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Enjeux de la privatisation en Algérie

dimanche 31 juillet 2005, par Kahina

Le FMI recommande la poursuite du processus de privatisations en Algérie pour fortifier l’économie algérienne.

La problématique de la privatisation en Algérie a été au coeur des débats au Forum d’El Moudjahid, avec l’expert Nacer Eddine Sadi.

La question de la privatisation en Algérie a été au centre d’un débat organisé au Forum du journal El-Moudjahid avec la participation d’un expert en la matière, en l’occurrence M. Nacer Eddine Sadi, professeur à l’université de Grenoble en France, qui a présenté pour la circonstance son livre sur le bilan des privatisations en Algérie de 1995 à 2003.

Passant au peigne fin l’expérience balbutiante de l’Algérie en matière d’ouverture économique, il notera que la stratégie mise en place peine à prendre son envol faute de politique structurée et continue même de résister aux aléas conjoncturels. Ce n’est pas, à ses yeux, dans le rythme à imprimer au processus de privatisation que réside l’efficacité de la démarche.

« La privatisation n’est pas une fin en soi », mais un levier de rendement économique. Et la Banque mondiale ainsi que le FMI ne sont pas, pour le conférencier, des références quand il s’agit d’assister les Etats dans la fortification de leur économie nationale. Les recettes et les conseils dispensés ne se préoccupent pas des conséquences que la politique de libéralisation peut entraîner sur la cohésion sociale d’un pays. L’attitude semble confiner à des considérations dogmatiques. C’est pourquoi la vigilance de l’Etat est requise pour organiser la transition, de sorte à éviter les heurts conséquents aux déceptions pouvant être subséquentes à des pertes d’emploi ou à la précarisation de ce dernier, dans la phase où se négocie le virage sensible des restructurations.

L’Etat ne doit donc pas se départir de ses fonctions régulatrices pendant le processus de privatisation, « jusqu’au terme de la transition économique ». Ce qui permettra d’affronter l’économie de marché dans une perception de la réalité.

Le bilan, selon le conférencier, de 1995 à ce jour, reste mitigé, sinon négatif. Selon lui, l’échec serait dû à l’absence de dispositif de mise en oeuvre du transfert de « l’économie assistée » vers l’économie de marché. Une défaillance qui a pénalisé l’approche dans la stratégie économique. La conséquence en est que l’économie de bazar a proliféré, générant les marchés informels du fait des importations anarchiques et incontrôlées. « L’avenir de l’économie de marché en Algérie n’est pas l’import-export mais la création de PMI et PME », recommandera-t-il.

Il a, dans le cas algérien, plaidé pour une « combinaison des modalités de transfert » en cédant les entreprises au capital privé et aux travailleurs. Une telle option aurait prouvé son efficacité en Europe de l’Est. Il a en revanche dénoncé la privatisation de masse (tous azimuts) qui n’a pas donné les résultats escomptés notamment en Russie, où « la maffia a littéralement accaparé tout l’appareil économique » à la faveur de la cession d’innombrables entreprises publiques.

Hostile au désengagement total et brusque de l’Etat, l’orateur encourage ce dernier à jouer plutôt son rôle de « régulateur et d’animateur de la sphère économique ». Selon lui, la privatisation étant un acte « éminemment politique », l’Etat est appelé à accompagner le processus afin de sauver le tissu industriel national, dont les seules et vaines tentatives de sauvetage par l’assainissement structurel et financier, depuis deux décennies, ont déjà coûté au Trésor public plus de 30 milliards de dollars US.

A l’appui de son argumentaire, il cite l’exemple de « deux grands chantres de la privatisation tous azimuts » dans les années 80, en l’occurrence la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, qui ont revu leur stratégie depuis 2001 en réhabilitant le rôle de l’Etat dans « la régulation de la sphère économique ».

Par le Quotidien d’Oran