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Après Brahim Izri, Saddek Aïssat

samedi 8 janvier 2005, par Hassiba

A deux jours d’intervalle, deux artistes engagés pour une Algérie accueillante, tolérante se sont éteints en terre d’exil, l’un à la suite d’un cancer du colon, l’autre d’un arrêt cardiaque.

Brahim Izri et Saddek Aïssat avaient, l’un et l’autre, la cinquantaine à peine entamée. Brahim Izri, décédé le lundi 3 janvier 2005 en début de soirée à l’hôpital Hôtel-Dieu de Paris après une hospitalisation de plusieurs mois, sera inhumé aujourd’hui vers 13 h dans son village natal Ath Lahcène, commune d’Ath Yenni, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Un hommage lui a été rendu mardi après-midi à l’hôpital Hôtel-Dieu et une veillée funèbre a été tenue mercredi à Paris. La levée du corps a eu lieu jeudi à 10 h à l’hôtel Dieu. Il avait 50 ans.

Chanteur kabyle engagé, Brahim Izri a été de tous les combats : pour l’identité amazighe, pour l’abrogation du code de la famille et l’égalité des droits des femmes, pour la liberté d’expression et de la presse. Malade, il était tout de même présent au rassemblement le 5 juillet 2004 pour la libération de Hafnaoui Ghoul et Mohamed Benchicou place de l’Hôtel de Ville à Paris. Il faisait partie du groupe d’artistes qui, sur initiative de Baâziz, a chanté Algérie mon amour aux côtés de Jimmy Ouahid, Souad Massi, cheikh Sidi Bémol, Beihidja Rahal, Djamal Allam, Hasna El Becharia... Ses compositions étaient un alliage de tradition musicale qu’il avait héritée de la zaouïa qu’animait son grand-père, cheikh Belkacem, et de modernité. Il avait chanté avec Maxime Leforestier Tizi Ouzou une adaptation en kabyle de la Maison bleue de l’artiste français.

Abderrahmane dit Saddek Aïssat
Saddek Aïssat était un homme aux nombreux talents : comédien (à 20 ans, il était un des principaux animateurs de la troupe du théâtre de la rue d’El Harrach), musicien, poète, écrivain. Il est mort aux premières heures de la journée de jeudi (3 h) d’un arrêt du cœur. Il revenait d’un séjour à Alger, ramenant avec lui de nombreux projets. Saddek Aïssat était aussi un progressiste de première heure, il était, dans les années 1970, secrétaire général de l’Union de wilaya d’Alger de l’UNJA, jusqu’au jour où, victime de l’article 120, il s’est retrouvé sans mandat et sans local. Il était membre du PAGS, et à ce titre, il avait connu pendant des années la clandestinité, menacé de mort par le terrorisme islamiste, il a été contraint de s’exiler avec sa famille à Paris. Jouraliste, Saddek Aïssat avait exercé dans les années 1980 à Algérie Actualité. Ces dernières années, il tenait au Matin, jusqu’à l’arrêt du journal, une chronique hebdomadaire « Café mort ». Il souhaitait collaborer dans un journal arabophone, un des titres qu’il avait retenus pour sa chronique était « Daim ellah ».

Ecrivain, Saddek Aïssat a publié L’Année des chiens (roman, édition Anne Carrière, 1996), Algérie, une guerre à la société (essai, avec J. Dinet et Paul Euzière, édition sociale, 1996). La Cité du précipice (roman, éditions Anne Carrière, 1998) et Je fais comme fait dans la mer le nageur (roman, éditions Barzakh, 2002). Fin connaisseur de Hadj M’hamed El Anka, il avait formulé le vœu de lui consacrer un livre. « J’écrirai le plus beau livre qui ait jamais été écrit sur El Anka », avait-il dit, de retour d’Alger, à Akila, sa femme, et de lui recommander d’accompagner sa dépouille, le jour de sa mort, par une qacida du maître du chaâbi. Le désir de Saddek a été exaucé, ainsi en a-t-il été vendredi matin, au moment de la levée du corps au funérarium des Batignolles (Paris) en présence de très nombreux amis - la maison des Aïssat n’a du reste pas désempli, dès que la nouvelle du décès de Saddek s’est ébruitée ; le défunt était très apprécié, voire jouissait d’une grande estime de la part de ceux qui l’avaient approché - pour être acheminée vers l’aéroport d’Orly. Saddek Aïssat sera enterré demain au cimetière de Sidi Aïssa à Réghaïa. Il laisse une veuve, Akila, et deux filles : Nadia et Neïla. L’arrivée de la dépouille mortelle est prévue aujourd’hui à 17 h 45 à l’aéroport d’Alger Houari Boumediène. Une veillée funèbre aura lieu ce soir au domicile familial à Réghaïa, cité El Ouancharis, bat. D3, Réghaïa.

Faire-part
Akila, Nadia et Neïla Aïssat, leurs famille et amis font part du décès de Saddek Aïssat, survenu dans la nuit de mercredi à jeudi d’un arrêt cardiaque. L’arrivée de la dépouille à l’aéroport d’Alger Houari Boumediène, par le vol d’Aigle Azur, est prévue aujourd’hui à 17 h 45. Une veillée mortuaire aura lieu au domicile familial, cité El Ouancharis, bat. D3, Réghaïa. L’enterrement se fera dimanche au cimetière Sidi Aïssa de Réghaïa.

Par Nadjia Bouzeghrane, El Watan