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Chantages sur la presse en Algérie

mardi 3 mai 2005, par nassim

Depuis son apparition en Algérie, la presse indépendante et les journalistes vivent au rythme des convocations et des pressions des tribunaux.

La presse écrite

La presse en Algérie vit au rythme de la convocation des journalistes.

privée fait-elle l’objet de harcèlements ? La nature des griefs retenus contre elle, les procès en série qui se succèdent et la teneur des sanctions sont là pour le prouver. En 2003, par exemple, six titres (Liberté, El Watan, Le Matin, Le Soir d’Algérie, El Khabar, L’Expression et Errai) sont suspendus pour avoir publié des scandales politiques. La même année, le directeur du Matin, Mohamed Benchicou, est placé sous contrôle judiciaire ; des journalistes, ainsi que le caricaturiste de Liberté, Ali Dilem, sont convoqués par la police. Cette situation poussera neuf titres privés à organiser, le 22 septembre, une journée sans presse afin d’alerter l’opinion publique, nationale et internationale, sur les dérives du pouvoir qui se manifestent à travers des “accusations sans fondement” et des “arrestations arbitraires”. Pour toute réponse, des procès pour diffamation sont ouverts contre de nombreux journaux, dont Liberté.

Un correspondant de plusieurs titres, Hassan Bourras, sera même interdit d’exercer pendant 5 ans sa profession et d’autres responsables de publications et des journalistes comparaîtront, cette année-là, devant les tribunaux. 2004 ne sera pas non plus sans souci pour la presse privée. Les professionnels de l’information et les directeurs du Matin, du Soir d’Algérie, de Liberté, de L’Expression, d’El Khabar et d’El Watan continueront à être traînés devant les tribunaux. De lourdes peines seront prononcées contre eux. Le 22 janvier, les éditeurs vont dénoncer le “harcèlement sans précédent” contre certains journaux. Le journaliste de Djazaïr News, Hafnaoui Ghoul, se retrouve au pénitencier de Djelfa pour une durée de six mois. La nouvelle année va enregistrer, quant à elle, et ce, dès le mois de janvier, la condamnation des directeurs de Liberté, d’El Watan, d’El Khabar et du Soir d’Algérie à de lourdes peines de prison et à de fortes amendes.

Avec cette fois la menace de suspension de n’importe quel journal pour diffamation, requise d’abord contre Le Soir d’Algérie par le ministère public près le tribunal de Sidi M’hamed. Plus récemment, au mois d’avril, le directeur du Matin et quatre journalistes du quotidien se sont présentés devant le tribunal correctionnel de Sidi M’hamed près la cour d’Alger pour deux affaires les opposant au ministère de l’Énergie et des Mines et à l’homme d’affaires émirati Ali Al Shorafa.

Des peines de prison ferme ont été prononcées à leur encontre. Plusieurs affaires ont également été traitées par les tribunaux d’Algérie. On retiendra, notamment l’affaire de diffamation opposant l’ancien directeur de publication de Liberté, Abrous Outoudert, au président de l’APC de Batna, qui a été finalement mise en délibéré jusqu’au 31 mai prochain. Deux affaires opposant Salima Tlemçani, journaliste d’El Watan, au P-DG de la CA Bank et à la direction générale de la Sûreté nationale ont été par ailleurs renvoyées, respectivement au 31 mai et au 14 juin 2005. D’autres procès ont été également reportés à des dates ultérieurs, en particulier l’affaire opposant Le Soir d’Algérie (le journaliste Kamel Amarni et le directeur de publication) au président de la République et deux affaires opposant Liberté (le caricaturiste Ali Dilem) à la DGSN.
Il y a quelques jours, l’association des journalistes et correspondants de Khenchela a condamné les atteintes à la liberté de la presse, interpellant les autorités du pays et l’opinion publique sur les harcèlements subis et les menaces qui pèsent sur la corporation.

Hier, Nadir Benseba, coordinateur du bureau de la FIJ à Alger, a déploré la “régression des libertés à travers les emprisonnements de journalistes et les suspensions de titres”. “Seule l’action dirigée des champs de compréhension, au lieu des champs de bataille, peuvent régler cette situation conflictuelle”, a-t-il déclaré à Liberté, en plaidant pour la mise en place de “mécanismes de régulation de la profession” et la recherche d’“une formulation civilisée des textes” qui régiront les médias algériens. Les procès se poursuivent à ce jour. Presque tous les mardis, des journalistes et des éditeurs, accompagnés de leurs avocats, se présentent à la barre des tribunaux.

Par Hafida Ameyar, liberte-algerie.com