement colonial, exploiteur et dominateur : soldats-colons et administrateurs comme le font encore l’Occident depuis bientôt 10 siècles et Israël en Palestine depuis plus d’un demi-siècle, arrogant, provocateur plus que jamais. L’histoire du 17ème au 20ème siècle est chargée d’épisodes sanglants pour tous les peuples et ceux du tiers monde en particulier. La responsabilité de l’Occident est incontestable par rapport aux millions de morts dont ses propres ressortissants sur tous les continents où il a porté la guerre tant de fois. Les principes universels qui ont trait au respect de l’être humain ne sont nullement enracinés chez ceux qui se réclament des valeurs judéo-chrétiennes. Celles-ci sont à fleur de peau comme le prouvent toutes les horreurs de la Deuxième Guerre mondiale et celles infligées aux peuples colonisés qui ont lutté pour leurs indépendances qui s’avèrent de pure forme.
Les idées généreuses à l’origine de la création de la Société des Nations après la Première Guerre mondiale ont vite fait long feu. En 1939 la deuxième grande boucherie du siècle, soit 20 ans après la précédente, ensanglanta et perturba le monde entier durant 6 ans. L’avènement de l’ONU se fondait sur une paix universelle garantie par le respect des principes du droit international.
Le monde frappé de stupeur après les deux guerres mondiales s’est mis à espérer dans une nouvelle philosophie de l’histoire, malheureusement en vain.
Les mêmes puissances qui proscrivent la barbarie, la terreur sont les premières à y recourir. Il en résulte de nos jours encore que seule une partie très réduite de l’humanité respecte les droits humains. Elle est loin d’être majoritaire dans cet Occident éternel donneur de leçons. Le professeur Samuel Huntington dans son livre conclut en quelque sorte à l’impossibilité d’une paix fondée sur le droit et la justice. Si tel serait le cas, qui en est responsable ?
Il nous invite à vivre le début d’une nouvelle guerre. Il oublie que les peuples arabo-musulmans en particulier, à cause du pétrole et de leurs positions géo-stratégiques, n’ont jamais été des agresseurs mais plutôt victimes d’agressions multiformes. Que notre religion et nos cultures contestées en permanence, nous avons vécu sous le sifflement des bombes et l’angoisse des agressions perpétuelles. Les occupations militaires et la domination économique qu’elles se fassent par le fameux « colon civilisateur » et maintenant par la Banque Mondiale, le FMI et la mondialisation, cette ogresse en mouvement, nous sont familières. Le passif de l’Occident fait de répressions brutales, d’aspirations légitimes écrasées même s’il a creusé une fosse grandissante ne nous empêche pas de rester lucides. A considérer de plus près la réalité, il n’y a ni choc de civilisations ou de cultures puisqu’elles se sont côtoyées depuis des dizaines de siècles sans autres problèmes que ceux spécifiques à tous les hommes et à tous les peuples, pas plus qu’il n’y a de choc entre l’Islam et l’Occident. Il y a des agresseurs et des agressés.
La convoitise du pétrole est telle qu’elle a généré des stratégies douteuses aux conséquences graves. Il en est ainsi de la guerre infligée au peuple afghan depuis qu’il a voulu s’émanciper en 1976 en portant au pouvoir un gouvernement progressiste puis de l’attrait de l’ex-URSS dans le piège afghan qui fut son Vietnam et de la création des « Talibans » dont l’objectif consistait à détruire le régime progressiste afghan, lequel ne s’était pas effondré malgré le retrait de l’URSS, ciblée par ailleurs pour être minée dans son flanc sud (depuis, la Russie est à la fois ciblée et encadrée toujours par ce même flanc sud et aussi son flanc nord-ouest côté Europe occidentale). L’alliance USA, Arabie Saoudite, Pakistan dans ce jeu dangereux est l’une des causes de la situation actuelle qui a affaibli les modérés et versé de l’eau au moulin des radicaux d’où une ligne de fracture qui sera rapidement atteinte. Elle révèle beaucoup de similitude entre les discours du Président Bush et celui de Ben Laden : un monde en noir et blanc - sans nuances. Le monde arabo-musulman plus que tout autre occupe une grande place dans le chapelet des bases américaines. Face à ce