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Après General Motors, Ford vaincu par la flambée du brut et les prix de l’acier

samedi 9 avril 2005, par Hassiba

Ford, le deuxième constructeur automobile des Etats-Unis, a avoué vendredi qu’il n’arrivera pas à engranger autant d’argent que prévu en 2005 à cause de la flambée des prix du brut et de l’acier, moins de trois semaines après un avertissement quasi identique du numéro un mondial, General Motors.

Le constructeur perd constamment des parts de marché aux Etats-Unis au profit des japonais en particulier et ses ventes en Amérique du nord ont baissé de 5,2% sur les trois premiers mois de l’année.

Ford a donc revu à la baisse ses prévisions de bénéfice pour l’ensemble de l’année. Le 16 mars déjà, le jour même du sévère avertissement de son rival General Motors, Ford avait indiqué qu’il ferait moins bien que ce qu’il espérait. Les coupables sont tout désignés. "Des prix historiquement élevés de l’acier et du pétrole, la hausse des coûts d’assurance maladie et la faiblesse du dollar", ont représenté "d’extraordinaires défis depuis le début de 2005", souligne le directeur financier de Ford Don Leclair.

"L’analyse des tendances les plus récentes du marché qui comprend en particulier des prix plus élevés de l’essence et ce pour longtemps, ainsi que la guerre des prix pratiquée par des concurrents, nous ont conduit à conclure que d’autres défis nous attendaient", ajoute t-il. Aussi le bénéfice par action ne devrait-il atteindre que 1,25 à 1,50 dollar, là où à la mi-mars Ford espérait encore engranger au moins 1,75 dollar.

Et encore ces montants ne tiennent pas compte d’éléments exceptionnels comme par exemple le coût de la restructuration de ses marques plus prestigieuses (Land Rover, Jaguar, Volvo et Aston Martin). Bill Ford, le PDG appelé à la rescousse en 2001 pour redresser la barre, a donc dû avaler sa promesse de réaliser un bénéfice avant impôts de 7 milliards de dollars en 2006. Il n’a pas exclu des mesures de réduction des coûts mais a promis des détails fin avril. Seule bonne nouvelle Ford fera un peu mieux que prévu au 1er trimestre.

Le 16 mars, General Motors avait déjà secoué tout le secteur en affirmant que son bénéfice sera réduit à la portion congrue (1 à 2 dollars par action en 2005) et qu’il fera une perte au 1er trimestre. Comme son rival, GM souffre d’une guerre des prix effrénée aux Etats-Unis, qu’il a lui-même lancée, et plus encore du poids des retraites maison qui s’alourdit d’année en année ainsi que de l’explosion des coûts de santé.

Le fait que les deux groupes n’arrivent pas à produire de modèles enthousiasmants, joue également en leur défaveur.

Ainsi Chrysler se redresse grâce a un coup de maître : la 300, une berline aux lignes agressives. Quant à Toyota, il séduit de plus en plus de clients soucieux d’économies d’énergie notamment avec sa Prius, à motorisation mixte essence-électrique.

La faiblesse de Ford et GM devient désormais inquiétante, même si aucun des deux n’est au bord du gouffre. "Bien que Ford devrait afficher une trésorerie solide, cela n’est pas suffisant pour compenser les inquiétudes croissantes sur sa position par rapport à la concurrence et les perspectives de ses activités", souligne Scott Sprinzen, analyste de l’agence Standard and Poor’s.

Quant à GM, la situation est pire, selon Rod Lache, analyste de Deutsche Bank. "Considérant que la situation devrait se détériorer en terme de part de marché aux Etats-Unis, que les bénéfices vont baisser brutalement en raison d’une gamme inadaptée et que les sur les coûts fixes seront insuffisant à long terme nous pensons que la baisse de la rentabilité de GM devrait inquiéter actionnaires et détenteur d’obligations", a-t-il souligné vendredi, en même temps qu’il recommandait de vendre l’action.

Source : AFP