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Carence de la politque des transports en Algérie

mercredi 23 juin 2004, par Hassiba

La politique des transports en Algérie souffre d’une absence de cohérence entre les différents ministères en charge de la question.

Le ministère des Travaux publics a pour mission la réalisation des routes et leur entretien, celle des pistes et parkings avions ainsi que des ports. Le ministère des Transports réalise les aéroports et les voies ferrées et a la tutelle de la gestion des ports et aéroports. Le ministère en charge de l’Aménagement du territoire doit déterminer les éclairages de la politique globale d’occupation des espaces dans le cadre du développement durable. Aussi, le programme du gouvernement estime que l’urgence pour le secteur est de renforcer le tissu des infrastructures de base.

Les infrastructures routières

L’amélioration de la qualité du transport passe, selon les pouvoirs publics, par la réalisation du grand projet structurant qu’est l’autoroute Est-Ouest. Seulement, le gouvernement n’a pas inscrit cette importante infrastructure dans le budget de l’Etat ; il est à la recherche de financements étrangers dans le cadre de la concession. Plusieurs groupements d’entreprises ont montré leur intérêt pour la réalisation de l’autoroute mais la concrétisation semble buter sur les conditions et les tarifs qui seront proposés aux usagers futurs. De retard en négociations longues, le projet en est encore au stade du contournement des grandes villes sans réellement connaître les avancées qu’il nécessite vu son importance pour l’économie nationale et l’intégration maghrébine.Autre projet qui semble devoir rester longtemps dans les tiroirs des différents ministères, la rocade des Hauts Plateaux. Ce projet revêt une double importance. La première est de permettre une stabilisation des populations au niveau des Hauts Plateaux en raison de la plus grande facilité de déplacement accordée aux transports des personnes et des marchandises dans cette zone. La seconde est le dédoublement de l’autoroute Est-Ouest. D’autres projets sont à l’étude ou dans une phase de pré-réalisation. Il s’agit de la deuxième rocade d’Alger, du parachèvement de la route transsaharienne et son importance géostratégique, de l’aménagement des routes côtières et leur impact sur l’activité touristique, de la construction d’ouvrages de désengorgement des grandes villes (trémie, pénétrante ; NDLR).A cela, il convient d’ajouter un regain d’intérêt de la part des pouvoirs publics pour l’entretien des routes. Il s’agit pour le gouvernement de développer les moyens d’intervention « pour garantir la qualité des travaux. La réhabilitation des maisons cantonnières sera aussi poursuivie avec la formation des personnels qualifiés. Les collectivités locales se doteront également des moyens d’entretien des réseaux routiers locaux ».

Les infrastructures aéroportuaires

Le retard dans la réalisation de l’aérogare d’Alger et le gaspillage des deniers publics qu’il a induit poussent le gouvernement à plus de prudence dans le lancement de nouveaux projets. Ainsi, le programme du gouvernement prévoit de « parachever les chantiers en cours de construction de nouveaux aéroports ainsi que l’entretien et l’adaptation aux trafics du nombre important d’infrastructures aéroportuaires existantes, y compris en développant le recours au partenariat et en mettant, graduellement, à la charge des établissements et sociétés d’exploitation, l’entretien de celles-ci. Parmi les nouvelles réalisations, le nouvel aéroport de la capitale sera achevé dans les délais prévus. Une concession de gestion de cette infrastructure majeure sera conclue tout comme cette méthode sera graduellement promue pour les aéroports principaux du pays. En outre, les moyens de sécurité pour la circulation aérienne dans l’espace national feront l’objet de la poursuite de leur consolidation, de leur modernisation et de leur extension notamment dans le sud du pays ». Pour le gouvernement, les opérations majeures à faire progresser et à parachever sont « l’extension de capacités des aéroports d’Oran, de Annaba, de Sétif et de Bordj Badji Mokhtar ainsi que la réalisation des aérodromes de Chlef et d’El Bayadh, la délocalisation, hors champs pétroliers, de l’aéroport de Hassi Messaoud ».

Les infrastructures portuaires et ferroviaires

Entretien, extension et modernisation des ports sont les maîtres mots de la politique gouvernementale dans ce domaine. Le plan d’action pour le quinquennat en cours s’articule sur « la préservation du patrimoine existant notamment par les actions de dragage, de consolidation des ouvrages et de protection des rivages. Le lancement et l’achèvement de travaux d’aménagement de ports spécialisés dans les hydrocarbures, le commerce et la pêche. Le lancement d’un programme de création d’une capacité portuaire additionnelle, particulièrement des ports de commerce ». Ce programme inclut la mise en place d’un nouveau terminal à conteneurs pour le port d’Alger et des améliorations des infrastructures pour celui de Djen Djen. Pour le réseau ferroviaire national, la nécessité, de l’aveu même des gouvernants, « d’importants efforts d’extension, de modernisation et d’amélioration des équipements ainsi que pour l’amélioration de sa gestion » est cruciale. L’absence d’investissement important en a fait le parent pauvre du secteur des transports. Cependant, le gouvernement entend réaliser de nombreux projets. Parmi ces derniers, on peut noter la réalisation de la ligne Redjem Demouche-Mecheria ainsi que le prolongement de la rocade des Hauts Plateaux de Msila à Saïda via Aïn Oussera et Tiaret et la boucle sud de Hassi Messaoud à Djelfa via Touggourt et Djelfa. Ainsi, l’axe Relizane-Tiaret sera modernisé. La SNTF procédera aussi au doublement et à l’électrification de la voie entre Thenia et Tizi Ouzou ainsi que de la ligne Est-Ouest dans le nord du pays. Enfin, le gouvernement réalisera, graduellement, la séparation des fonctions de réalisation et de développement du réseau ferroviaire, tout en appuyant le recours à la concession et au partenariat étranger pour améliorer la gestion.En fait, la politique des transports en Algérie est ambitieuse mais elle est fortement dépendante des capacités budgétaires et de la maîtrise de la réalisation des projets. Faute de mieux, elle est depuis près de quinze années un vœu pieux.

Par Amine Echikr, La Tribune