déferlement mercantiliste de violences de toutes sortes, quelles sont ses possibilités de réagir pacifiquement ? En premier lieu, l’autocritique des dirigeants qui ont cru naïvement pouvoir se débarrasser des islamistes violents en les laissant rejoindre l’Afghanistan par Arabie Saoudite et Pakistan interposés qui leur ont enseigné « les valeurs de l’Occident » pour assassiner leurs compatriotes. Il est temps de crier haut et fort que le premier problème du monde arabe est politique et non religieux, du fait que tous ses régimes sont parmi les moins démocratiques du monde et dont la plupart d’essence féodale ont eu le soutien intéressé de l’Occident pour se maintenir, se servir et le servir. La religion propagée sous une forme rétrograde a été un des moyens importants utilisés à cette fin. Il faut combattre ces formes d’exercice du pouvoir qui génèrent la frustration et l’extrémisme. Le peuple algérien qui aspire à la liberté et à la démocratie depuis toujours a été bloqué dans son évolution historique jusqu’au jour où il a pris deux décisions capitales : la première, le 1er novembre 1954, pour se libérer du joug colonial, la deuxième par l’avènement de la démocratie. Aspiration qui nous a valu des agressions sanglantes par des forces endogènes et exogènes conjuguées et dont nous paierons le prix fort, longtemps. Il apparaît qu’il est « interdit » à un pays arabo-musulman, multiculturel, ouvert, d’évoluer. Colonisés, occupés, endettés, dominés, féodaux, ou soumis à la pensée unique tel semble le sort réservé aux pays arabes par « nos maîtres à penser » étrangers et leurs relais nationaux.
Eh bien, il n’est que temps pour tous les régimes arabes d’admettre qu’il y a nécessité urgente d’évoluer vers la démocratie en faisant des pas de géant. L’intérêt de l’Occident doit l’inciter à nous aider dans ce sens en cessant ses ingérences intolérables. Il doit respecter nos valeurs, notre dignité et non pas les insulter avec ses amalgames sur l’Islam. Une fois de plus les peuples et les hommes se défendront quoi qu’il en coûte.
L’histoire a prouvé que ce n’est pas toujours le plus fort qui gagne (la Grande-Bretagne en Afghanistan à la fin du 19ème siècle, la France à Dien Bien Phu, les USA au Vietnam en savent quelque chose). Que de morts inutiles ! Que d’énergies dilapidées - un gâchis répété ! Nul être humain doué de raison ne saurait se réjouir de la mort inutile et vaine de l’un de ses semblables quels qu’en soient la religion, la couleur, la race, le pays d’origine. L’Asiatique, l’Européen, l’Américain, l’Africain sont tous frères issus de notre mère la terre. Le recours aux armes n’est pas une chose fatale, incontournable. Il y a bien mieux : le dialogue. L’humanité est déjà suffisamment exposée par ailleurs pour sa survie et nous sommes tous sur le même bateau (pollutions, crise de l’eau, climat, etc.) pour lui éviter encore des lendemains incertains. *AvocatLes musulmans dont le nombre est supérieur à un milliard, réparti sur tous les continents se seraient réjouis de ce que leurs religion et cultures intéressent d’autres communautés. Malheureusement lectures et commentaires qu’on en fait sont islamophobes. Ils confirment les préjugés racistes exprimés au grand jour par les amalgames par de prétendus intellectuels, intolérants.
C’est les énièmes croisades qui ont commencé puisqu’il y en a eu une dizaine entre les 11ème et 16ème siècles. Les nouveaux croisés sont des figures de proue médiatisées. Samuel Huntington a « prédit » dans son ouvrage paru en 2000 « Le choc des civilisations », d’où un affrontement entre chrétiens et musulmans. Journaliste italienne, islamophobe, Oriana Fallaci, fasciste de la 3ème génération, par son livre d’une rare violence a déversé son poison dont le titre « La rage et l’orgueil » est révélateur. Un petit « écrivaillon » français en a fait de même. Illustre inconnu, en mal de publicité, la justice française lui a donné un blanc-seing en le relaxant. Il y a encore plus grave lorsque le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi affirme « la suprématie de la civilisation occidentale sur l’Islam ». Il a dû s’inspirer des « humanistes » Torquemada l’inquisiteur général et Mussolini.
