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André Martinez expose les ambitions d’Accor en Algérie

samedi 16 avril 2005, par Stanislas

Membre du directoire d’Accor, en charge de l’hôtellerie Europe, Moyen-Orient, Afrique, André Martinez confirme l’intérêt du groupe français Accor concernant la construction d’autres hôtels en Algérie. Présent sous les marques Sofitel et Mercure, il veut lancer l’enseigne Ibis (hôtellerie économique).

Quels sont les objectifs de votre visite en Algérie ?

Le but de ma visite est de faire le point sur l’implantation des hôtels Accor

Accor veut se renforcer en Algérie.

en Algérie et de voir quels sont les potentiels de développement supplémentaire qu’il y a dans ce pays d’abord à Alger et de faire un point avec les équipes des deux hôtels (Sofitel et Mercure) et participer à la signature de la convention collective qui marque, 13 ans après notre arrivée à Alger, l’aboutissement de relations sociales sereines et équilibrées avec l’UGTA pour nos 870 employés. C’est très important pour nous, c’est une première pour une entreprise privée et c’est une évolution importante qui nous donne confiance dans la capacité à mobiliser, à former et à dialoguer avec nos collaborateurs algériens qui sont, comme je le dis souvent dans le métier de l’hôtellerie, nos premiers clients puisque c’est eux qu’on doit motiver et former pour que le client consommateur soit satisfait.

Comment vous appréciez l’expérience de la chaîne Accor en Algérie ?

C’est une histoire particulière dans laquelle Philippe Terryn, directeur général Algérie et Espagne, a un rôle fort avec M. Senni qui représente la société d’Etat, propriétaire de Sofitel et du Mercure, c’est une relation qui s’est construite au-delà des contrats et des métiers, qui a su surmonter les difficultés du temps que le pays a pu traverser et les catastrophes qu’on a connues et qui est devenu au fil des années une relation de cœur extrêmement forte qui fait que pour moi, la signature de la convention collective est le révélateur de la qualité de la relation qu’il y a entre les trois partenaires : la compagnie propriétaire que représente M. Senni, nos collaborateurs représentés par le syndicat UGTA et le groupe Accor, ses directeurs J. P. Bonnet du Sofitel, François Sauvageot et H. Barré du Mercure. Notre engagement à surmonter toutes les difficultés - il y en a eu pourtant de grandes - pour devenir en fait une relation de cœur et de confiance et qui nous donne envie d’aller plus loin dans le développement du tourisme et de l’hôtellerie en Algérie.

Concrètement, vous êtes satisfaits des chiffres et du volet commercial ?

Oui et ils sont en progrès. Ce qui me frappe aussi par rapport aux hôtels que je visite à travers le monde, c’est la qualité de l’un des produits techniques, la décoration, l’offre de service, la qualité des équipes, leur motivation, l’envie de bien faire, de bien travailler, le sourire des collaborateurs, j’ai visité d’autres hôtels en ville, il y a une vraie ambiance, on peut tout copier sauf l’état d’esprit d’une équipe et ça, je pense que ce sont des atouts que nos directeurs ont su largement développer.

Concernant les projets en cours, on croit savoir qu’Accor ne compte pas en rester là et qu’elle est très intéressée par le marché algérien. Quelles sont les actions envisagées ?

On va accélérer notre développement en Algérie. Nous avons signé un protocole d’accord au début de année 2005 avec le groupe Mehri pour le développement de la chaîne des hôtels Ibis à Alger et dans les principales régions du pays. Nous sommes sur la bonne voie, nous avons déjà identifié 6 projets, dont un site ici à Alger, et nous espérons remettre le premier à côté de l’hôtel Mercure Aéroport, un hôtel de 264 chambres d’ici à la fin de l’année.

Etes-vous intéressés par les hôtels Albert Ie et Es Safir (ex-Aletti) ?

Il y a un travail de très grande confiance avec le groupe de M. Senni, on discute de tout mais pour le moment, rien n’est fait dans ce domaine. On a des échanges libres et de confiance. On a, en même temps, un souci de rénovation de nos établissements actuels les résultats commerciaux étant bons, du Sofitel particulièrement dans lequel de nouvelles chambres seront installées à partir de cet été, une rénovation du Sofitel puis du Mercure pour nous permettre de mieux positionner nos hôtels, il y a ainsi de nouveaux hôtels en projet et une amélioration permanente des produits sachant que la qualité du service est là et que les équipes sont bien formées, il y a des échanges importants entre les deux établissements avec la France, de la mobilité et de la formation avec sur les 870 employés, 99,5% d’employés et de collaborateurs algériens qui ont des possibilités d’essaimer et de faire une carrière internationale pour ceux qui le souhaitent et de progresser et escalader l’échelle sociale et professionnelle. Le Sofitel a servi d’école de formation aux jeunes cadres et à ceux qui sont aujourd’hui responsables à l’hôtel Mercure.

