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George Bush choisit Paul Wolfowitz

jeudi 17 mars 2005, par nassim

Le choix du président Bush suscite des remous y compris aux Etats-Unis, où le secrétaire adjoint à la défense, Paul Wolfowitz, passe pour un idéologue rigide.

Après avoir désigné le néoconservateur John Bolton ambassadeur à l’ONU, George Bush a choisi, mercredi 16 mars, le controversé secrétaire adjoint à la défense, Paul Wolfowitz, comme candidat à la présidence de la Banque mondiale. Une décision qui pourrait créer quelques remous, notamment en Europe, tant Paul Wolfowitz, 61 ans, un des principaux artisans de l’invasion de l’Irak, incarne l’unilatéralisme de la première administration Bush.

"Paul attache beaucoup d’importance au développement. C’est un homme bien, qui a du cœur et fera un excellent travail", a déclaré le président lors d’une conférence de presse. "Je crois profondément à la mission de la Banque mondiale. Ce ne sont pas seulement les pauvres qui en bénéficient quand la pauvreté recule. Nous en bénéficions tous",a ajouté M. Wolfowitz. Le poste est attribué par tradition à un Américain, la direction du Fonds monétaire international (FMI) à un Européen. Les Etats-Unis sont l’actionnaire principal de la Banque mondiale, dont la vocation est de financer le développement. Pour remplacer James Wolfensohn qui quittera la présidence de la Banque mondiale le 1er juin, Paul Wolfowitz doit obtenir l’aval du conseil d’administration qui regroupe les représentants des 184 Etats membres. Ce ne sera pas facile pour ce faucon à la réputation d’idéologue rigide. Les Européens peuvent mettre leur veto. Les Américains l’ont fait lors de la désignation du directeur général du FMI en 2000, estimant que le premier candidat présenté, l’Allemand Caïo Koch Weser était "trop mou".

Le chef de la diplomatie britannique Jack Straw s’est dit prêt, mercredi, à travailler avec M. Wolfowitz. Les autres capitales européennes étaient plus prudentes. L’Elysée a indiqué que "la France allait examiner (la candidature) dans l’esprit d’amitié existant entre la France et les Etats-Unis et au regard de la mission capitale de la Banque mondiale au service du développement".

Aux Etats-Unis, beaucoup de réactions ont été franchement hostiles. "C’est à se demander si les mots de l’administration sur sa volonté de se rapprocher de nos alliés ne sont pas que des paroles en l’air", a déclaré le sénateur John Kerry, candidat démocrate à l’élection présidentielle de 2004. Certains craignent, à la Banque mondiale, que M. Wolfowitz se préoccupe plus de "propager la démocratie" au Moyen-Orient que de lutter contre la pauvreté dans le monde. Son amitié avec Israël est aussi considérée comme un handicap vis-à-vis des pays arabes et musulmans. Plusieurs ONG ont déjà rejeté le choix de M. Bush.

La désignation de Paul Wolfowitz, jusqu’ici atout précieux du secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld, dans son combat permanent contre le département d’Etat n’est pas sans conséquence politique aux Etats-Unis, cela donnerait au secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice, une plus grande marge de manœuvre sur l’Irak.

M. Wolfowitz, qui possède un doctorat en relations internationales et a été ambassadeur en Indonésie, a appartenu au département d’Etat dans l’administration Reagan et au département de la défense sous la présidence de George Bush père. Aussi certains dirigeants à la Banque mondiale espèrent-ils qu’il suivra l’exemple du secrétaire à la défense Robert McNamara, qui avait pris la tête de l’institution en 1967. Après avoir orchestré la guerre du Vietnam, il était devenu un des meilleurs promoteurs du développement.

Par Eric Leser, lemonde.fr