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Daimler rêve de produire des Chrysler en Chine

samedi 7 mai 2005, par nassim

Suite à l’annonce du groupe Daimler de son projet de délocalisation de Chrysler en Chine, plusieurs voix se sont élevés pour contester le choix de la direction.

La belle sportive Chrysler Crossfire.

Si cela continue, il n’y aura bientôt plus un seul emploi dans les usines automobiles des pays occidentaux... La dernière idée du constructeur germano-américain DaimlerChrysler a de quoi affoler salariés et syndicats. Le groupe songe en effet à produire des véhicules en Chine, mais pas pour le marché chinois, comme c’est déjà le cas actuellement. Non, il réfléchit à la possibilité de fabriquer des voitures en Chine pour les exporter en Amérique du Nord et au Canada. Le calcul est assez simple : un ouvrier chinois coûte 1,50 euro de l’heure, contre 28 euros aux Etats-Unis et 38 euros en Allemagne.

Face à l’afflux de réactions sur ce qui s’apparenterait à une nouvelle forme de délocalisation, le siège de DaimlerChrysler à Stuttgart, a tenté cette semaine de minimiser la portée de l’annonce, évoquant « une réflexion à très long terme ». Visiblement, Rüdiger Grube, qui dirige l’activité chinoise du cinquième constructeur mondial, a trop parlé. « Nous aimerions établir ici en Chine une coentreprise pour l’exportation des produits Chrysler », a-t-il déclaré le 21 avril en marge du salon automobile de Shanghai, allant jusqu’à préciser qu’une décision pourrait être prise dans la seconde moitié de l’année.

Les Etats-Unis, berceau du groupe Chrysler avec lequel l’allemand Daimler a fusionné, n’ont rien à craindre, a assuré Grube, car « il ne s’agit pas de construire des modèles existants mais un segment totalement nouveau de Chrysler compact ». Pour certains analystes, cette annonce aurait notamment pour but de faire pression sur le syndicat UAW des salariés américains de l’automobile. En effet, les constructeurs doivent prendre en charge une bonne partie de l’assurance maladie et retraite. Ce qui pèse considérablement sur leurs comptes.

Rage. Déjà traumatisée par des mois de batailles pour conserver les emplois chez Opel, l’Allemagne suit ces évolutions avec une forme de rage, comme en témoigne la vigueur du débat sur le capitalisme et l’absence de responsabilité des chefs d’entreprise (lire ci-contre). « Je ne vois pas véritablement de danger pour l’Europe, affirme cependant Rolf Woller, analyste automobile à la HypoVereinsbank, car les possibilités de fabriquer des modèles en Europe de l’Est, comme c’est déjà le cas pour la Logan par exemple, sont très intéressantes. »

Pronostic. Développer de nouvelles activités automobiles en Europe de l’Ouest paraît en revanche exclu. La semaine prochaine, BMW va bien inaugurer une nouvelle usine à Leipzig, en Allemagne de l’Est. « Mais ce sera la dernière avant très longtemps, pronostique Ferdinand Dudenhöffer, expert automobile. L’Allemagne ne va plus créer d’emplois dans le secteur car les capacités des constructeurs ont atteint leur limite. S’il doit y avoir des créations d’usines, ce sera à l’Est. » Rolf Woller, lui, ne se montre pas aussi pessimiste. « Cela dépendra des syndicats et de leur flexibilité », dit-il. Il y a toujours deux revers sur une médaille. « On peut dire que tout est de la faute des capitalistes. Mais on peut aussi considérer que l’Europe, avec ses problèmes de charges sociales, et les Etats-Unis, avec leurs problèmes d’assurance maladie et retraite, ont du mal à s’adapter à la compétition mondiale. » Juste une question de perspective.

Par Odile BENYAHIA-KOUIDER, liberation.fr