Accueil > PORTRAITS > El-Tarf : Le charme discret d’une région

El-Tarf : Le charme discret d’une région

samedi 24 juillet 2004, par Hassiba

En Algérie, la wilaya d’El-Tarf est caractérisée par deux principales vocations, le tourisme et l’agriculture.

Elle dispose d’un peu plus de 72 000 hectares. Le rendement, selon les moyens de travail engagés, varie entre les 15 à 20 quintaux à l’hectare pour les céréales, les conditions climatiques y jouent, entre autres, un rôle prépondérant. Pour cette année, l’on s’attend, selon des ingénieurs, à une moisson plus importante bien que la wilaya d’El-Tarf ne soit pas à vocation céréalière. La vocation touristique apparaît à travers la diversité de ses nombreuses et indéniables potentialités, ainsi que les sites historiques et archéologiques résultant du passage de plusieurs civilisations, les stigmates sont encore présents en plusieurs lieux et contrées de la wilaya. Elle recèle des atouts certains, uniques en Algérie et rares à travers le monde.

Son littoral s’étend sur 90 km, composé en majorité de plages. Les autorités locales en auraient recensé une douzaine, mais leur nombre dépasse largement ces statistiques. Les capacités d’accueil journalières atteignent, selon les premières estimations, 392 000 estivants. Notons au passage que la réputation de certaines plages de la wilaya dépasse nos frontières, à l’image de cap Rosa, la Messida, la vieille Calle et, surtout, la plage d’El-Hannaya, en dépit de l’absence d’une infrastructure d’accueil des touristes qui affluent chaque année de plusieurs villes de l’intérieur, voire même de pays étrangers (français, africains et tunisiens). Pour cet été, les autorités locales ont mis le paquet. Ainsi donc, une route longue de 12 kilomètres est refaite à neuf, donnant directement sur le chemin de wilaya 109 où l’on recense les plus belles plages. Les Tarfinois, ainsi que les Zitouniens et les Bouhadjaris n’auront plus à passer par El-Kala pour rejoindre El-Hannaya, cap Rosa et la vieille Calle ; ils transiteront directement par le chef-lieu de la wilaya d’El-Tarf. Ce littoral luxuriant, qui renferme une végétation verdoyante et dense, dispose, entre autres, d’une ressource aquatique de valeur dénommée corail, recueilli par des spécialistes, généralement italiens, à plus de 90 kilomètres. À cette richesse saccagée à longueur d’année par nos voisins tunisiens s’ajoute le phoque moine, mammifère en voie d’extinction. Récemment, une bande composée de 4 personne est tombée dans les mailles du filet de la Sûreté nationale. Les enquêteurs, agissant sur information, ont découvert dans les cabas du groupe 38 kg de corail. La bande tentait de les faire passer en Tunisie pour les refiler à un Italien connu dans la région qui s’est installé à Tabarka, ville frontalière d’Oum Teboul. Notons que le kilogramme de corail fini est revendu à plus de 70 millions de centimes. Le saccage de cette ressource est devenu monnaie courante et les instigateurs sont encouragés par une complicité difficile à déterminer.

