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Conversion de la dette et investissement en Algérie

dimanche 12 septembre 2004, par Hassiba

La France, l’Espagne et l’Italie ont accepté la conversion d’une partie de la dette algérienne. Les autres créanciers vont-ils faire de même ?

Partenaire traditionnel de l’Algérie, la France a approuvé l’accord de la conversion et l’a traduit dans les faits en si peu de temps, par comparaison à certains créanciers encore hésitants. Même si la partie qu’elle a convertie est dans des proportions jugée faibles, 10% seulement.

C’est le ministre français de l’Economie et des Finances, en visite à Alger en juillet, qui a fait avancer le processus, non sans contrepartie, à l’évidence. Nicolas Sarkozy a trouvé en Algérie des contrats commerciaux et, du coup, y a placé des entreprises dont certaines sont en difficulté économique et financière. La conversion que l’Hexagone a consentie ne peut que contribuer à augmenter le volume de l’investissement des opérateurs français en Algérie établi à plus d’un milliard d’euros.

Aujourd’hui, les entreprises françaises intéressées par cette conversion peuvent prendre contact avec les autorités algériennes dans l’objectif de conclure des contrats de partenariat, après l’avis d’appel d’offres lancé par le ministère français de l’Economie et des Finances en juillet dernier. Le nombre de contrats à signer pourrait inciter les autres pays créanciers, aujourd’hui frileux quand il s’agit de conversion et de dette, à changer d’attitude.

Certains parlent de l’Allemagne, un pays avec lequel l’Algérie entretient de solides relations économiques et commerciales. La question de la conversion de la dette pourrait être à l’ordre du jour de la visite qu’effectuera le chancelier allemand à Alger en octobre prochain. Des responsables à l’ambassade d’Allemagne à Alger déclarent qu’ils ne disposent pas d’informations à ce sujet à l’heure qu’il est. La partie algérienne estime qu’a priori il est difficile d’engager des discussions avec l’Allemagne et sur la conversion et sur la gestion par anticipation. Elle explique que si les Allemands acceptent d’en discuter avec nous, il faut qu’ils en fassent autant avec leurs partenaires traditionnels.

On sait que le montant de la dette publique s’établit à 31,4 milliards de dollars. Par le passé, l’Algérie payait cher sa dette, parce que les taux d’intérêt étaient très élevés (6%). Aujourd’hui, le contexte a changé, les taux d’intérêt aussi. Ils oscillent entre 1 et 4%. Une partie de la dette extérieure du pays est chère (les taux d’intérêt sont excessifs par rapport aux marchés, 11% dans certains pays créanciers).

L’Algérie a entamé et des discussions autour de ces taux d’intérêt et des négociations sur le relèvement du pourcentage de conversion, pour le ramener à 30%. L’Hexagone s’est déclarée disposée à défendre la doléance algérienne auprès du Club de Paris. Le ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, a affirmé récemment que des pays ont « accepté déjà de passer à 30% », à la grande satisfaction des autorités algériennes. Le service de la dette, et l’Algérie n’est pas un cas atypique, continue à peser sur le processus de développement, même si le plus dur est passé : le processus de restructuration soumis au régime à sec, au début des années quatre-vingt-dix, l’Algérie s’en est éloignée quelque peu, estiment certains. Avec des recettes pétrolières jamais égalées dans l’histoire de l’Algérie indépendante, le pays se paie le luxe d’injecter cinquante milliards de dollars dans l’économie nationale. Du jamais vu de mémoire d’économiste. Comment sera répartie cette manne financière ? Et dans quels projets sera-t-elle injectée ? Les entreprises publiques en difficulté sont-elles concernées par cette générosité de l’Etat ? Des détails autour de ces questions seront certainement formulés dans la loi de finances 2005.

En consacrant un montant aussi colossal à l’investissement, l’Algérie privilégie le capital public et se passe de celui privé. Les cinquante milliards de dollars ajoutés aux prêts concessionnels et aux titres d’investissement issus de la conversion de la dette sont à même de fouetter un processus d’investissement lent, jugent des spécialistes.

Par Youcef Salami, La Tribune