Nous voilà en plein occidentalo-centrisme. Comment alors s’étonner si l’islamophobie est devenue une mode. L’extrême droite qui a mal digéré ses défaites historiques dans ses pays d’origine et dans les colonies (Vietnam, Algérie, etc.), entretient la haine contre les immigrés. Les 15 millions d’entre eux en Europe constituent une population respectable. Leur présence résulte de choix politiques et économiques des pays d’accueil qui doivent promouvoir une intégration réelle au lieu de louvoyer, favorisant ainsi la révolte des jeunes auxquels on attribue une délinquance « particulière » que l’on tente de circonscrire par un arsenal répressif, d’où vrais problèmes et fausses solutions. L’Islam, religion, philosophie et code de conduite, a émancipé la femme, protégé les faibles, prêché la tolérance en général et vis-à-vis des 2 autres religions monothéistes en particulier avec lesquelles il partage de nombreuses prescriptions. Ses préceptes sont clairs, abordables. D’après ses détracteurs, le milliard de musulmans à travers le globe est composé de fanatiques terroristes qui n’ont ni raison ni libre arbitre. Pour contrer des propos intolérants, démentis par anticipation, l’attitude du prophète Mohamed est éloquente. Il a porté une attention particulière aux rapports entre les musulmans et les autres pour qu’ils soient imprégnés de tolérance, du respect de la personne humaine. Ce n’est pas l’Islam, « ce nouvel ennemi fanatique », irréductible qui a dit :
1ère citation : « Le Seigneur ton Dieu te livrera ces nations et jettera sur elles une grande panique jusqu’à ce qu’elles soient exterminées. Il livrera leurs rois entre tes mains, tu feras disparaître leur nom sous le ciel, aucun ne tiendra devant toi, jusqu’à ce que tu les aies exterminés ». Ces incitations aux meurtres individuels et collectifs on ne peut plus explicites figurent dans l’Ancien Testament (Deutéronome - 7-23 et 24 ).
Cette citation et la suivante sont reprises par Alain Gresh dans un excellent article paru sur « Manière de voir » 64 (bimestriel juillet-août 2002 page 22 intitulé : Islamophobie).
2ème citation : « Le chef de la femme, c’est l’homme (...) Si la femme ne porte pas le voile, qu’elle se fasse tondre (...) l’homme, lui, ne doit pas se voiler la tête : il est l’image de la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l’homme (...) Et l’homme n’a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme. Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête la marque de sa dépendance ». Injonction attribuée à l’apôtre Paul dans sa première épître aux Corinthiens. Il était surnommé l’Apôtre des gentils, considéré par certains comme le deuxième fondateur du christianisme. Emprisonné à Jérusalem et décapité sous Néron à Rome, il est l’auteur de 14 épîtres dont celle citée ci-dessus. Son oeuvre, dit-on, constitue à dégager la religion du Christ du judéo-christianisme.
Ces 2 citations sont-elles du prophète Mohamed ? figurent-elles dans le Coran ? Non. Pour autant doit-on faire l’amalgame et s’y référer constamment avec bien d’autres du même genre pour faire le procès permanent des religions juive, catholique, protestante, etc. Les musulmans n’ont jamais fait commencer le monde à la révélation à Mohamed par l’ange Gabriel. Les racines de notre monde, celles des autres religions du livre sont évoquées par l’Islam qui comporte une moisson de connaissances pour autant que sa lecture soit dépouillée de préjugés.
Un des grands moments de la civilisation humaine fut la cohabitation pacifique des 3 religions du Livre dans l’Espagne musulmane où une tolérance exemplaire régnait. Les 3 communautés avaient atteint ensemble un stade élevé dans la réflexion, les spéculations intellectuelles, la recherche scientifique. Le mérite en revenait amplement aux Arabes qui avaient traduit, compris et transmis tout ce qu’ils avaient glané de la civilisation hellénique en l’améliorant.
Le rejet des Arabes de l’Espagne est une erreur historique qui a freiné brutalement l’évolution de l’humanité car ils ont eu le mérite incontestable de transmettre un legs scientifique intellectuel, moderniste à une Europe arriérée. Après les Arabes, l’avènement des rois catholiques a été suivi de l’Inquisition qui par ses bûchers a consumé des êtres humains, des livres donc des idées (bel exemple Mesdames et Messieurs les défenseurs des valeurs dites judéo-chrétiennes... au fait l’inquisition c’est quelle valeur ?).