El-Tarf, cette wilaya de l’arrière-pays, dispose de potentialités hydriques indéniables. Elle compte une douzaine de lacs dont les plus importants ont pour noms Oubeïra, El-Mella, Tonga et Lac des oiseaux. Ils ont une importance écologique qui joue un rôle prépondérant sur la biosphère et sur la richesse faunistique et floristique. Ces lieux humides protégés par la convention Ramsar sont les endroits privilégiés de milliers d’oiseaux venant de contrées différentes et sédentaires de diverses espèces. Les forêts occupent les 57% du territoire de la wilaya. La valeur du couvert végétal est confirmée à travers la délimitation de 2 zones naturellement protégées : le parc national, le parc écologique et les zones de passage de Béni Salah à l’extrême sud-est. Des forêts qui renferment des matières nobles, à savoir la bruyère qui servant à la fabrication des pipes ainsi que plusieurs autres objets et dont l’unité implantée à El- Kala (Méridima) se débat dans des problèmes parce que certaines sphères ayant des desseins malsains militent dans l’ombre pour son extinction alors que sur le terrain, elle a prouvé ses performances et les capacités inestimables de production et de rentabilité. Le Parc national, d’une superficie de 80 000 hectares, est composé d’une mosaïque d’écosystème caractérisée par des zones humides dont l’ensemble et la diversité de leur composant constituent un complexe considéré comme unique dans le bassin méditerranéen. À l’intérieur de ce parc, sont situées 2 des plus belles zones d’expansion touristique : la Messida, les Oubeïra, Mellah et Tonga. Le parc a été créé par décret en date du 23 juillet et a été aussitôt classé comme patrimoine naturel et culturel international et réserve de la biosphère par l’Unesco, le 17 décembre 1990. À El-Tarf, la chasse et la pêche font le bonheur de plusieurs amateurs venant de toutes parts pour goûter au plaisir de ces sports. La wilaya dans ces 2 domaines, pêche sportive et touristique, a d’énormes potentialités en la matière. À ce décor précieux s’ajoutent les ressources naturelles, à savoir le thermalisme. La wilaya compte dans l’ensemble 6 sources thermales dont la plus importante est hammam Sidi-Trad, dans la commune de Zitouna (daïra d’El-Tarf). Son exploitant, au lieu de procéder à un investissement, a occasionné, de l’avis des nombreux curistes que nous avions rencontrés, des ravages. Aucun signe d’amélioration. Le hammam, après un flux ayant par le passé fait sa notoriété, est fui aujourd’hui comme on fuit la peste. Il en est de même pour les autres se trouvant dans les communes de Chaffia, Bouhadjar et hammam Béni Salah. Par ailleurs, notons que l’espace de la wilaya est parsemé de sites et de monuments archéologiques et historiques témoins de civilisations qui se sont succédé depuis la préhistoire. Leur nombre est de 164, nous dit-on, mais cela pourrait être davantage. Un prix aurait été décerné récemment à une association de la commune de Aïn Kerma qui, grâce à la volonté qui anime sa composante, a su rassembler un nombre important de ces sites. Disons que depuis la nomination de M. Djouad comme directeur exécutif de la culture, les choses ont commencé à connaître un léger mieux au grand bonheur des talents de la région et en particulier de l’association des écrivains. Une nomination qui présage un bel avenir dans ce secteur qui, auparavant, végétait. Son ex-directeur ne s’est jamais manifesté, même lors d’occasions ayant un lien étroit avec le secteur. Les gens du domaine, et ils sont nombreux, mis en veilleuse par l’ex-directeur, sont optimistes. Les sites ont pour noms Bastion de France, vieille Calle, palais de Lalla Fatma et ligne Charles-Maurice.

Tout le long du littoral sont réparties 5 zones d’expansion touristique, composées de 3 sites magnifiques : la Mafrag ouest, 1 150 ha, composée de 3 sites, Chatt Joinville et El-Battah ouest. Ce dernier est apte à recevoir des investissements touristiques dans l’immédiat. Les actions entreprises par certains investisseurs n’ont pas donné les résultats escomptés. Les infrastructures touristiques, en dépit des encouragement tous azimuts, sont à un stade embryonnaire. La zone du Mefrag est (1 700 ha) comporte 4 sites : El Battah est, Moudjab-Draouch et la Marsa, la zone d’expansion touristique de Hannaya, 870 ha, (Hannaya, Belhadj et Aïn Taouka). La ZeT de cap Rosa, 900 ha : cap Rosa, Capliona et la Calle prisonnière, la Zet Messida, 565 ha, un seul site du même nom d’une superficie de 45 ha aménagé et prêt à l’investissement. La saison estivale de cette année n’a pas connu les préparatifs habituels, en particulier au niveau de la commune d’El-Kala où les luttes intestines entre membres de l’assemblée exécutive ont bloqué les affaires courantes des citoyens. Mais en dépit de ces entraves, l’on s’attend à un flux touristique qui dépasserait les 5 millions.

Par Tahar B, Liberté