Votre développement doit suivre aussi le développement du tourisme en Algérie, un secteur qui semble sur la rampe de lancement et qui est l’une des priorités du gouvernement.

C’est à plus long terme, on s’adresse d’abord à un tourisme d’affaires international ou national, on a l’intention, avec la croissance économique du pays, d’accompagner dans des villes autres qu’Alger (Constantine, Oran) le développement des affaires pour les Algériens avec notamment un réseau de la marque Ibis en développement de tourisme international, il y a une réflexion à voir, mais c’est à mon avis l’étape d’après, il faut probablement l’envisager à plus long terme et il faut que l’Algérie, de son côté, se construise une image de destination touristique, ce qui n’est pas encore le cas alors qu’elle dispose de toutes les ressources touristiques, culturelles, architecturales, de cuisine, du sens de l’accueil. Cette image est à construire, les éléments sont là il faut maintenant la construire et la faire partager, notamment sur les marchés européens.

Quels sont vos rapports avec les autorités algériennes ?

Il sont excellents, ce sont des rapports de confiance et la volonté de poursuivre et d’accélérer notre développement en Algérie le démontre.

Avec l’ouverture économique et l’installation d’autres marques, ne redoutez-vous pas la concurrence ?

La concurrence est excellente. Elle stimule et évite de s’endormir sur ses lauriers donc, il faut qu’il y ait de la concurrence qui soit une concurrence de chaînes internationales ou celle de l’hôtellerie privée et familiale dans laquelle le service et la motivation des employés avec une forme différente de groupes comme les nôtres, on peut stimuler et donner au client toute l’offre dont il a besoin. Nous, on est heureux quand on voit dans une destination des groupes hôteliers internationaux ou locaux se développer et compléter l’offre hôtelière à condition que cela se fasse toujours avec un respect de la qualité du produit et la meilleure formation et motivation des équipes, ce sont des éléments constitutifs de l’image globale d’une destination et Alger en a besoin.

C’est la première fois que vous venez en Algérie, quelles sont vos impressions même s’il s’agit d’une visite éclair ?

Je trouve une ville en plein mouvement et en pleine évolution. Je suis méditerranéen donc je me retrouve un peu chez moi, je retrouve des racines avec des paysages, des senteurs et des bruits que je connais. C’est une ville en pleine construction. Je suis sûr que c’est le bon moment pour nous pour renforcer notre présence à Alger en particulier, mais dans d’autres grandes métropoles aussi.

Comment vous vous situez dans le bassin méditerranéen et dans l’espace maghrébin ?

On est un groupe hôtelier français d’origine, on a un tropisme et une attraction forte pour les deux côtés de la Méditerranée. Deuxièmement, on a la chance de voir dans notre offre hôtelière la totalité de la gamme : de l’économique en commençant ici par Ibis, en Europe avec Formule 1 et Etape Hotel et en allant jusqu’à Sofitel (hôtellerie de luxe). On a adapté nos produits au fait que le client a changé, aujourd’hui, il ne se déplace pas, ne veut pas dormir dans un hôtel comme si c’était un bureau, donc il attend une offre plus conviviale. Nos clients n’agissent plus comme par le passé. Ils ne sont plus de simples dormeurs, mais des voyageurs, des consommateurs de plus en plus avertis, exigeants, sensibles, désireux de reconnaissance et de considération. On peut assimiler ces évolutions comportementales au passage d’une économie de besoin à la recherche du bien-être et de la satisfaction des envies personnelles. Ici à l’hôtel Mercure, vous avez un superbe jardin avec un centre de fitness de remise en forme qui fait qu’on est bien à l’hôtel, on n’y vient pas simplement pour dormir : on voyage. On a une présence historique forte sur les rives septentrionales de la Méditerranée, on va se renforcer dans les rives méridionales, en particulier en Algérie.

La conjoncture internationale a quelque peu déteint sur le développement du tourisme. Le terrorisme a freiné un peu sa croissance. Est-ce que le groupe Accor en a souffert ?

Non, je pense que tout le monde est exposé. On est solidaire de ce genre de situation, nous avons confirmé notre confiance dans l’avenir malgré des passages difficiles et on est très heureux d’être restés toujours ici.

Le tourisme est basé sur l’image. Peut-on savoir quel rôle peut jouer la communication dans ce domaine ?

Je pense que c’est important. C’est d’autant plus important pour la clientèle de tourisme de loisir où il faut qu’une destination se construise : l’existence d’éléments comme l’histoire, l’archéologie, les sites (paysages et la nature), la culture (musique, cuisine, l’artisanat) et tout ce qui donne envie de visiter et de rencontrer les gens doit, dans certains cas, être mieux mis en valeur. S’il y avait un effort à faire en Algérie, c’est à mon sens celui-là, toutes les ressources sont disponibles quand sera prête l’étape du développement du tourisme du loisir, il faudra accentuer l’effort de communication sur toutes les richesse de l’Algérie.

Par Kamel Benelkadi, elwatan.com