Après les lumières de l’Islam, ce fut la fissure, puis l’Europe meurtrie par les schismes, les Etats catholiques contre les protestants. Galilée dénoncé, jugé par le tribunal de l’Inquisition, condamné à la prison à vie en 1633, la Bible interprétée tendancieusement puisqu’il fut décrété que toute recherche scientifique rivalisait avec elle. Le prophète Mohamed avait prescrit plusieurs siècles avant de « quérir la science du berceau au tombeau », donc sans limites dans le temps. Et pour ce faire « d’aller jusqu’en Chine », donc sans limites dans l’espace.
Puis les guerres de religions avec leurs millions de morts qui ont dévasté l’Europe, les « exploits » des conquistadors en Amérique dite latine exterminant des millions d’Indiens innocents sous l’oeil indifférent de l’Eglise. Il est vrai que peu de choses ont changé si l’on compare la théorie actuelle de la guerre préventive à celle de l’Inquisition voulant que celle-ci condamnait les autres à mort avec la conviction de faire son devoir.
Les archives de l’Inquisition révèlent son degré de barbarie. Elle se voulait une instance doctrinaire et monolithique intervenant dans les différents aspects de la vie sociale. Nos cousins sémites, les juifs, en furent victimes et parmi eux beaucoup furent accueillis généreusement, humainement par les « barbares musulmans » du Maghreb en particulier et du monde arabe en général. Le sujet est inépuisable et relève d’une autre analyse. L’Islam s’est voulu urbain dans tous les sens du terme et s’est manifesté comme tel. Il a apporté ses propres énergies et intégré celles des juifs et des catholiques en Espagne. Il n’a pas déversé dans un mouvement colonial, exploiteur et dominateur : soldats-colons et administrateurs comme le font encore l’Occident depuis bientôt 10 siècles et Israël en Palestine depuis plus d’un demi-siècle, arrogant, provocateur plus que jamais. L’histoire du 17ème au 20ème siècle est chargée d’épisodes sanglants pour tous les peuples et ceux du tiers monde en particulier. La responsabilité de l’Occident est incontestable par rapport aux millions de morts dont ses propres ressortissants sur tous les continents où il a porté la guerre tant de fois. Les principes universels qui ont trait au respect de l’être humain ne sont nullement enracinés chez ceux qui se réclament des valeurs judéo-chrétiennes. Celles-ci sont à fleur de peau comme le prouvent toutes les horreurs de la Deuxième Guerre mondiale et celles infligées aux peuples colonisés qui ont lutté pour leurs indépendances qui s’avèrent de pure forme.
Les idées généreuses à l’origine de la création de la Société des Nations après la Première Guerre mondiale ont vite fait long feu. En 1939 la deuxième grande boucherie du siècle, soit 20 ans après la précédente, ensanglanta et perturba le monde entier durant 6 ans. L’avènement de l’ONU se fondait sur une paix universelle garantie par le respect des principes du droit international.
Le monde frappé de stupeur après les deux guerres mondiales s’est mis à espérer dans une nouvelle philosophie de l’histoire, malheureusement en vain.
Les mêmes puissances qui proscrivent la barbarie, la terreur sont les premières à y recourir. Il en résulte de nos jours encore que seule une partie très réduite de l’humanité respecte les droits humains. Elle est loin d’être majoritaire dans cet Occident éternel donneur de leçons. Le professeur Samuel Huntington dans son livre conclut en quelque sorte à l’impossibilité d’une paix fondée sur le droit et la justice. Si tel serait le cas, qui en est responsable ?
Il nous invite à vivre le début d’une nouvelle guerre. Il oublie que les peuples arabo-musulmans en particulier, à cause du pétrole et de leurs positions géo-stratégiques, n’ont jamais été des agresseurs mais plutôt victimes d’agressions multiformes. Que notre religion et nos cultures contestées en permanence, nous avons vécu sous le sifflement des bombes et l’angoisse des agressions perpétuelles. Les occupations militaires et la domination économique qu’elles se fassent par le fameux « colon civilisateur » et maintenant par la Banque Mondiale, le FMI et la mondialisation, cette ogresse en mouvement, nous sont familières. Le passif de l’Occident fait de répressions brutales, d’aspirations légitimes écrasées même s’il a creusé une fosse grandissante ne nous empêche pas de rester lucides. A considérer de plus près la réalité, il n’y a ni choc de civilisations ou de cultures puisqu’elles se sont côtoyées depuis des dizaines de siècles sans autres problèmes que ceux spécifiques à tous les hommes et à tous les peuples, pas plus qu’il n’y a de choc entre l’Islam et l’Occident. Il y a des agresseurs et des agressés.
