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Bouteflika doute de sa réélection

dimanche 4 avril 2004, par Hassiba

À quelques encablures de la tenue de l’élection présidentielle du 8 avril, le candidat Abdelaziz Bouteflika commence à douter sérieusement de sa réélection. Lors d’un meeting électoral animé, hier, au stade Benabdelmalek de Constantine, le président-candidat s’est comme trahi, en lançant pathétiquement aux citoyens venus nombreux l’écouter : “beaucoup d’entre-vous pensent que je suis venu pour solliciter un soutien. Peut-être que c’est pour vous faire mes adieux”.

Claire comme l’eau de roche. Mais sa sortie, il la voulait honorable en se présentant comme quelqu’un ayant accompli son devoir et s’étant sacrifié, en assumant les charges présidentielles en 1999, pour le pays. “Je ne suis pas quelqu’un qui utilise du chantage. En 1999 l’Algérie, en guerre civile, avait besoin d’hommes. Avec la situation d’alors, l’appétit pour le pouvoir n’était pas grand. 5 cavaliers ont fléchi à la dernière heure en se retirant de la course pour la présidentielle. Tel un bouc émissaire, moi je me suis proposé au sacrifice. je l’ai fait pour l’Algérie”, a-t-il affirmé.

Comme pour se donner bonne conscience, il positivera au mieux son bilan. En égrenant, comme à l’accoutumée, ses réalisations : 1,2 million de postes d’emplois créés, 1 million de logements construits, 34 milliards de dollars de
réserves de change, etc. Tout comme il s’est attardé sur son thème de prédilection, la concorde civile qu’il faut élever, a-t-il indiqué, au rang de réconciliation nationale car, à ses yeux, en dehors d’elle, point d’autre remède. Avec cette précision que réconciliation ne veut pas dire retour aux années 1990. Sur ces entrefaites, il s’en est pris au terrorisme qui, a-t-il indiqué, n’a rien à voir avec le Djihad. “Je serai le dernier qui abattra le terrorisme.

Nous avons des relations avec les autres pays comme les USA pour lutter contre ce fléau avec toutes ses facettes”, a-t-il soutenu. Aussi, il a violemment critiqué les tenants de la transition en leur reprochant de “jouer avec les intérêts du pays”.

En outre, il a appelé les constantinois à voter massivement en leur disant : “Choisissez celui que vous voulez. Mais il faut aller voter, car le pays a besoin d’un président ayant le soutien du peuple. Un président non issu de la volonté populaire ne pourra faire que du bricolage”. Ayant définitivement désespéré du soutien de l’institution militaire, Bouteflika a indiqué ne demander que “le soutien du peuple algérien”. Il faut le reconnaître. “L’Armée a sauvé le pays.

Les services de sécurité sur lesquels beaucoup de choses ont été dites, ce sont eux qui ont sauvé vos biens et ceux de l’État. Les institutions constitutionnelles ont joué un rôle historique. Aujourd’hui, c’est le peuple qui doit jouer son rôle”.

Par ailleurs, tout en se défendant de verser dans l’insulte, le président-candidat s’en est violemment pris au propriétaire de News, Abdelmoumen Khalifa, qui a fait de sa chaîne une tribune pour ses concurrents. “Voilà quelqu’un qui a pris l’argent des algériens pour s’installer à Londres et déverser sur nous son venin”.

Le président-candidat a aussi critiqué aussi bien les islamistes, qui “ont apporté des idées étrangères à notre culture, à notre civilisation et notre religion”, que les laïcs, les démocrates. “je refuse catégoriquement à ce qu’on utilise des plumes venimeuses qui tuent quotidiennement”. Abordant la question identitaire, Bouteflika a paraphrasé Ibn Badis pour s’écrier à trois reprises : “Nous sommes des Amazighs arabisés par l’Islam”. Il a soutenu que “seul l’arabe est langue nationale et officielle. Pour ce qui reste, au peuple de décider”.

Notons enfin la présence à ce meeting du général à la retraite Mohamed Betchine, le bras droit de l’ex-président de la République Liamine Zeroual, et Mohamed Redha Benboualia, un entrepreneur jeté en prison par le même Betchine.

Arab Chih, Liberté