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Bouteflika : Des aveux tout crus
samedi 3 avril 2004, par
Jijel reste un des lieux les mieux indiqués pour parler de terrorisme. Bouteflika l’a fait en inventant une nouvelle histoire d’Algérie. Hier, à côté des terroristes qui ont tué, violé, égorgé, il raconte qu’en arrivant au pouvoir, il n’avait rien trouvé de pratique pour la concorde civile.
Les journalistes, les Jijeliens, les parents de terroristes qui leur ont rendu visite pendant la trêve avec l’ANP ont rêvé. Lui, Bouteflika a tout fait tout seul.
Le miracle ! Y-avait-il une trêve négociée entre l’AIS et l’ANP oui ou non ? Les patriotes et les GLD jijeliens avaient-ils réussi à contenir les groupes armés du FIS oui ou non ? Des femmes et des hommes avaient-ils résisté au prix de leurs vies, souvent, oui ou non ?. Vous connaissiez tous la réponse. Les chefs de l’AIS de Jijel n’ont eu qu’un seul mérite : c’est après avoir dominé la région pendant un moment, ils ont fini par admettre leur défaite et négocié avec l’ANP une trêve qui devait déboucher sur leur reddition. De façon générale, quand il est arrivé au pouvoir, Bouteflika avait trouvé des groupes islamistes armés déjà perdants. La détermination de Zeroual, de l’ANP, des patriotes et des GLD avaient fait perdre tout espoir de victoire militaire aux dirigeants des maquis intégristes. Pire, beaucoup de maquis devaient échapper à la folie sanguinaire du GIA qui ne les épargnait pas.
Pour faire bref, Bouteflika veut voler à l’ANP et à Zeroual, aux patriotes et aux GLD, leur victoire militaire sur l’intégrisme armé pour en faire sa gloire. Les victimes jugeront de voir honorés des tueurs par un président qui a détourné le sens de la loi sur la concorde civile. Dans le même meeting, il répète que la réconciliation nationale qui touche les terroristes de sa grâce et de beaucoup d’avantages ne concerne pas les journalistes qui le critiquent.
Il l’a déjà dit et il commence vraiment à se répéter. S’il croit faire peur aux journalistes qui le critiquent, il se trompe et lourdement. La peur est humaine et elle peut faire fléchir. Mais si nous avions peur de ses menaces et de ses appels au meurtre contre nos personnes, il y a longtemps qu’on aurait abandonné notre esprit critique pour faire dans la brosse.
Pour la presse comme pour les défis du XXIe siècle, il finit son mandat de la même façon. En 1999, il parlait de relever les défis scientifiques du XXIe siècle et de son admiration pour Jefferson, le champion de la liberté de la presse, qui disait : “Je préfère une mauvaise presse, mais libre à un bon gouvernement”. La science, il l’a oubliée dans les petites baraka des zaouïas et Jefferson dans l’insulte à la liberté de penser et de dire.
Mohamed Bouhamdi, Le Soir d’Algérie