La convoitise du pétrole est telle qu’elle a généré des stratégies douteuses aux conséquences graves. Il en est ainsi de la guerre infligée au peuple afghan depuis qu’il a voulu s’émanciper en 1976 en portant au pouvoir un gouvernement progressiste puis de l’attrait de l’ex-URSS dans le piège afghan qui fut son Vietnam et de la création des « Talibans » dont l’objectif consistait à détruire le régime progressiste afghan, lequel ne s’était pas effondré malgré le retrait de l’URSS, ciblée par ailleurs pour être minée dans son flanc sud (depuis, la Russie est à la fois ciblée et encadrée toujours par ce même flanc sud et aussi son flanc nord-ouest côté Europe occidentale). L’alliance USA, Arabie Saoudite, Pakistan dans ce jeu dangereux est l’une des causes de la situation actuelle qui a affaibli les modérés et versé de l’eau au moulin des radicaux d’où une ligne de fracture qui sera rapidement atteinte. Elle révèle beaucoup de similitude entre les discours du Président Bush et celui de Ben Laden : un monde en noir et blanc - sans nuances. Le monde arabo-musulman plus que tout autre occupe une grande place dans le chapelet des bases américaines. Face à ce déferlement mercantiliste de violences de toutes sortes, quelles sont ses possibilités de réagir pacifiquement ? En premier lieu, l’autocritique des dirigeants qui ont cru naïvement pouvoir se débarrasser des islamistes violents en les laissant rejoindre l’Afghanistan par Arabie Saoudite et Pakistan interposés qui leur ont enseigné « les valeurs de l’Occident » pour assassiner leurs compatriotes. Il est temps de crier haut et fort que le premier problème du monde arabe est politique et non religieux, du fait que tous ses régimes sont parmi les moins démocratiques du monde et dont la plupart d’essence féodale ont eu le soutien intéressé de l’Occident pour se maintenir, se servir et le servir. La religion propagée sous une forme rétrograde a été un des moyens importants utilisés à cette fin. Il faut combattre ces formes d’exercice du pouvoir qui génèrent la frustration et l’extrémisme. Le peuple algérien qui aspire à la liberté et à la démocratie depuis toujours a été bloqué dans son évolution historique jusqu’au jour où il a pris deux décisions capitales : la première, le 1er novembre 1954, pour se libérer du joug colonial, la deuxième par l’avènement de la démocratie. Aspiration qui nous a valu des agressions sanglantes par des forces endogènes et exogènes conjuguées et dont nous paierons le prix fort, longtemps. Il apparaît qu’il est « interdit » à un pays arabo-musulman, multiculturel, ouvert, d’évoluer. Colonisés, occupés, endettés, dominés, féodaux, ou soumis à la pensée unique tel semble le sort réservé aux pays arabes par « nos maîtres à penser » étrangers et leurs relais nationaux.
Eh bien, il n’est que temps pour tous les régimes arabes d’admettre qu’il y a nécessité urgente d’évoluer vers la démocratie en faisant des pas de géant. L’intérêt de l’Occident doit l’inciter à nous aider dans ce sens en cessant ses ingérences intolérables. Il doit respecter nos valeurs, notre dignité et non pas les insulter avec ses amalgames sur l’Islam. Une fois de plus les peuples et les hommes se défendront quoi qu’il en coûte.
L’histoire a prouvé que ce n’est pas toujours le plus fort qui gagne (la Grande-Bretagne en Afghanistan à la fin du 19ème siècle, la France à Dien Bien Phu, les USA au Vietnam en savent quelque chose). Que de morts inutiles ! Que d’énergies dilapidées - un gâchis répété ! Nul être humain doué de raison ne saurait se réjouir de la mort inutile et vaine de l’un de ses semblables quels qu’en soient la religion, la couleur, la race, le pays d’origine. L’Asiatique, l’Européen, l’Américain, l’Africain sont tous frères issus de notre mère la terre. Le recours aux armes n’est pas une chose fatale, incontournable. Il y a bien mieux : le dialogue. L’humanité est déjà suffisamment exposée par ailleurs pour sa survie et nous sommes tous sur le même bateau (pollutions, crise de l’eau, climat, etc.) pour lui éviter encore des lendemains incertains
Par Louhibi Mohamed, quotidien-oran.com